Ca y est : Le «Campus Européen» de Strasbourg va être mis en place !

Les universités du Rhin Supérieur font un grand pas européen - en créant le «Campus Européen», elles font avancer la formation européenne. Excellent, par les temps qui courent…

L'Université de Strasbourg joue un rôle particulier dans la mise en oeuvre du "Campus Européen". Foto: Christoph Radtke / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Par Alain Howiller) – Depuis un peu plus d’un an, on en parlait, mais le dossier semblait ne pas vouloir avancer et puis il y a eu, le 7 Juillet, cette conférence ministérielle franco-allemande à Metz. Convoquée par Harlem Désir, le secrétaire d’Etat français aux Affaires Européennes et son homologue allemand Michael Roth, Ministre Adjoint des Affaires Européennes, la conférence sortait d’une routine redoutée en relançant l’idée d’un «campus européen à Strasbourg». Pourtant, la présence à Metz d’Alain Beretz, le Président de l’Université strasbourgeoise et celle de Hans-Jochen Schiewer, Recteur de l’Université de Fribourg et Président d‘EUCOR, la «Confédération Européenne des Universités du Rhin Supérieur»(1) aurait du alerter sur l’intérêt d’une rencontre qui allait concerner l’Université et l’Espace Rhénan.

Et de fait après la réaffirmation de l’importance de la coopération universitaire transfrontalière franco-allemande, la déclaration finale publiée à l’issue ce mini-sommet de Metz, souligne l’importance du projet de «campus européen» entre les universités de Fribourg, Strasbourg, Karlsruhe, Mulhouse et Bâle auquel les gouvernements français et allemand apportent leur soutien. L’idée avait été, dès l’origine, soutenue par les Universités de Fribourg et de Strasbourg, véritables moteurs du projet.

Avant la fin de ce mois ? – Ce campus dont, à vrai dire, l’idée revient à Alain Beretz qui en avait testé les éléments tant à travers l’EUCOR, l’Université franco-allemande(2) qu’à travers le «pilier sciences de la Région Métropolitaine Trinationale -RMT/TMR»(3), avait fait l’objet d’une annonce par François Hollande lors de sa visite à l’Université de Strasbourg, en Janvier 2014 qui évoqua, à ce propos, «une hypothèse» qui sera, finalement, acceptée le 19 février 2014 par le Conseil des Ministres franco-allemand réuni à Paris. A Metz, un pas décisif sera fait avec l’annonce, au sein d’EUCOR, de la création, le «plus rapidement possible», d’un «groupement européen de coopération territoriale (GECT)» (structure du type «Eurodistrict Strasbourg-Ortenau») : la demande de création de cette structure sera faite par les présidents des universités concernés dans les semaines qui viennent. Le communiqué final évoque même l’idée que la demande serait présentée avant la fin de ce mois de Juillet aux autorités compétentes française, allemandes et suisses !

Hans-Jochen Schiewer s’en félicite en déclarant : «…[Cette décision]… souligne l’importance de notre projet commun pour l’avenir de l’espace science du Rhin Supérieur et nous conforte dans l’objectif de faire de notre région un cluster de recherche d’une signification globale et d’un rayonnement international !»

11.000 chercheurs, 100.000 étudiants ! – Elle s’inscrit dans la volonté d’Eucor de développer une stratégie commune de recherche, de formation et d’échanges (y compris entre professeurs et étudiants) dans un espace du Rhin Supérieur qui compte, à travers ses cinq universités, ses plus de 130 institutions scientifiques, ses 11.000 scientifiques et ses 100.000 étudiants !

Dès le lancement du projet (pour lequel 715.000 euros sur 3 ans avaient été dégagés au titre de son élaboration), le recteur de l’Université de Fribourg avait défini ses ambitions : permettre une mise en commun du personnel de recherche, d’enseignement et de gestion, développer des accords pour acquérir, développer et exploiter de nouveaux potentiels, associer les universités, tout en préservant leur autonomie, en créant face aux organismes financeurs un interlocuteur unique en France, en Allemagne et en Suisse ainsi qu’au niveau de l’Union Européenne. Et d’évoquer aussi, la création, à long terme, d’une infrastructure commune de recherches à grande échelle sur le Rhin Supérieur !

Dépasser, enfin, les handicaps transfrontaliers ! – Alain Beretz évoquait récemment («grand entretien de Rue89/Strasbourg) : «C’est un projet politique. iI part du constat que dans la Vallée du Rhin Supérieur, Strasbourg et Fribourg sont à une heure de route. On pourrait s’imaginer être dans la même agglomération universitaire. C’est la même chose avec Bâle, Mulhouse ou Fribourg. Cette proximité, qui donne une densité d’étudiants, de cerveaux de chercheurs et d’entreprises, est handicapante, car il y a des règlementations différentes sur les trois pays. L’objectif, c’est de pouvoir se présenter sous une même entité : l’Université du Rhin Supérieur. Il nous faut un nouvel outil administratif…»

Rappelant que les études pour le campus vont être bouclées, Alain Beretz ajoute : «Dans quelques situations, si des formations, comme par exemple des langues rares, sont en situation critique, un rapprochement peut être l’occasion de les sauver voire de les redynamiser. Il y a des choses déjà en place et pas seulement dans les matières en difficulté. Je pense à l’école doctorale partagée en physique avec Fribourg sur la matière molle, qui vient d’être renouvelée….»

