Climat, COP25 : tout ça pour ça

13 jours de conférence, 6 reports de la manifestation de clôture et comme résultat, des déclarations tièdes et la prise de conscience que les états industrialisés veulent aller vers le « colonialisme CO2 ».

"Time for Action" était le leitmotiv de la COP25 - dommage qu'il n'a pas été respecté... Foto: Ministry of the Presidency. Government of Spain / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(KL) – Quelle déception ! Les ONG sont choquées, les petits Etats sont révoltés. La COP25 Chili / Madrid constitue une sorte de dépôt de bilan de la lutte contre le réchauffement climatique, et elle a démontré ce que les Etats qui polluent le plus cette planète veulent réellement. Ils veulent avoir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière. Et continuer à polluer.

Il est important de commencer par un constat – depuis la COP21 à Paris, aucun Etat n’a respecté ses engagements pour ce qui concerne la baisse des émissions CO2, donc des principales responsables du réchauffement climatique. Au contraire : malgré les belles déclarations, définitions d’objectifs et accords de toute sorte, le monde a enregistré l’an dernier le plus fort taux d’émissions CO2 de tous les temps. Comprendre : on s’engage à polluer moins et on pollue plus. Sous cet angle, il faut lire le document final de la COP25 – où les Etats se promettent mutuellement de définir, d’ici la prochaine conférence, des objectifs plus ambitieux concernant une réduction des émissions à l’horizon 2030.

Mais grâce à la pression internationale (merci, Greta Thunberg et les « Fridays for Future » !), le sujet du changement climatique ne peut plus être effacé de l’agenda politique. Même les efforts des « climatosceptiques » ne suffisent plus : dans le monde entier, les gens demandent un changement d’attitude de la part des gouvernements et de l’industrie. Détruire cette planète pour le seul bénéfice d’une poignée d’actionnaires déjà ultra-riches, ça ne passe plus. Mais les états industrialisés ont trouvé une solution : le « colonialisme CO2 ». Toutefois, et malgré les pressions, les « petits Etats » n’ont pas voulu signer une « déclaration finale » qui aurait entériné une formule qui démontre clairement qu’au lieu de réduire les émissions, certains Etats industrialisés voudraient faire de la pollution un business.

Le « colonialisme CO2 » – Le concept concocté par les Etats qui polluent le plus, les Etats-Unis et le Brésil en tête, est effectivement génial. Ils veulent désormais installer des systèmes énergétiques propres (solaire, éoliennes, hydraulique) dans des pays pauvres et faire valoir la pollution ainsi économisée dans ces pays, sur leurs propres comptes de pollution. Et ça, c’est génial : on oblige, par exemple, un pays en voie de développement en Afrique, de permettre l’installation d’un grand parc solaire qui sera réalisé par des entreprises venant des pays industrialisés. Pour obtenir les autorisations, il suffira certainement d’appuyer un peu sur le fait que les aides financières pour ce pays pourraient être plus ou moins généreuses, selon la coopération pour ce projet. On installe donc un tel parc solaire, on réalise une étude qui dira que ce parc solaire baisse les émissions dans le pays concerné de, disons, 5%, et on déduit ces 5% de son propre compte pollution. Cela n’est autre que le « colonialisme CO2 », un modèle d’affaires des plus cyniques et surtout, ce projet ne contribuera en rien à baisser les émissions CO2 au niveau mondial.

Ce merveilleux système permettrait donc de continuer à polluer dans son propre pays comme maintenant, tout en faisant semblant de baisser les émissions CO2. On fait travailler ses entreprises spécialisées dans les pays pauvres, ce qui réduit le chômage à la maison, et on peut mener une excellente communication. Si, pour l’instant, les pays pauvres ne veulent pas avaliser ce concept, il figurera à nouveau sur l’agenda lors de la conférence 2020 à Glasgow.

La COP25 Chili / Madrid marque un tournant dans la gestion de la question climatique. Les grands pollueurs continuent à polluer comme jamais avant et ils ont désormais deux objectifs : assurer une « communication verte » et profiter de cette situation pour mettre en œuvre un nouveau modèle d’affaires aux parfums du colonialisme.

Les accords, les objectifs, les déclarations ne servent strictement à rien – force est de constater que ceux qui polluent notre Terre le plus, n’ont pas la moindre envie d’arrêter ou d’inverser la destruction de notre planète. Le plus surprenant dans tout ça, c’est tout de même que nous continuons à voter pour ceux qui sont responsables de la poursuite de la mise à mort de la Terre. La politique pourrait arrêter cette catastrophe en imposant des règles différentes – et nous, nous continuons à voter pour les marionnettes des lobbies. Peut-être l’Humanité est-elle trop bête ? Les méduses et certains reptiles vivent sur cette Terre depuis 600 millions d’années – l’Homme aura tout juste réussi à se maintenir pendant quelques dizaines de milliers d’années. A croire que la « couronne de la création » aura été un « produit de lundi », une erreur lamentable de construction…

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