« Cero energético total » à La Palma
Le 10 juin une nième coupure de courant, mettant cette fois-ci quasiment l’île à l’arrêt, a chamboulé la vie à La Palma durant au moins trois heures.

(Jean-Marc Claus) – Ce mardi, l’île canarienne de La Palma, a connu ce qu’il est convenu de nommer un « cero energetico total », la centrale thermique Los Guinchos sise sur la côte est à Breña Alta, étant tombée en panne pour une durée indéterminée, selon le gestionnaire Empresa Nacional de Electricidad SA (Endesa). Ce qui a conduit le gouvernement local, à mettre l’île en situation d’alerte.
Cette panne qui a privé d’électricité les 50.289 abonnés, jusqu’à plus de trois heures selon les secteurs, est la dixième coupure majeure survenue dans l’archipel depuis 2005. A 17h32, la production a diminué de 29 MW à 1,2 MW, pour quelques minutes plus tard s’arrêter complètement, privant d’électricité les 83.875 habitants de l’île et les touristes qui y séjournaient. L’an dernier, 18 millions de visiteurs, dont un tiers de Britanniques, sont venus dans l’archipel, mais La Palma n’est pas l’île la plus visitée.
La carte des zones impactées tweetée par Astrid Perez, présidente du Parlement des Canaries, a été beaucoup relayée sur les réseaux sociaux, car les cinq pannes du mois dernier, dont une privant alors temporairement d’électricité 19.526 usagers, ont rendu le « cero energético total » de mardi d’autant plus intolérable. Les raisons de ces pannes sont nombreuses et l’archipel ne disposant pas d’interconnexions, exceptées Lanzarote et Fuerteventura, ses six réseaux ne peuvent pas venir au secours les uns des autres.
Hormis à El Hierro, l’exploitation des énergies renouvelables reste marginale aux Canaries. Quant à La Palma, la centrale de Los Guinchos, construite en 1972, est devenue obsolète, malgré une évolution en quatre étapes de 1995 à 2003. Pour la coupure générale d’électricité du 10 juin, Alberto Hernández, directeur général de l’énergie du Gouvernement des Canaries, a expliqué que la panne d’un générateur a entraîné la mise à l’arrêt de tous les autres. Ce qui ne doit pas arriver, et donc une enquête est en cours.
La dernière panne provoquant une interruption totale de la fourniture d’électricité sur l’île, remonte à 2018 mais depuis, les coupures partielles n’ont malheureusement pas manqué ! Ce qui conduit Sergio Rodríguez Fernández, président du Conseil Insulaire de La Palma, à réclamer tant du gouvernement de l’archipel que de celui du pays dans son entier, d’investir suffisamment dans la rénovation des infrastructures énergétiques, afin que La Palma ne demeure pas une île n’appartenant toujours pas au « primer mundo ».
En mai, l’île avait connu trois pannes, dont une touchant 17.000 personnes, et lors de celle de ce mardi, seulement 70% des usagers ont été réalimentés au bout de trois heures, les autres devant attendre bien après 20h30. Or, sous ces latitudes, le soleil se couche très vite, mais fort heureusement, la lune levée à 20h51 était pleine à 98,42%. Ce qui, en cas de non résolution du problème, aurait au moins contribué à rendre la circulation nocturne moins dangereuse.
On serait tenté de dire : « Si vous comptez passer des vacances à La Palma et plus largement aux Canaries, munissez-vous d’une lampe torche, ainsi que d’une batterie de secours pour votre téléphone. ». Mais « cero energético total » signifie aussi, hormis structures et équipements munis de groupes électrogènes, mise à l’arrêt de la plupart des activités. Ce que redoutent aussi les entreprises, qui y voient un frein à l’investissement dans leur développement. Un autre volet du sujet méritant approfondissement.
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