Chemins de fer – une drôle de grève en Allemagne

Après la première grève dans la nuit de mardi à mercredi, la circulation des trains s'est normalisée hier vers midi. Mais rien n'indique que cette grève soit déjà terminée.

Cette fichue grève put reprendre à tout moment. Foto: KL

(KL) – C’est une drôle de grève que mène actuellement le syndicat des conducteurs de train GDL en Allemagne. Entre mardi, 21 heures et mercredi 6 heures, les trains ne roulaient pas. Toutefois, dans la matinée de jeudi, la circulation des trains régionaux était encore perturbée et ainsi, de nombreuses personnes ont eu des retards pour se rendre au travail. Une fois de plus, les grévistes se sont trompés de cible.

Quelle démonstration de pouvoir ! Le patron du syndicat GDL, Weselsky, a pu démontrer qu’il est en mesure de paralyser le pays. Chic. Facile. Quand on peut manipuler le personnel roulant de la Deutsche Bahn, il est logique qu’on soit en mesure d’embêter les usagers. Et alors ? Le GDL a gagné quoi ? De la solidarité dans la population ? Certainement pas. Il est tellement évident que cette grève sert surtout à assouvir les phantasme de pouvoir du chef d’un syndicat que les usager des trains sont, à juste titre, furieux contre cette nouvelle «prise d’otages».

Et maintenant, tout le monde dépend du bon vouloir de Monsieur Weselsky qui, fort du vote de 91% de ses membres en faveur de cette grève, peut décider à tout moment de la reconduire, aux endroits et horaires qui lui font plaisir. De centaines de milliers de travailleurs doivent maintenant suivre cette grève pour pouvoir, le cas échéant, tenter d’organiser leur déplacement au travail par d’autres moyens.

Pour une fois, on comprend la position de la Deutsche Bahn qui refuse de négiocier des conventions collectives différentes avec différents syndicats au sein de la même entreprise. La présence de deux syndicats n’avait rien de dérangeant jusqu’au moment où le GDL, dont le nombre d’adhérents est largement inférieur à celui de son concurrent EVG, avait décidé de vouloir représenter non seulement les conducteurs de trains, mais aussi d’autres catégories de cheminots qui sont déjà représentées par l’EVG. Il n s’agit donc pas des 5% d’augmentation et de la réduction du travail hebdomadaire de deux heures que reclame le GDL, mais cette grève n’est autre qu’un instrument dont le GDL abuse pour une «reprise hostile» d’un syndicat plus important. Hormis le fait que cette tentative n’est pas très élégante, elle ne concerne en rien la Deutsche Bahn et encore moins les usagers des trains.

La grève est un outil extrêmement important, souvent le seul moyen d’obliger le grand capital à partager un peu plus équitablement les richesses produites par les gens qui travaillent. Il s’agit souvent du seul moyen pour améliorer de mauvaises conditions de travail, et un tel instrument est important pour l’équilibre social dans la société. Sauf lorsqu’on abuse de cet instrument à des fins différentes. Comme l’ambition personnelle ou politique. Cet abus d’un instrument qui doit être employé avec parsimonie et intelligence, remet en cause un accord social et ce, sur le dos de la population.

A tout moment, cette grève peut reprendre. La population active doit suivre le moindre mouvement, car les travailleurs et travailleuses doivent pointer à l’heure au travail, qu’il y ait une grève ou non. Le travailleur qui arrive en retard ou qui ne peut pas se rendre à son lieu de travail faute de moyen de transport, est fautif. Et peut, dans le pire des cas, être sanctionné. Les cheminots s’en fichent, tout en s’attendant en retour à une vague de solidarité de la part de ceux dont ils mettent l’emploi en péril.

Avec des syndicalistes comme Weselsky, le clivage social dans la société risque de se creuser davantage, tout en remettant en cause l’un des droits des travailleurs les plus précieux. Au lieu de suivre cet homme aveuglement, les membres du GDL feraient mieux de réflichir un peu et de quitter le GDL pour rejoindre l’EVG. La suite ? Les prochains jours ? Allez demander à Monsieur Weselsky, lui seul le sait.

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