Chasseurs-policiers ou chasseurs et policiers ?

Faut-il octroyer des pouvoirs de police à certains chasseurs ? Un apport, se voulant dépassionné et constructif, à un débat très sensible.

Ne vaudrait-il pas mieux instaurer une instance de régulation des chasseurs, plutôt que de confier à certains d’entre eux, des missions de police rurale ? Foto: Bertrand Benazeth / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – Après avoir très largement ouvert les bras au lobby des chasseurs, traditionnellement caressé dans le sens du poil par la droite et l’extrême-droite, le pouvoir macronien en quête d’électeurs à l’horizon 2022, pourrait bien se montrer sensible à la demande du président de la Fédération Française des Chasseurs (FFC), souhaitant l’assermentation de certains de ses confrères pour assurer, en quelque sorte, une police rurale. D’où un tir de barrage militant du côté des anti-chasse, à laquelle a répondu une levée de boucliers médiatique du côté des pro-chasse.

Ou peut-être est-ce l’inverse, car au final, les moyens d’attaque et de défense peuvent s’employer de manière indifférenciée par les deux camps. Or, tant qu’ils se cantonneront dans l’invective mutuelle, il n’y aura pas beaucoup d’espoir de voir le problème sereinement résolu… Mais au fait, de quel problème s’agit-il ? Seulement d’assermenter quelques chasseurs triés sur le volet, comme c’est déjà le cas pour des salariés au service des fédérations de chasse ?

Le climat du débat serait plus sain, s’il n’y avait pas les « accidents de chasse », par rapport auxquels le président de la FFC se positionne en soulignant goguenard que « Le risque zéro n’existe pas. C’est comme ça. ». Alors puisque c’est comme ça, pourquoi ne pas aller au delà de l’initiative « Chasseurs Vigilants », dispositif de collaboration avec la Gendarmerie Nationale, institué dans l’Oise avec la bénédiction du pouvoir macronien fin 2017, puis étendu à d’autres départements, dont le Haut-Rhin, en 2019 ?

Avant de réfléchir à l’éventuelle possibilité de confier des pouvoirs de police, même restreints, à certains chasseurs, fussent-ils sévèrement triés sur le volet, ne vaudrait-il pas mieux commencer par assainir le monde de la chasse ? Chose d’autant plus difficile quand le président de sa fédération nationale, affirme qu’il n’en a rien à faire de réguler la faune et qu’il aime tuer. Ou comment se tirer dans le pied, une balle de gros calibre, quand on veut benoîtement se faire passer pour un gentil écologiste, devant à regret prélever un quota de la faune sauvage, pour éviter à tout-un-chacun les désagréments sa surpopulation.

Par ailleurs, si la chasse procède d’une nécessaire régulation à assurer, pourquoi n’est-elle pas confiée à des spécialistes dûment assermentés, mais accessible à toute personne titulaire d’un permis dont le coût a été en 2018, divisé par deux du fait d’une décision macronienne ? Peut-être parce que derrière ce « sport » et les lobbies qui s’y rattache pour le défendre, agissent les puissances d’argent, pour lesquelles la vie tant animale qu’humaine, n’a de valeur que comptable. D’où les élevages de gibier relâché dans la nature, juste avant les battues, et les parcs de chasse privés.

Si certains chasseurs sont respectueux des consignes de sécurité, de la biodiversité, des humains et animaux domestiques fréquentant la forêt ainsi que ses abords, qu’en est-il des autres dont le comportement et les méfaits restent inexcusables ? Ne faudrait-il pas, avant d’assermenter des chasseurs pour assurer la police rurale, créer une IGPN de la chasse ?

Instance au sein de laquelle, les acteurs du monde de la chasse seraient représentés, mais minoritaires si non à quoi bon ! Instance apte à porter des affaires devant les tribunaux civils, et ayant le pouvoir de suspendre ainsi que d’annuler des permis de chasse. Il ne s’agit pas là de créer une usine à gaz administrative, mais de répondre à la nécessité de régulation, mise en avant par tous les chasseurs. Oui à la régulation de la faune sauvage, quand c’est nécessaire, et oui à la régulation des régulateurs car c’est indispensable.

Après cela, et lorsque les représentants des chasseurs auront donné des preuves de leur civisme. Il sera toujours temps de discuter de l’opportunité ou non, de confier à certains d’entre eux, quelques pouvoirs de police par délégation, sous supervision de la Gendarmerie Nationale et de l’Office Français de la Biodiversité, car c’est d’abord et toujours aux représentants de la République d’assurer le maintien de l’ordre…

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