Ce coucou qui n’apporte pas la prospérité

Toucher une pièce de monnaie, en entendant le premier chant du coucou de l’année, quand c’est celui de l’extrême-droite, ne sera pas pour les travailleurs facteur de prospérité.

Profitant des luttes sociales, l’extrême-droite pratique savamment, comme le coucou, le parasitisme de couvée. Le rassemblement du FN-ex-RN tenu le 1er Mai dernier au Havre, n’en est qu’un exemple parmi d’autres. Foto: vladlen666 / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(Jean-Marc Claus) – Une croyance populaire, associant la prospérité au chant du coucou, veut que celui entendant chanter le volatile la première fois de l’année, ne manquera de rien jusqu’au prochain printemps, s’il se saisit immédiatement d’une pièce de monnaie. Le coucou, coculus canorus, cet étrange oiseau, pratique allègrement ce que les ornithologues nomment le parasitisme de couvée. En clair, il pond ses œufs dans le nid d’autres oiseaux, qui les couvent et une fois éclos, nourrissent les petits, qui ont très tôt pris soin de liquider toute autre progéniture.

La mobilisation contre la très macroniste, et donc très injuste réforme des retraites, ainsi que les multiples péripéties parlementaires et les gesticulations fébriles de la majorité présidentielle, font les choux gras de l’extrême-droite qui a depuis bien longtemps, dépassé le stade de la dédiabolisation-ripolinisation, entreprise commencée il y a une trentaine d’années par la fille du châtelain de Montretout. Depuis la création de la Ve République, l’extrême-droite a réussi à former un groupe à l’Assemblée Nationale à deux reprises : en 1986 avec 35 députés au bénéfice d’une stratégie mitterandienne jouant avec la proportionnelle, ainsi qu’en 2022, grâce à la division de la gauche provoquée par la mégalomanie d’un seul homme s’autoproclamant « La République » quatre ans plus tôt.

Actuellement fort de 88 députés, le RN-ex-FN est dépassé de 63 sièges par le mariage de raison de la gauche nommé NUPES, mais aucun des 4 groupes constituant ce dernier, n’a autant de sièges que lui et la NUPES n’est pas au sens strict du terme, un groupe parlementaire. L’extrême-droite veut apparaître comme une alternative sérieuse au macronisme. Mais comme le dit très justement le Secrétaire National du Parti Communiste Français Fabien Roussel « Si les Français connaissaient le programme de Marine Le Pen concernant les retraites, ils ne la porteraient pas aussi haut dans les sondages ». Or, les Français s’intéressent-ils au programme de Marine Le Pen concernant les retraites ?

Les luttes sociales menées depuis des mois par un front syndical incroyablement uni, soutenu par non seulement la gauche, mais aussi nombre de démocrates que le macronisme révulse, sont instrumentalisées par l’extrême-droite et même si la ficelle peut sembler grosse, il y a tout lieu de penser qu’à terme, cela peut s’avérer malheureusement payant. D’où l’intérêt de revenir aux fondamentaux ainsi qu’aux faits rapportés par l’Histoire.

Au siècle dernier, à la même époque, la colère de l’extrême-droite nous a ramené entre autres le Régime de Vichy, le rafle du Vel d’hiv, la déportation des Enfants d’Izieu, le Massacre d’Oradour-sur-Glane, alors que la colère de la gauche nous a, entre autres, apporté les congés payés, la semaine de 40 heures, la Sécurité Sociale, EDF-GDF, pour ne citer que quelques exemples.

En 2022, la candidate d’extrême-droite optait pour la retraite à 60 ans, avec 40 annuités pour ceux ayant commencé à travailler entre 17 et 20 ans. Ce qui exclut une très large frange de la population ayant étudié au-delà de l’âge de 20 ans et n’a rien de comparable avec la retraite à 60 ans avec 37,5 années de cotisations qui fut en vigueur de 1982 à 1993, année à partir de laquelle un certain Édouard Balladur, pâle préfiguration du macronisme, a inauguré une série ininterrompue d’attaques contre le système des retraites par répartition hérité du Conseil National de la Résistance.

Conseil National de la Résistance qu’a combattu l’extrême-droite aux côtés de l’occupant nazi, rappelons-le. Par ailleurs, Marine Le Pen, qui avait en pleine campagne abandonné sa promesse de retraite à 60 ans pour tous, la rendait accessible pour ceux ayant commencé à travailler après l’âge de 20 ans, à taux plein entre 62 et 67 ans au bout de 42 ou 43 annuités. Ceci avec pour toile de fond, la doctrine de la préférence nationale et un anticapitalisme de façade ne bernant pas que le MEDEF.

Au fil de l’Histoire, l’extrême-droite a toujours été du côté des puissances d’argent et, entre autres illustrations, le train de vie de ses leaders n’a rien de comparable avec celui de l’Abbé Pierre. A de nombreuse reprises, l’extrême-droite a voulu instrumentaliser la colère des travailleurs et leurs luttes sociales, pour obtenir leurs suffrages. La dépolitisation des masses aidant, aujourd’hui, le risque est grand de voir une couvée de ce coucou arriver au pouvoir. Mais ça ne sera jamais pour le bien des travailleurs et la sauvegarde des libertés, dont celle de faire grève et de manifester.

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