Codo con codo

« Coude à coude, cette guerre, nous allons la gagner, je te le promets. », peut-on entendre sur les réseaux sociaux et lire dans la presse en Espagne.

Pour mettre un « elbow strike » final au covid-19, il faudra se battre « codo con codo »... Foto: Sgt 1st Class Vaughn Larson / Wikimedia Commons / PD

(Jean-Marc Claus) – Dans une publication de La Vangardia, en date du 07 avril, sur la page Facebook du journal, on peut lire « Codo con codo, esta guerra la vamos a ganar, te lo prometo » (« coude à coude, on va la gagner, cette guerre, je te le promets »). Ce texte est illustré par deux photos de soignants, en tenue de travail Covid qui, sur l’une, se checkent du coude et sur l’autre, se donnent l’accolade. A l’origine de cela, Ana Polegre, infirmière et illustratrice, adresse un message de soutien à ses collègues de Santa Cruz de Tenerife, mais pas qu’à eux.

Si l’Espagne est comme l’Italie très durement frappée par la pandémie de Covid-19, le climat qui y règne semble, en regard de ce qu’en rapportent la presse et les réseaux sociaux, plus sain qu’au pays autoproclamé des droits humains. Évidemment, là-bas comme partout ailleurs, il y a aussi une belle brochette de crétins et de matamores. Le gouvernement doit également rappeler les consignes de sécurité, rassurer les gens quant à la disponibilité des produits de première nécessité et parfois même sanctionner très sévèrement les contrevenants. Cependant, les Espagnol(e)s, pourtant habitués à vivre dehors, parviennent bien à « quédarse en casa », c’est à dire rester à la maison.

Non seulement, ils restent à la maison, mais mieux encore, ils renforcent le lien social en associant nouvelles technologies et anciens modes de communication. TVE, dans son émission « España Directo », montre régulièrement comment se manifeste la solidarité, tant via les canaux numériques que de balcon à balcon ou de maison à maison. A 20h00, quotidiennement, tout le monde ouvre grand les fenêtres, pour applaudir celles et ceux qui, pied à pied et coude à coude, luttent inlassablement contre ce maudit virus. En scannant la presse en ligne, on ne trouve pas beaucoup d’articles rapportant des situations telles qu’en vivent en France certains soignants ou secouristes, ostracisés par leurs voisins et même sommés de déménager. Ce qui ne signifie pas pour autant que la population espagnole serait totalement indemne de la présence en son sein d’abrutis très bas de plafond. Il en existe très certainement, mais la pression sociale aidant, leur parole fielleuse ne se libère pas aussi facilement qu’au beau pays de la France décomplexée.

« Codo con codo », en traduction littérale, donne « coude avec coude », et peut aussi, en l’espèce, s’entendre « côte à côte », car pour se trouver coude à coude, il est plus pratique d’être côte à côte. On entr’apercevoit, dans cette expression, la marche des armées romaines qui, avançant en « mode forfex », prenaient l’adversaire en tenaille. Il y a aussi, dans cette formule, que cela soit voulu ou non par l’auteure de la publication initiale, une référence à éternuer dans son coude. Une salutaire mesure de prophylaxie, à pérenniser bien après la crise. Les illustrations de soignants se checkant du coude ou se donnant l’accolade, choisies pour appuyer le propos d’Ana Polegre, sont très belles, mais elles ne doivent pas faire oublier pour autant, que le combat n’est pas à mener par les seuls soignants. Il appartient à toutes et à tous,  d’être « codo con codo », pour chopper de virus en « forfex » et lui mettre, façon krav-maga, un « elbow strike » final.

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