Cannes 2025 – NOUVELLE VAGUE de Richard Linklater
Esther Heboyan a vu pour vous NOUVELLE VAGUE de Richard Linklater, un film en compétition officielle du Festival de Cannes.
(Cannes, Esther Heboyan) – Nouvelle Vague de l’Américain Richard Linklater fait amplement écho aux deux affiches de la 78ème édition. Il en illustre l’esprit : c’est la fête du cinéma à la fin des années 1950 et au début des années 1960, à Cannes et à Paris. On célèbre les coulisses de la fabrication de l’image et le glamour qui en résulte – en noir et blanc avec un zeste de nostalgie. Et Linklater en fait une comédie, presque légère, à l’américaine pour un public d’initiés, français ou internationaux.
Nouvelle Vague est un film sur le cinéma, et plus particulièrement sur le mouvement de la Nouvelle Vague officiellement repérée avec Les 400 Coups (Prix de la mise en scène 1959 à Cannes) de François Truffaut. Linklater se penche sur la création d’À bout de souffle (1960) de Jean-Luc Godard (Guillaume Mareck en a l’allure, les lunettes noires et même la voix), alors critique pour le célèbre magazine Cahiers du Cinéma et impatient de se lancer dans la réalisation, comme ses confrères Truffaut, Chabrol, Rohmer, Rivette et tant d’autres figures convoquées nommément, pour ne pas dire artificiellement, à l’image. Linklater imagine la genèse d’Àbout de souffle – les discussions entre Godard et le producteur Georges de Beauregard, l’écriture du scénario en collaboration avec Truffaut dans la station de métro Richelieu Drouot.
Linklater décrit la mise en scène du film dans les rues de Paris jusqu’au dernier jour d’un tournage qui n’en compta que vingt. Il évoque les restrictions de budget, les difficultés de communication entre Godard et son équipe, les inquiétudes de Jean Seberg (Zoey Deutsch dans un rôle qui semble taillé sur mesure) et la bonhomie de Jean-Paul Belmondo (Aubry Dullin). Linklater reconstruit des scènes du film devenues mythiques, comme celle de Jean Seberg aux cheveux blonds très courts, l’Américaine de l’Iowa vendant le New York Herald Tribune à la criée sur les Champs-Elysées. Mais il ajoute aussi des scènes qu’il voudrait gravées dans nos mémoires de cinéphiles à tout jamais : Godard dans une décapotable filant sur une route nationale en direction du Festival de Cannes pendant qu’on entend Come prima par Dalida. La séquence est parfaite, annonciatrice d’un triomphe.
Ce film que le Texan Richard Linklater a tourné en français est une véritable leçon de cinéma, inspirée à la fois par le réalisme sensuel de Raoul Coutard à la caméra et le réalisme drôle et « révolutionnaire » de Jean-Luc Godard. Il pourrait séduire le Jury de Cannes. En tous cas, Guillaume Marbeck et Zoey Deutsch sont suffisamment convaincants pour un Prix d’interprétation.
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