Cannes 2025 – SOUND OF FALLING de Mascha Schilinski
Esther Heboyan a vu pour vous le film « Sound of Falling » de la réalisatrice allemande Mascha Schilinski, qui fait partie de la compétition officielle.

(Cannes, Esther Heboyan) – Sound of Falling (Le Bruit de la chute) de l’Allemande Mascha Schilinski, précédemment intitulé The Doctor Says, I’ll Be Alright but I’m Feelin’ Blue (Le Docteur dit, je vais bien mais, moi, j’ai le blues), dont le titre original est In Die Sonne Schauen (Regarder le soleil en face), raconte les dysfonctionnements sociaux et familiaux sur plusieurs générations dans l’Allemagne rurale du 20e siècle et du début du 21ème. Un communiqué de presse de MK2 évoque : « une œuvre visuellement saisissante qui explore la mémoire, l’identité et la nature poétique du temps en faisant du cinéma à partir des douleurs fantômes qui traversent les époques ».
L’action est située dans une ferme de l’Altmark au nord de l’Allemagne et au bord de l’Elbe. Et pour quatre figures féminines – jeunes filles ou jeunes femmes – vivant là à différentes périodes de l’Histoire, les « douleurs fantômes » sont légion, comme si elles ne pouvaient échapper aux malédictions qui pèsent sur le lieu et les gens. Car, il s’agit bien d’enfermement dans des schémas de non-vie, dans des silences et des contemplations qui alternent avec des moments d’exploration et d’enthousiasme où plane le malaise. Schilinski, qui a déjà livré l’univers inquiétant d’une fillette dans Dark Blue Girl en 2017, revient ici sur l’existence selon le point de vue d’Alma, d’Erika, d’Angelika et de Lenka qui subissent ou découvrent des traumatismes.
La réalisatrice a construit un univers de bruits et d’images difficiles à recevoir pour les spectateurs. On attend la pire des catastrophes à chaque étape. Le cinéma de Schilinski, que la critique compare déjà à Michael Haneke, et que l’on pourrait comparer à Cris et Chuchotements du Suédois Ingmar Bergman, fouille les âmes torturées, jetées en pâture sur des chemins inavouables. Il n’est pas certain que le public, même averti, soit séduit. Car au-delà de la cruauté exposée, que l’on qualifiera d’audace (pourquoi pas ?), le film requiert que l’on déchiffre une narration par endroits indéchiffrable. L’œuvre demeure très ambitieuse, d’une virtuosité qui pourrait séduire le jury du Festival.
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