Carton rouge pour la Turquie

Avec ses attaques qui frôlent le pathologique, la Turquie a fermé la porte vers l'Europe. Tant qu'à faire, il est temps de consommer cette séparation officiellement.

Si les Turcs voulaient stopper l'émergence d'un fascisme moderne en Turquie, ils le pourraient. Foto: Pivox // Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Officiellement, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan est toujours candidate à l’adhésion à l’Union Européenne. Si cet état de choses provoque aujourd’hui un petit sourire, force est de constater que la qualité de candidate à l’adhésion se traduit pour la Turquie, par des milliards d’euros que l’UE paie à tous les candidats pour que ceux-ci puissent se mettre au niveau des standards en vigueur dans l’Union, en particulier en ce qui concerne les Droits de l’Homme, la démocratie et l’Etat de Droit. Pour la Turquie, les milliards déjà payés, ont été l’un des plus mauvais investissements jamais faits.

Tous les jours, de nouvelles attaques verbales, insultes et énormités nous arrivent d’Ankara. Si on ne peut plus prendre au sérieux la cacophonie du président-dictateur Erdogan et des membres de son gouvernement qui, surexcités, traitent tout le monde de « fasciste » (même si ça doit être dur pour des pays victimes du nazisme comme les Pays-Bas de se faire traiter de la sorte par un pays fidèle compagnon des Allemands pendant le Ière et « neutre » avec de fortes sympathies de l’Allemagne nazie pendant la IIème Guerre Mondiale, en déclarant tardivement la guerre à l’Allemagne et le Japon pour remplir les conditions de l’adhésion à l’ONU…), certaines déclarations d’Erdogan et de ses sbires méritent une réponse claire de la part des institutions européennes.

Les institutions européennes et l’OTAN doivent réagir. - Lorsque le ministre de l’intérieur turc Süleyman Söylu menace l’UE « d’envoyer tous les mois 15000 réfugiés vers l’Europe, et vous allez voir ce que vous allez voir », cela constitue un chantage et une menace intolérables. Et lorsque Erdogan himself réitère son souhait de voir le parlement proposer la réintroduction de la peine de mort, le Conseil d’Europe se doit également de réagir.

Qu’on arrête de nous dire qu’on ne peut pas sanctionner la Turquie pour « garder les canaux de communication ouverts » – les canaux de communication ne servent en toute occurence à rien du tout face à un régime totalitaire qui est en train de transformer la Turquie en un état islamo-fasciste. Les règles de base du Conseil d’Europe sont claires – la peine de mort fait partie des sujets qui ne se discutent pas en Europe et ceux qui veulent l’appliquer, n’ont pas leur place dans la famille des nations européennes. C’est le moment d’exclure la Turquie du Conseil d’Europe et le secrétaire général du Conseil d’Europe Torbjørn Jagland, qui avait applaudi à Ankara les « purges » opérées par le régime Erdogan, devra accepter de vivre sans les 33 millions d’euros avec lesquels la Turquie espère s’acheter une respectabilité qui ne lui revient pas.

L’Union Européenne, elle, se dit de terminer officiellement et rapidement le dossier de la candidature de la Turquie pour adhérer à l’UE. La Turquie, économiquement dépendante de l’Europe, ne peut en aucun cas adhérer à l’UE et il serait temps d’arrêter de faire semblant qu’on négocie sérieusement au sujet de cette adhésion qui n’aura jamais lieu. Face à l’émergence d’un fascisme moderne, l’UE ferait bien de prendre pour une fois ouvertement position contre un despote qui piétine les valeurs humanistes.

Concernant l’OTAN, c’est la même chose. A Turquie n’est plus un partenaire fiable du monde occidental. Bien sûr, pour l’OTAN, la situation géographique de la Turquie était commode pour assurer la protection d’Israël, mais d’autres bases de l’OTAN pourraient servir pour cette mission. Mais l’accès de la Turquie aux plans de l’OTAN, par exemple dans la lutte contre le terrorisme, est osé – considérant que les reproches faits au clan Erdogan de faire commerce avec Daesh n’ont jamais pu être disspiés.

Il faut se rendre à l’évidence – la Turquie a changé d’orientation et aucune relation commerciale ne peut être aussi indispensable à ce qu’on continue à coopérer avec un despote qui veut instaurer et cimenter un état totalitaire. C’est le moment de ne pas seulement se montrer indigné par les propos du gouvernement turc, mais d’agir. La Turquie 2017 et l’Europe, ça ne peut pas fonctionner. Qu’on arrête alors.

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