Cannes 2025 – EDDINGTON d’Ari Aster

Esther Heboyan a vu pour vous un autre film de compétition, Eddington d'Ari Aster, un film très américain, dont l'humour n'est probablement compréhensible que pour des Américains...

Un film très américain, sans pourtant être un western. Foto: FDC2025

(Cannes, Esther Heboyan) – Eddington de l’Américain Ari Aster, spécialisé dans le genre horrifique, est une satire de la société américaine contemporaine. Eddington est le nom d’une ville fictive du Nouveau Mexique, aux confins du désert et du territoire amérindien des Pueblos, ce qui amène certains critiques de cinéma à qualifier l’œuvre de « western ». Mais ce n’est pas un western. Nous ne sommes pas à l’époque de la conquête de l’ouest avec caravanes, cowboys, populations et bétails à conduire en des terres choisies, et si possible, à l’abri de l’hostilité des Indiens qu’on n’appelait pas encore les Premières Nations.

L’action d’Eddington se déroule pendant la pandémie de Covid-19 en 2020 – sous la présidence de Donald Trump laconiquement désignée –, autrement dit, lorsque les administrateurs de la ville, ainsi que leurs administrés, s’affrontent sur le port du masque en arguant de la liberté individuelle. Le décret du maire Ted Garcia (Pedro Pascal) est contesté par le shérif Joe Cross (Joaquin Phoenix). Ce dernier, tenté par le mandat de maire, va se lancer dans une campagne politique effrénée jusqu’à en perdre la raison.

Le film tient de la farce philosophique. Le scénario aurait pu être écrit par des auteurs postmodernes tels que Kurt Vonnegut Jr ou Donald Barthelme, commentateurs de l’Histoire de leur pays. Le défaut du film est de vouloir trop dire, d’être trop inspiré par les faits et les maux de l’Amérique. À force de vouloir tout inclure (la vie par procuration, téléphones portables, télévision, Instagram, George Floyd, nouveaux gurus, Blancs privilégiés se sentant une âme de contestataires, minorités méprisées, politiciens incapables, le port des armes…), le film se délite. Après un temps, qui peut paraître long aux spectateurs, le film peine à se maintenir. Pourtant, il y a de l’humour et de l’action. Pourtant, le film prête à réflexion comme une fresque de Robert Altman.

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