Ce que coûte l’abolition de l’Espace Schengen

La Commission Européenne a publié des chiffres qui montrent combien nous coûte l’abolition de l’Espace Schengen qui, dans la pratique, a déjà eu lieu.

Nos enfants ne connaissent ces images que de leurs livres d'histoire. Et c'est ça que nous voulons leur offrir pour leur avenir ? Foto: Central Intelligence Agency / Wikimedia Commons / PD

(KL) – «La mise en œuvre de contrôles aux frontières aurait un coût énorme au niveau économique, politique et social», a indiqué la Commission Européenne et on ne comprend pas très bien pourquoi la Commission utilise le conditionnel. Car partout en Europe, les contrôles aux frontières sont à nouveau la règle et la «libre circulation» est un concept qui date d’hier.

Les premiers concernés sont les routiers qui passent actuellement leur temps dans des embouteillages devant ces frontières et, bien entendu, les travailleurs frontaliers. Donc, il s’agit d’un problème qui touche particulièrement une région comme la nôtre au Rhin Supérieur où environ 100000 personnes traversent quotidiennement les frontières pour aller travailler chez les voisins.

La fermeture des frontières dans l’Espace Schengen coûterait jusqu’à 18 milliards (!) d’euros par an, ce qui correspond à 0,13% du PIB global de cet espace qui est censé être un espace de libre circulation. A un moment où les caisses sont vides, où on aurait besoin de budgets pour faire face aux catastrophes humaines qui nous entourent, ce coût n’est en rien justifié.

Dans les faits, l’Europe n’a pas seulement aboli la libre circulation de personnes, mais également celle des marchandises. Concernant les 1,7 millions de travailleurs frontaliers en Europe, les temps d’attente coûteront entre 2,5 et 4,5 milliards d’euros aux entreprises qui réfléchiront deux fois avant d’embaucher des frontaliers à l’avenir. Et ce, sans que ces mesures aux frontières intérieures puissent augmenter la sécurité – on s’agite pour faire croire aux gens qu’on réagit à la menace terroriste, sachant que des contrôles aux frontières ne pourront pas empêcher des attentats.

La Commission Européenne souhaiterait à ce que la libre circulation soit rétablie au plus tard à la fin de l’année 2016 – mais la pratique parle une toute autre langue. Actuellement, on érige un peu partout des barbelés, on construit de nouveaux postes de frontières, on doit embaucher des douaniers et policiers pour occuper ces postes et rien n’indique que les gouvernements nationaux aient l’intention de revenir sur ces mesures prises dans un mouvement de panique.

La peur de voir arriver davantage de réfugiés ne suffit pas pour remettre en question cette «guerre contre le terrorisme» qui dure déjà depuis 14 ans, qui a coûté une fortune et qui n’a en rien pacifié le monde. Ce qui n’empêche pas nos responsables, sans doute sous la pression des lobbys, de poursuivre les bombardements qui ne font que prolonger des guerres sanglantes qui motivent les populations de fuir. Il s’agit d’un cercle vicieux qu’il convient de rompre au lieu de le cimenter avec les mesures actuelles.

Les 18 milliards d’euros que coûte cette abolition de Schengen ne constitue qu’un début. Nous sommes en train de sacrifier un à un tous les acquis européens et le coût de l’abandon des idéaux européens pourra, un jour, dépasser l’imagination. Au plus tard lorsque le retour vers les états nationaux déclenchera à nouveau des guerres comme celles que notre continent a vécu ces derniers siècles.

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