Changement de génération à la tête de l’Europe

En nommant Donald Tusk à la présidence du Conseil Européen et Francesca Mogherini aux Affaires Etrangères, l'Europe se donne une nouvelle orientation.

Federica Mogherini représente une nouvelle génération politique. Foto: The Official CTBTO Photostream / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Les chefs d’état et de gouvernement européens ont émis un signal clair en nommant le Premier Ministre polonais Donald Tusk à la présidence du Conseil Européen et Francesca Mogherini aux Affaires Etrangères européennes. L’Europe veut se moderniser et dynamiser et elle attache une importance majeure à l’évolution dans l’est de l’UE. Face à la crise en Ukraine, la nomination de Tusk est à la fois un message de solidarité aux états-membres de l’est du continent et aussi à Vladimir Poutine. La nomination de Mogherini, elle, constitue une lueur d’espoir pour ceux qui aspirent à des allègements de la «politique d’austérité» allemande – le tout avec une cure de rajeunissement qui ne pourra que faire du bien à l’Europe.

Donald Tusk est tout le contraire de son prédécesseur Hermann van Rompuy. Si le Belge s’est surtout distingué par une discrétion absolue, frôlant parfois l’effacement par rapport à José Barroso, Donald Tusk est un homme politique qui risque de donner une nouvelle dimension à ce poste. A 56 ans, Tusk, ancien journaliste et activiste du célèbre syndicat «Solidarnosc», a vécu les changements dans l’est de l’Europe et saura défendre les intérêts des états-membres de cette région. Sa nomination constitue aussi un avertissement à Poutine – l’UE fait bloc avec les états qui se situent dans une zone géographique que la Russie regarde avec une certaine envie.

En même temps, Donald Tusk représente la continuité européenne – il s’est toujours fait fort pour le «Triangle de Weimar», donc la coopération franco-germano-polonaise. Tusk pourra donc assumer une sorte de rôle de médiateur entre les états-membres de l’Ouest et de l’Est. En tant que social-libéral, il sera en mesure d’agir comme élément de jonction entre les états qui prônent «l’austérité» et ceux qui aimeraint sortir de la crise en faisant tourner les rotatives de la Banque Centrale Européenne (BCE).

Si la Ministre des Affaires Etrangères Federica Mogherini doit être confirmée par le Parlement Européen comme «Ministre des Affaires Etrangères Européennes», elle a le potentiel de faire oublier les années Catherine Ashton – pendant ces années, l’UE n’avait que peu de poids politique à l’échelle mondiale et il faut admettre qu’Ashton n’a pas réussi à établir une vraie politique européenne en la matière, se limitant à accompagner la politique étrangère des états-membres. La dynamique Mogherini entend interpréter cette position autrement – et de plus, elle représente une nouvelle génération politique en Europe. A 41 ans, elle contraste agréablement avec les «hommes en gris» ayant dominé la politique en Europe.

Si certains observateurs craignent le manque d’expérience de Mogherini qui n’est Ministre des Affaires Etrangères italienne depuis 2013, si d’autres craignent ses bons contacts avec le Kremlin, ce choix rendra l’Europe plus lisible et plus attractive pour les jeunesEuropéens.

Donald Tusk et Federica Mogherini – ces deux nominations sont bien vues. Les deux profitreont de ce mandat pour créer une autre dynamique européenne et leur nomination constitue un nouveau point de départ pour l’Europe. Au lieu de les critiquer avant même le début de leur mandat (qui commence le 1er décembre 2014), il convient de les soutenir et de les laisser fédérer l’Europe autour du leitmotiv de la solidarité. Après Herrmann von Rompuy et Catherine Ashton, ils ne pourront que rendre leurs postes plus efficaces et dynamiques. Un bon choix.

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