« Burn-Out » : les perfectionnistes sont particulièrement menacés

Rencontre avec l’éditeur et expert François Michalon sur une maladie qui nous occupera de plus en plus – le « burn-out » n’est pas une fatalité, mais une pathologie de la « société du paraître ».

François Michalon veut renforcer la prévention du "Burn-out". Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – Le livre « Burn-Out – Le vrai du faux ! » de François Michalon, le Dr Alain Delabos et le Dr Ali Afdjei compte parmi les livres dont on parle actuellement. Car le sujet, le « Burn-Out », est un phénomène que l’on risque de rencontrer de plus en plus. Cette pathologie, toujours pas reconnue comme « maladie », est encore mal connue. Mais, comme estime François Michalon, la prévention et le traitement sont tout à fait possibles. A condition de se rendre compte de l’impact de cette pathologie sur le monde économique et la vie de nous tous.

François Michalon, votre livre s’intitule « Burn-Out – le vrai du faux » – c’est quoi, un « faux burn-out » ?

François Michalon : Bonne question. Nous distinguons entre stress, anxiété, surmenage et le « burn-out » et pour le dire tout de suite, le surmenage n’est pas forcément un « burn-out ». Ce terme est un terme un peu à la mode et quelqu’un qui est en surmenage, n’est pas nécessairement aux bords du « burn-out ».

Nous vivons dans un monde en feu, tout va trop vite, il y a une perte de repères, ce qui peut engendrer une perte de l’orientation, mais cela n’est pas encore pathologique. Les plus menacés sont les perfectionnistes, qui veulent toujours tout faire mieux et faire plus. Leur environnement professionnel profite de cette attitude et ne fera donc rien pour les stopper, souvent, la famille ne peut pas représenter le contrepoids nécessaire, et la personne concernée entre dans une spirale négative…

Et qu’est-ce qu’il est donc le « vrai Burn-Out » ?

FM : Prenez la traduction du terme – « brûler de l’intérieur ». Les personnes atteintes du « Burn-Out » présentent des symptômes différents – ils peuvent changer de caractère, ils peuvent devenir aigris, renfermés, il y en a qui n’arrivent plus à se lever et à affronter la vie et ces symptômes ont tendance à se présenter soudainement, un peu comme un moteur d’une voiture qui explose.

Pour qu’un moteur explose, il faut d’abord qu’il y ait eu négligence. Qu’on a oublié de mettre de l’huile ou qu’on n’a pas respecté les intervalles de maintenance. Quels sont les « négligences » qui mènent au « Burn-Out » ?

FM : Le « Burn-Out », c’est un excès de pression que l’on n’arrive pas à gérer, dans la plupart des cas parce que l’environnement de la personne concernée ne réagit pas. L’une des difficultés, c’est que les gens sur la voie du « Burn-Out » développent une capacité énorme de faire plus et dans une telle situation, l’employer ne fera rien pour stopper son employé qui fait des heures supplémentaires. L’épuisement mental et physique est pourtant progressif, il s’agit d’une évolution. Tenez, après l’attentat du mois de janvier 2015, tout le monde affichait « Je suis Charlie ». Après l’attentat de Nice, on pouvait voir circuler des logos disant « Je suis épuisé » – cela traduit cette évolution vers une limite de ce qu’on peut gérer.

Et où se situe la frontière entre un surmenage que l’on peut « soigner » par un week-end dans la nature et le « Burn-Out » pathologique ?

FM : Tant qu’il y a une prise de conscience qu’il y a quelque chose que l’on n’arrive plus à gérer, les choses peuvent se rattraper. Quand on s’y perd et surtout, lorsque l’entourage professionnel et familial ne peut pas aider, la situation devient pathologique. Souvent, les patients se donnent beaucoup de mal pour dissimuler leur situation, se réfugient dans l’alcool, la drogue, les excès. Dans une « société du paraître », le « Burn-Out » est un excès de l’avoir au détriment de l’être.

Est-ce que le corps médical est suffisamment formé pour détecter cette pathologie encore mal connue ?

FM : Pas vraiment. Si vous vous présentez chez un généraliste avec de tels symptômes, il risque fort de vous prescrire des antidépresseurs, ce qui serait une démarche « classique » dans une situation où les docteurs n’ont plus assez de temps de vraiment dialoguer avec leurs patients. Mais cette thérapie n’avance le patient en rien – au contraire, le patient y perd aussi sa considération de sa propre personne en se sentant comme « un cas ».

Donc, la solution se trouverait plus au niveau de l’entourage qu’au niveau de l’individu ?

FM : La prévention peut jouer un rôle énorme et il y a des techniques. Notre équipe travaille dans la prévention dans les entreprises et nous essayons aussi de sensibiliser le public à être attentif aux voyants qui s’allument.

Quand on lit vos publications qui traitent d’une pathologie grave, on constate que vous le faites dans la bonne humeur…

FM : Beaucoup se joue au niveau de l’attitude. Je me réjouis tous les matins en me levant d’être là, je prends conscience de ma force et pour maintenir cette énergie, j’évite par exemple, les gens négatifs qui ne vous élèvent pas, j’essaye de faire ce que je fais dans la joie et de rester conscient de la chance que j’ai de pouvoir vivre cette vie.

Et votre message à ceux qui se sentent menacés par un « Burn-Out » ?

FM : On peut y arriver ! C’est aussi simple que ça – on peut y arriver.

Vous trouverez de plus amples informations concernant le « Burn-Out », sa prévention et les stratégies de s’en sortir dans le livre « Burn-out, le vrai du faux ! » de Dr Ali Afdjei, Dr Alain Delabos et François Michalon, Editions Fortuna,120 pages, ISBN : 978-2-930678-32-0

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