Clémentine Autain vs les Faussaires de la République

Un réquisitoire implacable, contre ceux qui n’ont que le mot de « République » à la bouche, pour mieux en enterrer l’idée, mais aussi des solutions pour sortir de ce cloaque fascisant.

Clémentine Autain, qu’on l’aime ou pas, lire ce qu’elle écrit sur la République n’est pas une perte de temps. Foto: Jean-Marc Claus

(Jean-Marc Claus) – On peut ne pas aimer Clémentine Autain, la trouver clivante, intrigante et plus encore, mais il n’en demeure pas moins que son libelle publié aux éditions du Seuil en mars dernier, a le mérite d’être une mise au point particulièrement bien documentée. Même si la quarantaine de pages d’un texte rédigé façon discours fleuve de Fidel Castro, a quelque chose de déroutant, car manquant de structure visible qu’un découpage en chapitres aurait rendu plus accessible, son argumentation logique se tient et les faits mentionnés sont têtus, comme dirait un chauve prénommé Vladimir né en 1870 et qui avait raison.

Tout comme la laïcité, la République est dans notre pays prise en otage par des forces politiques réactionnaires, chose dont l’auteure a pleinement pris conscience en décembre 2016, lorsqu’un Premier Ministre français surnommé à juste titre « Monsieur 5% » l’accusait d’avoir passé des accords secrets avec les Frères Musulmans. Allant au-delà de l’insulte qui lui était adressée et de son seul cas, elle a depuis analysé finement la stratégie visant à instrumentaliser la République pour cliver l’arc politique. A la manière d’un Macron déplaçant le débat sur le terrain « progressistes versus nationalistes », plutôt que d’opposer droite et gauche, Valls initia un clivage faisant encore florès aujourd’hui, entre ceux qui s’inscriraient dans la République et les autres.

Initia ou plus exactement ré-initia, car cet argument biaisé fut employé maintes fois au siècle dernier et même avant. « Instrumentalisée, dévitalisée, rabougrie par un concert de personnalités qui n’en ont que le mot à la bouche pour mieux en enterrer l’idée » (page 17), telle est aujourd’hui la République en notre pays. Une méthodologie éprouvée sous Hollande pour discréditer toute contestation à gauche, et reprise sous Macron pour faire endosser à la gauche de transformation sociale, la responsabilité des paroles et des actes d’une minorité d’extrémistes comme par exemple le Parti des Indigènes de la République (page 24).

Ce qui, loi asile et immigration, loi sécurité globale et loi séparatisme aidant, conduit les politiques à ne plus se préoccuper d’une chose : obtenir et conserver leur brevet de « républicanité ». Or, la République, toujours inachevée (page 28), est un état d’esprit avant même de constituer un régime politique (page 32). Mais Clémentine Autain pointe aussi avec justesse que « Hier comme aujourd’hui, il existe des tenants d’une république libérale, censitaire, celle des manoirs et des châteaux, profondément élitiste, bourgeoise, méfiante du peuple en action, dénonçant un État tentaculaire mais toujours soucieuse de la préservation et de l’extension d’un appareil d’État sécuritaire. » (page 36).

Pour Clémentine Autain, la République est un outil pour le progrès humain à condition de la remplir d’aspirations populaires et émancipatrices. Ceci ne se réalisant qu’avec la mise en œuvre de la démocratie, qui, comme elle le souligne à juste titre, « n’est pas soluble dans la communication » (page 39). Or, aujourd’hui, « la concentration des pouvoirs politiques, économiques et médiatiques entre les mains des classes sociales les plus favorisées, matériellement et culturellement, n’est pas acceptable » (page 38). Quelles sont alors les solutions proposées ? Pour le savoir, il importe de lire le dernier quart du libelle…

Les Faussaires de la République par Clémentine Autain
Éditions du Seuil – Coll. SeuilLibelle – 03/2022 – 50 pages – 4,50€

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