Cards of Qatar (1) – Madhu Bollapally (Inde)

Pendant toute la Coupe du Monde scandaleuse au Qatar, Eurojournalist(e) publie une « carte collector » d'un ouvrier décédé au Qatar, réalisée par nos confrères suédois de « Blankspot ».

Foto: Blankspot.se / Cards of Qatar

(Blankspot / KL) – Au mois de novembre 2019, Latha Bolllapally recevait un appel d’un des collègues de travail de son mari au Qatar. Il avait été retrouvé mort parterre. Madhu Bollapally, 43 ans, était décédé d’une crise cardiaque. Il travaillait comme assistant de laboratoire où il préparait des médicaments dans un hôpital. Il avait quitté l’Inde en 2012.

« Après être parti, il ne revenait jamais pour nous voir », dit son fils Rajesh, 21 ans, lors d’une visite chez lui à Mendora, un village dans l’état fédéral indien Télangana.

« Pendant les sept ans qu’il était au Qatar, il nous a appelé trois fois. La dernière fois que nous avions pu parler avec lui, c’était neuf mois avant son décès », dit Rajesh.

Comme pour de milliers d’autres victimes, la cause du décès était enregistrée comme « crise cardiaque, cause naturelle ». Dix jours après l’annonce de son décès, le corps de Madhu Bollapally a été renvoyé dans son village. Même après le décès de son père, Rajesh hésite de dire pourquoi la famille avait si peu de contacts avec Madhu.

« Il n’aimait pas parler avec sa famille. Un parent est allé lui rendre visite au Qatar et lui disait qu’il pouvait appeler autant de fois qu’il le voulait. Peu après, il nous a envoyé $592 et lorsqu’il nous a appelé un an plus tard, il a demandé comment nous allions. C’est tout. »

Madhu s’est rendu au Moyen Orient en 2008 pour la première fois. Il partait en Oman, où il a travaillé pendant deux ans sur des chantiers. Il revenait brièvement en Inde et finalement, partait au Qatar en 2012. En deux ans, il avait appris à parler l’Anglais et d’autres compétences, ce qui lui valait un poste comme assistant de laboratoire.

« Mais il ne disait jamais rien sur sa rémunération ou les conditions de travail ou comment il vivait au Qatar. Lorsqu’il est décédé, nous avons reçu $13,16 comme compensation », explique Rajesh.

Rajesh ignore si son père avait prévu de rentrer en Inde, et le peu d’information sa famille a pu obtenir sur Madhu, venait d’un parent qui vit également au Qatar.

« Mon père vivait seul, faisait lui-même la cuisine et lorsque mon oncle l’invitait à contacter sa famille, il coupait également les ponts avec lui », raconte Rajesh.

Rajesh travaillait comme vendeur dans un supermarché dans une autre ville de l’état fédéral du Télangana, mais après le décès de son père, il est revenu dans son village.

« Je ne pouvais pas continuer à travailler et à vivre comme rien ne s’était passé et ma mère avait besoin de moi », dit Rajesh.

Malgré les six ans que Madhu avait travaillé pour le même employeur, sa famille n’a reçu qu’un peu plus que $1,500 en salaires qui n’avaient pas été versés. Rajesh ajoute qu’il ne sait pas pourquoi son père est mort.

« Il était fort et en bonne santé ». Rajesh et sa mère vivent aujourd’hui chez des parents dans un village proche.

« Comme la plupart des femmes ici, ma mère travaille comme ouvrière qui roule des « beedis », une sorte de cigarettes indiennes, et elle ne gagne que très peu d’argent », dit Rajesh. « Je trouve aussi parfois des petits boulots, mais ça ne suffit pas pour survivre. J’essaye de trouver davantage de travail, mais la ville la plus proche se trouve à 12 kilomètres et donc, c’est dur. Et la pandémie nous a tous frappés. »

Foto: Blankspot.se / Card of Cards

Foto: Blankspot.se / Card of Cards

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