Une «entité», pas un nouvel établissement ! – Et le Président de l’Université de Strasbourg de poursuivre : «On crée une entité, mais pas un nouvel établissement. Le but est de combiner nos efforts, peut être de coûter moins cher et demander (avec plus d’efficacité) des fonds européens sur ce projet. L’Université a toujours été européenne. Tous les savants de la Réforme passaient par le Rhin Supérieur. Les Universités peuvent mieux construire l’Europe que n’importe qui. Erasmus a sûrement fait plus pour l’Europe que toutes les politiques communautaires de compensation agricoles. Si on a une ambition politique pour l’Europe, elle doit passer par l’Université !»

Preuve à de cette approche «universitaire» de l’Europe : le succès rencontré par les travaux du pilier «science» et à travers le financement de projets-phares transfrontaliers, présentés dans le cadre de « l’offensive sciences (O.S.)» qui, depuis 2011, est une composante de la «Région Metropolitaine dite RMPT-TMR».

La projection du «campus européen» dans un «groupement européen de coopération territoriale» permettra de structurer le projet.

Ce qu’appportera le «groupement de coopération territoriale» – Le «groupement européen de coopération territoriale» permettra de préciser les contours et les contenus du «campus» : il définira sa (ses) mission(s), ses structures, ses statuts, ses modalités de prises de décision et d’intervention, son budget, son directeur, son personnel, l’assemblée des membres. Le but final du campus, au delà des échanges d’hommes et d’idées, de formations et de diplômes en commun, de collaborations sur des projets développés ensemble, sera de créer un véritable centre commun de recherche fondamentale au cœur de cette vallée de la science et de la connaissance qui s’appelle Rhin Supérieur.

Comme le rappellent les collaborateurs de Joem Pütz, le Vice-Président de l’Université de Strasbourg (Unistra), délégué aux relations franco-allemandes, ses atouts majeurs sont la densité des talents, le nombre d’étudiants et de chercheurs, la déjà forte synergie «université-entreprises de hautes technologies». Une constellation académique comparables aux grandes métropoles universitaires américaines telle qu’elle existe dans la région de Boston, ville jumelée depuis… 1960 avec Strasbourg, grâce à l’intercession de Charles Munch, le Sttrasbourgeois : le chef du prestigieux «Boston Symphony Orchestra» !

(1) EUCOR ou «Confédération Européenne des Universités du Rhin Supérieur», créée en 1989 en vue de promouvoir la coopération dans le Rhin Supérieur dans les domaines de la formation, de la recherche, de l’adminstration, de la cuture et du… Sport ! C’est aussi un espace d’échange qui permet aux étudiants de poursuivre leurs études, leurs recherches, de valider leur diplômes dans une université du groupe. Les étudiants peuvent aussi bénéficier des services offerts dans l’une des 5 universités-membres (restauration, hébergement ,transports, bourses de mobilité, bibliothèques). Les échanges de professeurs -comme celle d’étudiants- sont devenus courants. L’appui d’Eucor a été déterminant pour le lancement du «Campus Européen».

(2) L’Université franco-allemande (Deutsch-Französische Hochschule) a été, elle, créée par un accord gouvernemental signé le 19 Septembre 1997 à Weimar. Son siège a été établi à Sarrebruck. Elle regroupe 180 établissements supérieurs des deux pays signataires, accueillant quelque 5.000 étudiants, toutes filières confondues. Elle propose des études bi-nationales, des diplômes communs et soutient la recherche.

(3) La «RMT-TMR» est une émanation du Conseil Rhénan (voir eurojournalist.eu du 17 Juin) contre-poids politique créé par les élus du Rhin Supérieur face à la «Conférence du Rhin Supérieur» qui, définie par un traité d’etat, réunit les représentants des états (Allemagne, France, Suisse). Elle a créé en son sein plusieurs «sections» baptisées «piliers» (Säulen – pilier politique, économique, scientifique/recherche, société civile) mettant en œuvre une «coopération transfrontalière interrégionale». Il existe un «pilier Science et Recherche» regroupant l’ensemble des responsables d’universités, de 167 instituts de recherches, des écoles supérieures et des centres d’apprentissage en alternance.

 

1 Kommentar zu Ca y est : Le «Campus Européen» de Strasbourg va être mis en place !

  1. Superbe symbole de l’intégration européenne. Bien plus sexy que cette technostructure illégitime (ALCA ou ACAL pour les intimes…) qui va absorber l’Alsace à compter du 1er janvier.

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