Ces chiffres qui ne trompent personne…

L'Ortenau annonce un taux de chômage de 3,9% - un chiffre incroyablement bas en vue de la crise économique qui a déjà commencé. Mais il faut désormais aussi regarder un autre chiffre – celui du chômage partiel.

Pendant que l'Agence pour l'Emploi continue à publier des méga-chiffres, la bombe économique est déjà déclenchée... Foto: Probykampo / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – On pourrait presque se croire en 2019, tellement le taux de chômage annoncé pour le mois de juillet 2020 est faible – 3,9% (+0,1% par rapport au mois précédent). Comme s’il n’y avait pas eu une crise sanitaire, suivie d’une crise économique qui arrive peu à peu dans nos contrées. 3,9% de chômage, cela veut dire 9917 hommes et femmes à la recherche d’un emploi chez les voisins dans l’Ortenau. Enorme. Mais la situation réelle est tout sauf rose.

En revanche, le chiffre à regarder est un autre. Actuellement, dans la seule Ortenau, 4781 entreprises ont mis 71.311 salarié.e.s au chômage partiel. Considérant que bon nombre de ces entreprises devront mettre la clé sous la porte d’ici quelques mois, il faut partir du principe que le nombre de chercheurs d’emploi explosera dès lors que les programmes de chômage partiel et autres toucheront à leur fin. Et force est de constater que l’Ortenau, comme toutes les autres régions concernées, ne dispose pas d’un « Plan B » : quand les emplois seront perdus, l’Agence pour l’Emploi aura de milliers, peut-être de dizaines de milliers de cas à traiter. Là, l’économie dans l’Ortenau se trouve sous perfusion, comme quasiment toutes les autres régions en Allemagne.

Le chef de l’Agence pour l’Emploi d’Offenbourg, Horst Sahrbacher, commente : « Dans l’Ortenau, les traces de la pandémie du coronavirus restent visibles au niveau du marché de l’emploi. Le nombre de chercheurs d’emploi a augmenté au mois de juillet, touchant tous les groupes de chercheurs d’emploi. Cette évolution concerne particulièrement les jeunes de moins de 25 ans. C’est pour cela qu’il est particulièrement important que les entreprises leur donnent une chance en les embauchant ». En attendant l’arrivée du tsunami qui arrivera en Allemagne comme en France au quatrième trimestre 2020 (selon une étude « Euler Hermes »), les chiffres actuels ne représentent qu’une prise de vue instantanée dont on sait que la situation risque de s’aggraver sous peu.

Les professionnels du marché de l’emploi sont autant à plaindre que les personnes qui perdront leur emploi dans peu de temps. Ils font leur travail le mieux possible, s’activent auprès des entreprises pour que celles-ci embauchent, mais dans une région où presque la moitié de la population active se trouve au chômage partiel et donc, sur un siège éjectable, les possibilités des Agences pour l’Emploi sont limitées, très limitées.

Non, tout ne va pas au mieux dans le meilleur des mondes. On s’apprête à accueillir une crise économique d’une dimension jamais expérimentée depuis la IIe Guerre Mondiale. La crise de 2008 n’était qu’un tout petit avant-goût de ce qui arrivera d’ici quelques semaines, quelques mois. La seule certitude que l’on peut avoir, c’est que les collaborateurs de l’Agence pour l’Emploi ne risquent pas de s’ennuyer ces prochains temps – car en Allemagne, c’est l’Agence pour Emploi, plus précisément le « Jobcenter », qui gère les dossier de l’aide sociale, le tristement célèbre « Hartz IV ». Gérer de milliers de dossiers qui arriveront plus ou moins au même moment, ce ne sera pas facile.

Mais ce qui est le plus inquiétant, c’est l’absence d’un véritable plan de relance. Actuellement, on maintient de nombreuses entreprises et de nombreux emplois artificiellement en vie. C’est une bonne stratégie, car il est moins onéreux de maintenir un emploi que d’en créer un. Mais le chômage partiel touchera prochainement à sa fin, l’Etat n’étant pas en mesure d’assumer les coûts y associés éternellement. Le jour où les indemnités chômage partiel cesseront, ce sera le jour de la vérité. D’ici là, les chiffres mirobolants publiés ressemblent à un rappel de l’époque ante-Covid. Mais plus personne n’est dupe : dans peu de temps, le marché de l’emploi dans l’Ortenau souffrira comme partout ailleurs.

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