Casse-tête pour le nouveau gouvernement allemand

La « taxonomie verte », la classification des différentes sources d'énergie durables, pose un vrai problème au nouveau gouvernement allemand.

La filière nucléaire française est la grande gagnante de la "taxonomie verte". Foto: Panelfestoon / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – A quelques minutes de la fin de l’année 2021, la Commission Européenne n’était pas en train de sabrer le champagne, mais d’envoyer des courriers électroniques aux gouvernements européens. Car la promesse avait été faite de présenter le projet de la « taxonomie verte » avant la fin de l’année. Et puisque 23h45, le 31 Décembre 2021 est encore « avant la fin de l’année », la promesse a été tenue. Ainsi, selon la « taxonomie verte », l’énergie nucléaire et le gaz naturel seront classés « énergies vertes ». Pour le nouveau gouvernement allemand SPD-Verts-FDP, qui venait juste d’arrêter 3 des 6 dernières centrales nucléaires encore en exploitation, ce « credo européen » en faveur du nucléaire représente un énorme casse-tête.

Légalement, la Commission Européenne fait ce qu’elle a le droit de faire ; politiquement, il s’agit d’un problème. Car la « taxonomie verte » ne donne pas (seulement) droit à un joli logo et un certificat à mettre au mur au siège, mais il s’agit d’argent, de beaucoup d’argent. En obtenant ce « label vert », les secteurs du nucléaire et du gaz deviennent éligibles pour des subventions et cette classification représente aussi une recommandation pour les investisseurs publics et privés. Une aubaine pour la filière du nucléaire française qui compte parmi les leaders sur le marché mondial, une pilule amère pour l’Allemagne qui poursuit sa sortie du nucléaire.

Le projet de « taxonomie verte » ne peut plus être contesté sur le fond, une plainte ne pourrait aboutir au cas où la Commission Européenne aurait dépassé ses compétences, ce qui n’est pas le cas. S’agissant d’une règle de classification, activité qu’exerce la Commission dans de nombreux secteurs, elle est en droit d’établir une telle classification. Pour le nouveau chancelier Olaf Scholz, la question se pose comment garder la face.

Pendant que plusieurs gouvernements européens contestent le fait que la « taxonomie verte » ait été envoyée à quelques minutes de minuit la Nuit de la Saint Sylvestre, excluant ainsi de fait, tout rajout, toute modification, toute suppression par les gouvernements, le porte-parole du gouvernement Steffen Hebestreit déclarait au nom d’Olaf Scholz que le gouvernement allemand rejette la classification de l’énergie nucléaire comme énergie « verte ». Maintenant, Berlin va examiner ce projet « attentivement » pour ensuite, « prendre une position concertée ». Sachant que l’Allemagne ne dispose d’aucun moyen pour renverser la « taxonomie verte », elle se concertera avec Paris et finira par l’accepter.

Pour le nouveau gouvernement allemand, il s’agit là d’un début assez compliqué sur la scène européenne. La Commission Européenne, dirigée par l’Allemande Ursula von der Leyen, impose le nucléaire à Berlin ! Si l’Union Européenne ne peut pas obliger l’Allemagne à installer à nouveau un parc nucléaire, à un instant où le premier parc nucléaire allemand comportant 19 centrales nucléaires, est presque arrêté, l’Allemagne devra quand même cofinancer les subventions pour cette filière par le budget européen. Politiquement parlant, il ne s’agit pas vraiment d’un succès pour les social-démocrates et les Verts au pouvoir en Allemagne.

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