Ce n’est pas la bonne volonté qui manque…

Lors de la visite du Ministre-Président du Bade-Wurtemberg à Strasbourg, l’ensemble des acteurs se sont mutuellement rassurés quant à leur volonté européenne. Mais il manque quelque chose…

Winfried Kretschmann veut renforcer la coopération franco-allemande. Bien. Il peut y aller. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – La vérité est sur le terrain, dit-on dans le monde du football et cette phrase vaut autant pour les relations franco-allemandes. A la fin de la semaine passée, le Ministre-Président du Bade-Wurtemberg a visité la France et l’Alsace et, comme c’est de coutume lors de telles occasions, tous les participants aux différentes rencontres se sont mutuellement assurés qu’il n’y a que le transfrontalier pour sauver l’Europe. Mais malgré une conscience claire quant aux risques actuels, à savoir la montée de l’extrémisme, le fractionnement des institutions européennes et de nouvelles crises économiques, la « grande politique » manque terriblement d’approches concrètes et de visions pour une « nouvelle Europe ».

Il y avait du beau monde lors d’un « petit déjeuner de travail » organisé par le Consulat Général d’Allemagne Gerhard Küntzle vendredi au Sofitel au cœur de Strasbourg. Le président des universités du Rhin Supérieur EUCOR, Schiewer, Catherine Trautmann, Bernard Stirnweiss de la CCI, Nawel Rafik-Elmrini, Anne Sander, Gisela Erler (en charge de l’engagement citoyen au ministère d’état à Stuttgart), des députés, des élus, les représentants des différentes communautés religieuses du Grand Est. Et tous, sans exception, ont affiché une conviction absolue que l’avenir européen nécessite un renforcement de la coopération transfrontalière.

Pour nous, dans la région du Rhin Supérieur, cela n’est pas nouveau. Nous ne sommes plus au stade où il faut nous « vendre » les bénéfices de la coopération transfrontalière, nous sommes déjà au stade où on se pose la question pourquoi il y a toujours autant d’obstacles à cette coopération franco-allemande. Et force est de constater que malgré les déclarations de bonne volonté, le « franco-allemand » bat de l’aile au niveau de la « grande politique ». Ceci est certainement du à une grande incompatibilité des systèmes politiques et administratifs, mais cette incompatibilité n’explique pas tout. Si de nombreux projets transfrontaliers au niveau local et régional souffrent d’un manque de soutien idéel et matériel, pendant que de nombreuses associations se voient couper les subventions, la « grande politique » peine à sortir une feuille de route, des perspectives, du concret.

Ainsi, le discours des dirigeants des deux pays, qui se veulent positifs et encourageants, sont exactement le contraire. A qui s’adressent ceux qui demandent l’intensification de la coopération transfrontalière ? Qui devrait stopper les extrémistes ? Qui est censé apporter une plus-value à la société civile ? Lorsque les responsables politiques tiennent un tel discours, il apparaît clairement que ce discours relève d’une volonté sans suivi.

Tant que le calendrier du « transfrontalier » reste rythmé par des échéances électorales, les choses ne changeront pas. Aucune des deux pays ne prend l’initiative d’élaborer une vraie perspective franco-allemande et européenne – on se limite à un postulat envoyé dans le vide, adressé à personne. Bien entendu, dans un tel cadre, personne n’osera critiquer le « franco-allemand », puisque tout le monde est positif et volontaire. Seulement voilà, tant que les responsables politiques ne s’engagent pas personnellement dans le développement européen, les choses ne bougeront pas. Malgré toutes les expression de la meilleure volonté du monde.

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