Cards of Qatar (2) – Bolumalla Gangadhar (Inde)

Pendant toute la Coupe du Monde scandaleuse au Qatar, Eurojournalist(e) publie une « carte collector » d'un ouvrier décédé au Qatar, réalisée par nos confrères suédois de « Blankspot ».

Foto: Cards of Qatar

(Blankspot / KL) – Un matin en octobre 2019, Bolumalla Gangadhar se trouvait dans sa salle de bains dans une ville de l’état fédéral indien Télangana, lorsqu’il commençait à transpirer et à hurler de douleur. Il frappait sa poitrine avec des poings serrés et hurlait pour que son fils vienne l’aider. Le temps d’arriver à l’hôpital qui se trouvait à seulement 500 mètres, il a été déclaré mort.

« Ce n’était pas une crise cardiaque. Personne dans la famille n’a jamais eu de problèmes cardiaques et même les docteurs étaient choqués », dit son fils Kiran qui lui, est étudiant en Droit.

Bolumalla Gangadhar venait juste de rentrer du Qatar, pour la première fois en trois ans, à l’occasion du mariage de sa fille. Il était ouvrier immigré au Qatar depuis 2004.

« C’était un boulot physiquement dur et très mal payé. Il rentrait à la maison tous les deux ans pour deux mois. Mais cette fois, il était parti depuis trois ans, car il travaillait encore plus dur pour pouvoir payer la dot pour ma sœur », explique Kiran.

Même si le décès de son père est déjà assez loin, Kiran en souffre toujours. Et il se souvient des conversations téléphoniques qu’il avait avec son père.

« Je lui ai demandé comment ça se passait au travail, s’il allait bien, mais il n’a jamais voulu en parler », dit Kiran. « Ne viens pas ici. Tu ne sais pas comment c’est et tu ne veux même pas savoir », répétait son père comme un mantra.

Kiran ne savait même pas ce que son père faisait concrètement. Mais il se souvient que son père avait souvent une voix fatigué, parfois sa voix trahissait aussi de la douleur.

« Je travaille dur ici pour que t’aies une meilleure vie que j’avais », disait-il parfois. Mon père était mon repère et maintenant, il est parti et je me sens perdu », dit Kiran.

La famille de Bolumalla Gangadhar ne sait pas combien il gagnait par mois, car il envoyait de l’argent une fois par trimestre et lorsqu’il y avait un besoin particulier.

« Il vivait dans une pièce avec six autres ouvriers et faisait la cuisine lui-même. Ses colocataires étaient originaires du Népal, du Pakistan et du Bangladesh. »

L’entreprise licenciait tous les ouvriers à l’âge de 50 ans à cause du travail épuisant, mais Bolumalla Gangadhar était apprécié et autorisé de travailler encore une fois les 50 ans passés.

Donc, après avoir investi 14 ans de sa vie pour travailler au Qatar, Bolumalla Gangadhar décédait – chez lui, sur le sol de sa salle de bains.

Six mois plus tard, sa sœur se mariait, après que Kiran avait pu emprunter $133.

« L’entreprise pour laquelle mon père avait travaillé pendant toutes ces années, a envoyé $20 comme compensation pour son décès », dit Kiran.

Avant que la crise du Covid-19 ne paralyse le pays, Kiran travaillait comme professeur dans un collège, mais maintenant, il doit trouver un autre travail pour rembourser les dettes.

« Je me demande tous les jours pourquoi mon père est mort », dit Kiran, « c’était un homme en bonne santé. »

Foto: Cards of Qatar

Foto: Cards of Qatar

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