Cannes 2025 – “Sons of the Neon Night” de Juno Mak
Esther Heboyan a vu pour vous « Sons of the Neon Night », un polar assez difficile à regarder. Comme si le monde n'était pas déjà assez violent comme ça...
(Cannes, Esther Heboyan) – Le chanteur Hong-Kongais Juno Mak s’était fait connaître en tant que réalisateur en 2013 avec son film d’horreur Rigor Mortis. Cannes 2025 a sélectionné son thriller Sons of the Neon Night (Les Fils des Nuits de Néon) dans la catégorie « Séance de Minuit ». Le titre du film semblait en adéquation avec le titre de la catégorie. Est-ce pour cela que la projection matinale dans la salle Bunuel du Palais des Festivals était à moitié vide ? Ou bien les membres de la presse avaient eu vent de l’extrême violence du long-métrage, indigeste après le café du matin ?
Car deux assassins armés, cagoulés sont vite à l’œuvre. Ils mettent à feu et à sang le quartier très animé de Causeway Bay à Hong-Kong. Sont-ils des terroristes agissant pour une cause ou bien des bandits à la solde d’un gang ? Le film de Juno Mak livre des éclaircissements qui n’en sont pas vraiment. La trame narrative reste bien confuse. On comprend que le cerveau d’un groupe pharmaceutique est mort, laissant deux fils, l’un fugitif devenu ermite dans un tunnel de la ville, l’autre héritier désigné et décidé à changer l’image de l’entreprise familiale jusque-là trop mêlée au trafic de drogue. Le reste est… violence.
La flaque de sang sur l’affiche est un avertissement qu’il ne faut pas prendre à la légère. Le sang gicle sous les coups portés dans une sombre allée, se répand abondamment sur la neige ou bien coagule sur les visages préoccupés d’épisode en épisode. « C’est possible de repartir de zéro », dit un policier dépressif. Un homme essaie de noyer une femme, déjà blessée, dans l’eau de la baignoire – pour lui enlever toute illusion. Jugé déloyal par ses pairs, un homme est torturé, puis pendu à une chaîne. Quand ils ne sont pas munis d’armes, les personnages se servent de leurs mains ou de leurs mâchoires pour tuer. La mort rôde partout à tout instant pendant que la neige tombe sur Hong-Kong.
Chez Juno Mak, le monde est littéralement gris, à l’extérieur et à l’intérieur. Des plans statiques projettent des espaces hostiles. Des plongées sur la ville donnent le vertige. Pour ce qui est de la photographie, c’est une réussite. La musique, d’une violence inouïe aussi, nous tient en éveil. Pour jouer dans cet univers froid et corrompu, probablement inspiré de David Cronenberg, de jeux vidéos ou de comics, Juno Mak a placé des acteurs et actrices d’une gravité sculpturale – Takeshi Kaneshiro, Lau Ching-wan, Goao Yuanyuan, Alex To. Corps et visages semblent taillés à l’image des immeubles en béton, des baies vitrées, des faïences d’un urinoir ou des volumes et rectangles d’une cuisine.
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