¡Churros con chocolate!

Les churros, que l’on a vu en France, il y a quelques années, envahir les Marchés de Noël, se consomment traditionnellement au petit-déjeuner dans les pays hispanophones.

Qu’existe-t-il de plus espagnol au petit-déjeuner, que des churros trempés dans du délicieux chocolat ? Foto: tahaji / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Après, sans s’étouffer accidentellement, avoir avalé douze grains de raisin au rythme des douze coups de minuit, pour nombre d’Espagnol(e)s, lors de la Nochevieja (Nuit de la St Sylvestre), la fête se prolonge jusqu’au matin, où une autre tradition veut que l’on savoure des churros trempés dans du chocolat. Bien mieux que les sticks plongés dans une célèbre pâte à tartiner, à défaut d’associer sucré et salé, les churros con chocolate renvoient au petit déjeuner le plus typiquement espagnol : el chocolate con churros !

Les spécialistes divergent sur les origines de ces beignets longilignes, qui parfois prennent la forme d’une goutte d’eau. Pour certains, forcément internationalistes, il faut aller les chercher en Chine d’où des moines portugais auraient importé le youtiao, alors que pour d’autres, visiblement plus nationalistes, ils seraient une création des bergers du centre de l’Espagne. Mais avec le tulumba turc ressemblant étrangement au churro espagnol, il y a de quoi en perdre son latin quant de surcroît, on apprend qu’une recette identique figurait déjà dans un ouvrage de cuisine romaine du Ier siècle avant notre ère…

Farine, sucre, sel, beurre, huile et eau étant des produits basiques chez les paysans, les churros restent de grands classiques du petit déjeuner dans le monde rural espagnol. Évidemment, pour les tremper dans du chocolat il faudra attendre les retours sur dévastation de la Conquista, puisque le cacao nous vient de l’Amérique Précolombienne où les fèves de l’Arbre des Dieux servaient de monnaie d’échange. Ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que l’association churro – chocolat se popularisa, car si dès le XVIe siècle, les classes dominantes consommaient des préparations cacaotées dont certaines avaient des vertus médicinales, le peuple n’en bénéficia qu’à compter de la Révolution Industrielle.

En Espagne et dans de nombreux pays d’Amérique Latine, on trouve des churrerías quasiment à tous les coins de rues. Ce beignet qui doit son nom à la brebis chourra, une race ovine de la région de Castilla y León, connaît aujourd’hui de nombreuses déclinaisons et maints dérivés. Nature ou fourrés, trempés ou à tremper dans du chocolat, leur qualité se mesure à leur fraîcheur les faisant servir chaud, leur croustillance tout un restant huileux, et bien sûr quand on les consomme en plein air, leur présentation dans un cône en papier à l’instar des authentiques frites belges !

Pour réaliser vous-mêmes vos churros, en suivant une recette très culturelle, mettez-vous à l’écoute de Fray Ángel Ramón Serrano, mais vous pouvez aussi traverser l’Océan Atlantique pour vous rendre au Mexique afin d’y rencontrer Olivia qui vous en présentera deux versions. Façonnés à l’aide d’une simple douille, Rosa vous fera la démonstration de churros à réaliser sans posséder pour autant un matériel de professionnel.

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