Cinéma : que c’est dur d’être «le nouveau»…

Le cinéma français est tellement vivant ! De nouveaux talents fleurissent, autant en ce qui concerne les jeunes réalisateurs, les jeunes acteurs… quelle richesse !

"Le Nouveau" de Rudi Rosenberg perpétue une tradition cinématographique française qui a pris ses origines dans "La Boum"... Foto: Mars Distribution

(Par Nicolas Colle) – Premier film et espoir d’une première réussite pour le jeune Rudi Rosenberg qui signe là une chronique adolescente à la fois tendre, authentique empreinte d’un  réalisme très éloigné du romantisme de « La Boum » qu’on ne renie pas pour autant. Nous avons eu l’occasion de rencontrer ce cinéaste prometteur pour Eurojournalist(e).

Est-ce que ce film reprend des éléments de votre propre vie ?

Rudi Rosenberg : Il y a un peu de moi dans chaque personnage. J’ai souvent été «nouveau» quand j’étais adolescent car mes parents ont régulièrement déménagé et j’ai donc été amené à changer de collège à plusieurs reprises. Je voulais raconter l’état d’esprit dans lequel on peut être dans ces cas là. Avec toutes les difficultés que ça suppose pour s’intégrer.

L’exclusion et tout ce qu’elle peut avoir de douloureux, c’est justement un des thèmes du film. C’est quelque chose que beaucoup d’entre nous ont vécu. Quel regard personnel vouliez-vous apporter sur cela ?

RR : Je ne voulais pas tomber dans quelque chose de trop manichéen. Car je pense que même si l’exclusion existe, avec d’un côté ceux qui sont rejetés et de l’autre ceux qui sont à la fois cools, beaux gosses et qui font souffrir les plus faibles, il n’y a rien de vraiment très conscient là dedans. Les forts veulent seulement s’amuser et ils ne se rendent pas forcément compte qu’ils peuvent faire souffrir des plus fragiles qu’eux. Donc je tenais à avoir un regard assez nuancé par rapport à ça.

Vos jeunes comédiens sont étonnamment «pro». Comment les avez-vous recrutés ?

RR : On a procédé à un casting d’une très grande ampleur. On a vu pas moins de cinq mille enfants à travers toute la France. Je voulais des jeunes qui n’avaient encore jamais fait de cinéma. On a donc procédé à un «casting sauvage», en se rendant dans les écoles, les cantines, ce qui est d’ailleurs assez rare à notre époque mais qui ne l’était pas à celle de «La Boum». On s’est donc permis de demander aux surveillants et aux enseignants quels étaient ceux et celles qui étaient les plus insolents et les plus bordéliques.

En effet, quand on les voit ensemble à l’écran, on se dit que le tournage n’a pas dû être de tout repos pour vous ?

RR : C’est vrai que toute leur énergie a rendu le tournage très joyeux mais aussi très long et difficile. Mais en même temps, le fait qu’ils soient si insouciants, peu rigoureux et qu’ils se moquent de la caméra, a permis d’amener une émotion très authentique. Et puis je ne me suis pas contenté de filmer seulement les scènes écrites dans le scénario, j’ai également volé un grand nombre d’instants qu’ils ont pu tous vivre ensemble sur le plateau et qui témoignent encore davantage de leur amitié. Du coup je me suis retrouvé avec près de 250 heures de rush. Inutile de dire que le montage a été également très pointu puisque le film dure maintenant une heure et vingt minutes.

Comment expliquez-vous que le personnage du «Nouveau» renonce à son envie de s’intégrer aux adolescents les plus populaires de son collège et choisit de se lier avec les plus marginaux ?

RR : Il comprend que ce sont eux qui comptent vraiment pour lui et que c’est avec eux qu’il a le plus d’affinité. On ne choisit pas consciemment ses amis, c’est la vie qui fait les choses. Au départ, en raison de leur marginalité, il n’a pas forcément envie d’entrer en contact avec eux, puis il finit par voir ce que personne d’autre n’a su voir chez eux. A savoir qu’ils sont très généreux, drôles, différents et libres surtout. Je pense que ce sentiment de liberté passe avant tout par l’acceptation d’être différent. Et pour moi, la vraie victoire de ces personnages, c’est qu’ils parviennent à s’affranchir du regard des autres.

Donc, pour vous, cher Rudi, votre réussite aura été celle de nous offrir un film dans lequel chacun de nous pourra se reconnaître et revivre des souvenirs douloureux mais aussi et surtout… généreux.

Pour visionner la bande annonce du «Nouveau», CLIQUEZ ICI !

Affiche Le Nouveau OK

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste