Cards of Qatar (6) – Hari Prasad Makhim (Népal)

Pendant toute la Coupe du Monde scandaleuse au Qatar, Eurojournalist(e) publie quotidiennement une « carte collector » d'un ouvrier décédé au Qatar, réalisée par nos confrères suédois de « Blankspot ».

Foto: Blankspot.se

(Blankspot / KL) – Lorsque Hari Prasad Makhim partait comme travailleur immigré au Qatar, il y a plus de dix ans, ce n’était pas la première fois qu’il partait travailler à l’étranger. Il avait déjà vécu et travaillé en Arabie Saoudite pour faire vivre sa femme et leur deux filles.

« Nous ne pouvions ni payer pour le loyer, la nourriture ou les frais de scolarité pour nos enfants et les chances de décrocher un travail bien payé au Népal, sont minimes », dit sa veuve Bishnu Kumari Makhim.

Le travail comme chauffeur de camion était intense et pendant plus d’une décennie, Hari ne rentrait que deux fois chez lui et ne restait que quelques jours pour ne pas trop perdre de son salaire. Mais ils se téléphonaient trois, quatre fois par semaine, dit la veuve.

« Lorsqu’il a commencé à envoyer de l’argent, nous avons déménagé à Dharan dans le district de Sunsari, où les écoles sont meilleures », raconte la veuve, « ses revenus suffisaient juste pour que ça fonctionne. »

Avec la croissance des filles, la famille avait besoin de plus d’argent. La dernière fois que Hari Prasad Makhim envoyait de l’argent, $330, c’était trois mois avant son décès.

« Il disait qu’il ne pouvait pas envoyer davantage d’argent, car le coût de vie et les différentes « cotisations » qu’il devait payer à la police de la route, consommaient déjà une grande partie de son salaire », explique la veuve.

« Lorsque je l’ai appelé le matin du jour de son accident, il disait qu’il ne se sentait pas très bien », raconte la veuve, « je lui ai dit d’aller à l’hôpital et de consulter. Il était d’accord, mais quand je l’ai appelé quelques heures plus tard pour prendre ses nouvelles, il ne répondait plus et j’ai appelé et appelé… »

C’était le 15 Novembre 2020 et Bishnu Kumari Makhim ne savait pas encore que son mari était décédé.

Hari Prasad Makhim était chauffeur de bus et conduisait des travailleurs depuis leurs campements au chantiers et retour, tous les jours. Il était sur le retour, vers 16h, en train de finir le travail du jour et il n’avait plus à retourner travailler jusqu’à 9h le lendemain matin, lorsque les freins ne fonctionnaient plus du coup. L’accident était inévitable.

Dix jours après cet accident fatal, la veuve et ses filles se rendaient à Katmandou pour recevoir le corps. Il recevaient la corps de Hari Prasad Makhim, mais non pas ses affaires. A ce moment-là, Bishnu Kumari Makhim collapsait et perdit conscience.

« C’était trrop pour moi », dit-elle, « il avait travaillé si loin, si dur et si longtemps, tout en étant seul. Juste pour que nous survivons, moi, nos enfants. Après notre mariage, il n’a vécu qu’au Qatar. »

Ignorant qu’elle avait droit à une possible compensation, Bishnu Kumari Makhim avait contacté les autorités au Népal. Elle a reçu $6,900 par l’employeur de son mari et $5,753 de la part du « Foreign Employment Board of Nepal ». Aucune assurance n’a payé.

« Le Qatar nous a privé de celui qui assurait notre survie », dit-elle, « Avec lui, nous avons perdu tout espoir. Nous nous sentons comme des enfants orphelins et notre avenir est incertain ».

Foto: Blankspot.se

Foto: Blankspot.se

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste