Cannes 2025 – LES AIGLES DE LA RÉPUBLIQUE de Tarik Saleh

Esther Heboyan a vu pour vous « LES AIGLES DE LA REPUBLIQUE » de Tarif Saleh, un autre film de compétition.

Quand l'art est soumis aux pressions politiques... Foto: FDC 2025

FDC logo klein(Cannes, Esther Heboyan) – Après Le Caire confidentiel (2017) et La Conspiration du Caire (2022) qui obtint le Prix du scénario à Cannes, voici Les Aigles de la République, dernier volet de sa Trilogie du Caire par le réalisateur Tarik Saleh, de culture suédoise et égyptienne, devenu persona non grata en Égypte depuis 2015. L’acteur libano-suédois Fares Fares, qui jouait un inspecteur de police dans Le Caire confidentiel et un colonel dans La Conspiration du Caire, interprète ici une star de cinéma, « le pharaon de l’écran », contraint de jouer un rôle qui lui déplaît dans des circonstances périlleuses, celui du Président Abdel Fattah Al-Sissi (en fonction depuis 2014). Les aigles sont les dignitaires du régime qui manipulent, rendent invisibles ou assassinent les individus qui se montrent récalcitrants.

Comme Nouvelle Vague de Richard Linklater, Les Aigles de la République est un film sur le cinéma. Mais la comparaison s’arrête là. Chez Tarik Saleh, point de légèreté. La comédie perceptible au début du récit vire au drame. On ne plaisante pas avec la politique, du moins pas avec les détenteurs d’un pouvoir ultra autoritaire qui enlève les fils bien-aimés, met sur liste noire une actrice indocile qui finira par tomber d’un balcon. Comme dans Deux Procureurs de Sergei Loznitsa, c’est le règne de la peur à tout instant. Pour préserver son fils, l’acteur adulé du public égyptien se compromet, vend son âme à la figure démoniaque du dénommé Mansour (Amr Waked), sans vraiment comprendre dans quoi il s’engage. Dans ce récit noir conté par Tarik Saleh, le personnage de l’acteur cinquantenaire, quelque peu candide, se regarde sombrer avant de pouvoir fouiller les replis de son âme et de sa vie.

Saleh a dédié son film à ses quatre filles. Pendant la conférence de presse, il se dit optimiste, veut croire en un monde meilleur. Qu’en pense le Festival de Cannes ? Est-ce que les tragédies et les horreurs du monde, mises en scène par les cinéastes, mises en visionnage par les programmateurs du Festival sont une recette pour un monde meilleur ? De quoi rester dubitatif. En tous cas, on peut saluer le courage de Tarik Saleh en regrettant que son récit perde, par moments, de son intérêt dramatique.

Ceci est le dernier article d’Esther Heboyan de cette 78e édition de Cannes. Tous nos remerciements pour son engagement énorme dans la couverture du Festival de Cannes !

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