… car ils ne savent ce qu’ils font

Les votes au Parlement britannique deviennent de plus en plus difficiles à lire. L'acte 2 de la « semaine folle » à Westminster s'est soldé par l'habituelle gifle à Theresa May.

The Right Honourable John Simon Bercow est le seul qui semble gérer la situation... Foto: UK Parliament / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Allez comprendre les députés britanniques ! Lundi, ils avaient rejeté pour la deuxième fois la proposition de traité que Theresa May avait négociée avec Bruxelles. Une défaite cuisante : 391 contre 242 votes. Hier, les mêmes députés ont voté contre le « hard Brexit », donc contre un « Brexit » sans accord préalable. Mais cette fois, le score était de 321 contre 278 votes. Et aujourd’hui, sur un score certainement encore une fois différent, le House of Commons autorisera Theresa May à demander une prolongation du délai du « Brexit », car d’ici le 29 mars, rien n’aura changé. Le comportement du Parlement britannique inspire à la fois incompréhension, colère et pitié. Mais pour trouver une solution, il faudra vite apprendre à les pardonner – car ils ne savent ce qu’ils font…

Il est tout aussi difficile de comprendre la signification de tous ces votes… et la démocratie britannique en général. Le malheureux référendum de 2016, à l’époque d’abord consultatif et ensuite considéré comme légiférant, ressemblait au vote d’hier soir. Car ce vote contre un « Brexit » non-organisé n’engage pas le gouvernement, comme Theresa May s’est dépêché de le souligner. Mais à quoi bon faire voter les députés alors ? Il apparaît de plus en plus clairement que Theresa May tentera son possible pour imposer son traité aux députés. C’est pour cela qu’elle a besoin d’un peu plus de temps, et c’est pour cette raison que les députés britanniques voteront aujourd’hui.

Pendant une telle prolongation, la Grande Bretagne ne pourra plus négocier grand chose avec l’Union Européenne. Les compromis possibles ont été couchés sur papier et représentent les limites de ce que l’UE peut accepter. Donc, une prolongation ne servirait qu’à permettre à Theresa May d’exercer une pression croissante sur le Parlement. Est-ce que l’UE doit accepter ces manœuvres désespérées d’une Theresa May qui a totalement perdu le contrôle sur le Parlement, sur le dossier du « Brexit » et sur l’opinion publique en Grande Bretagne ?

La seule solution démocratique, un deuxième référendum, ne figure pas sur les tablettes de Theresa May. Le seul déni de la démocratie se situe à ce niveau. Personne ne conteste que le référendum de 2016 s’était déroulé sur fond d’une désinformation massive, de mensonges et de manipulations. En 2016, les Britanniques ne connaissaient pas les conséquences du « Brexit » et une courte majorité avait alors voté, lors de ce référendum consultatif, en faveur du « Brexit ». Aujourd’hui, alors que les Britanniques ont pris connaissance de ce que « Brexit » voudra réellement dire, une majorité ne veut plus quitter l’Union Européenne.

Pendant que Jeremy Corbyn répète machinalement sa proposition d’élections anticipées, ni lui ni Theresa May ne semblent comprendre que ces « options » n’en sont pas. En vue du calendrier de l’élection européenne, des élections anticipées semblent impossibles à organiser à si court terme ; et qui sait comment le Parlement sera composé à ce moment-là ? Qui nous dit qu’un nouveau gouvernement britannique aurait une attitude un peu plus adulte par rapport à la question du « Brexit » ? Reste donc le deuxième référendum comme seule alternative à une « hard Brexit » qui déclencherait une catastrophe au Royaume Uni qui serait beaucoup moins uni, une fois que les Ecossais l’auraient quitté.

A deux semaines de la date fatidique du 29 mars, on voit ce que les mouvements populistes et nationalistes peuvent occasionner comme dégâts. Le repli nationaliste conduit les pays à affronter des difficultés majeures. Sans aucun avantage en échange. Et maintenant, le « Brexit » ressemble de plus en plus à une bombe activée. Explosera-t-elle ?

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