Ciudadanos : drôle de citoyenneté..

Ciudadanos - un parti aux convictions et attachements à géométrie variable.

L’oriflamme de Ciudadanos flotte à Zamora, ville où fut signé le traité consacrant l’indépendance du Portugal au XIIe siècle - mais quelle est vraiment l’indépendance de ce parti espagnol ? Foto: Carlos Teixidor Cadenas / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Dernier coup d’éclat de « Ciudadanos », ou plus exactement « Citoyens – Parti de la Citoyenneté », comme il se nomme précisément, sa présidente Inés Arrimadas faisait fin juin avec deux heures d’écart, une démarche similaire à celle de Santiago Abascal, leader du parti nationaliste Vox. Il s’agissait de présenter un recours devant la Cour Suprême, à propos de la grâce accordée aux dirigeants indépendantistes catalans, emprisonnés depuis 2017.

C’est évidemment Pedro Sánchez qui est visé, par cet attelage qui ne dit pas son nom. Oui, Inés Arrimadas a bien été cheffe de l’opposition au Parlement de Catalogne de 2012 à 2019, avant de devenir députée au niveau national, puis présidente de Ciudadanos. Non, les délégations de Ciudadanos et Vox avec leurs leaders, ne sont pas venus présenter leurs requêtes ensemble et exactement au même moment.

Dans le prolongement de cette démarche, Santiago Abascal somme Pablo Casado, le président du Partido Popular (PP), de promouvoir au Congrès une motion de censure contre le Gouvernement Sánchez, sans quoi il en prendra l’initiative lui-même. Le positionnement d’Inés Arrimadas, ainsi que le lieu et le moment de son expression publique, posent alors question.

D’autant plus qu’en 2020, Ciudadanos a soutenu le Gouvernement Sánchez. Mais en 2019, Ciudadanos avait aussi soutenu Manuel Valls aux élections municipales de Barcelone, qui n’obtenant que 13% des voix et avait lâché le parti libéral-centriste, lui reprochant son virage à droite et appelant à voter au second tour pour Ada Colau (Barcelone en Commun) contre l’indépendantiste Ernest Maragall i Mira (Gauche Républicaine de Catalogne – ERC) qui était alors en tête.

Manuel Valls affirme ce jour là qu’il sauve la Catalogne de l’indépendantisme et occulte qu’il trahit Ciudadanos pour tenter un rapprochement vers Pedro Sánchez. Mais en matière de mouvements oscillatoires, Ciudadanos n’est pas en reste. Créé en 2006, à partir d’une plate-forme citoyenne née l’année précédente, Ciudadanos se voulait une nouvelle force politique, s’opposant au nationalisme catalan. Ainsi est-il surprenant de voir aujourd’hui ses responsables, d’une certaine manière, emboîter le pas du nationalisme espagnol.

Si d’aventure, Santiago Abascal parvient à obtenir, à un moment ou à un autre, le vote d’une motion de censure contre le Gouvernement Sánchez, comment se positionneront Inés Arrimadas et Ciudadanos ? Peut-être à la façon des opportunistes dont, tôt ou tard, les contradictions leur reviennent à la figure par effet boomerang. A ceci près que de nos jours, la révélation de la déloyauté n’a plus l’impact qu’on lui a connu au temps de la chevalerie…

De 2006 à 2014, Ciudadanos fondé à Barcelone, concentrait son action sur la Catalogne. Ce qui lui permit d’entrer au Parlement de la Généralité, puis dans des Conseils Municipaux. Se développant au niveau national à partir de 2014, ce mouvement étiqueté initialement de tendance social-démocrate, a fait son « aggiornamento » pour virer vers la droite, allant jusqu’à pactiser avec l’extrême-droite, comme en Andalousie en 2018.

Ce qui ne l’empêcha pas de se rapprocher en 2020 du Gouvernement de Pedro Sánchez (PSOE-UP), afin de contrer ses alliés de Podemos et la Gauche Républicaine de Catalogne (ERC). Voilà qui illustre alors parfaitement comment ce parti navigue à vue, et même à courte vue. A ceci près que de nos jours, ce genre de comportement opportuniste n’a plus l’impact qu’on lui a connu dans le monde prétendu ancien…

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