Budget français – Pierre Moscovici vs. la France ?

La commission européenne voudrait que la France fasse davantage d‘économies. Au commissaire désigné Pierre Moscovici de discipliner la France.

Un commissaire français européen ou un commissaire européen français ? Foto: Thomas Bresson / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – La nomination de Pierre Moscovici comme commissaire pour l‘économie européenne, c‘est un peu comme si on nommait un renard à la garde du poulalier. Avant même le vote du Parlement Européen concernant l‘instauration de la commission présentée par Jean-Claude Juncker, le commissaire désigné français se retrouve déjà dans un conflit d‘intérêt. Cela promet.

Pour rappel – les critères de stabilité européens prévoient un déficit budgétaire maximal de 3% du PIB par an – la France, un peu comme d‘habitude, dépassera ce seuil de 1,3% en 2015. Sachant que ces prévisions se basent sur des espoirs parfois irréalistes – les vrais chiffres pourraient encore être pires. Dans ces cas, la commission européenne déclenche normalement une procédure visant à prononcer des pénalités contre les pays qui ne se conforment pas aux règles définies en commun. Mais est-ce que Pierre Moscovici désavouera publiquement ses collègues du gouvernement Valls/Hollande ?

La France risque d‘être le premier pays dont le budget sera amendé par la commission européenne. En effet, pour éviter que des évolutions comme en Grèce se répètent, la commission avait introduit une nouvelle règle – celle qui lui permet d‘intervenir directement sur les budgets nationaux qui lui sont soumis. Et ce serait à Pierre Moscovici de corriger publiquement la politique du gouvernement dont il faisait partie il y a peu de temps. Est-ce que ce sera donc un socialiste qui enfoncera le clou pour l‘avenir du PS ?

Si jamais Moscovici allait tenter d‘imposer une exception pour la France (et pour l‘Italie qui se trouve dans la même situation que la France), cela reviendrait à l‘enterrement de la politique de prévention européenne, ouvrant ainsi la porte à l‘abolition des critères de stabilité. A terme, cela pourrait ébranler la stabilité de l‘économie européenne, car plus aucun pays ne verrait alors la nécessité de se conformer à des règles dont la violation serait quasiment autorisée.

Si le Parlement Européen devait finir par voter pour cette nouvelle commission, malgré un nombre important d‘erreurs de casting grave, Pierre Moscovici se retrouve dans une situation compliquée. Est-ce qu‘il imposera au gouvernement français une politique qui irait à l‘encontre de la politique que veut mener Manuel Valls ? Ou est-ce qu‘il se fera fort pour une exception française à Bruxelles ? Se comporta-t-il comme un commissaire européen qui par hasard, est de nationalité française ou est-ce qu‘il se comportera comme un commissaire français qui par hasard, est européen ?

En fin de compte, le problème se situera plus au niveau du gouvernement français – qui prend la fâcheuse habitude de ne rien faire et de ne rien réussir, mais qui reporte toutes les actions importantes à l‘année 2017, année des prochaines élections présidentielles en France. Dans l‘espoir que pendant la campagne, les électeurs ne se souviennent plus des promesses faites ? En 2017, comme l‘a annoncé Manuel Valls, la France veut présenter un budget qui correspond aux normes européennes. En 2017. L‘année qui devrait être celle de la fermeture de la centrale de Fessenheim. Et quelque chose nous dit qu‘en 2017, la France ne présentera pas de budget conforme et la centrale de Fessenheim restera en exploitation. Après, le PS ne devrait pas s‘étonner du résultat qu‘il obtiendra aux élections. Il l’aura mérité.

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