Combattre le Daesh ? Bien sûr, mais sans hypocrisie !

Si on comprend aisément la réaction de la France aux attentats de Paris, à savoir les frappes aériennes contre le Daesh, elle ne sert pas à grande chose. Pour combattre le Daesh, il faut changer d'optique.

Pour priver le Daesh de ses possibilités d'agir "en état", il faut le priver de ses ressources. A tous les niveaux. Foto: Leopoldo Christie / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – La presse allemande titre déjà «François Hollande se surpasse», en le comparant à George W. Bush et les réactions américaines après les attentats sur le World Trade Centre à New York en 2001. Mais cette réaction, aussi compréhensible qu’elle soit, ne peut en aucun cas résoudre le problème – car en parallèle, nous continuons à entretenir la base de l’Etat Islamique et ce, pour des raisons de la sacro-sainte croissance économique.

D’une part, l’Etat Islamique contrôle, selon un documentaire diffusé sur ARTE, 24 banques en Irak et en Syrie qui elles, sont totalement intégrées dans les flux des capitaux à travers les banques internationales, donc aussi des banques européennes. Il faut absolument couper les vivres à l’Etat Islamique, leur retirer les bases de leur opérations, les priver des possibilités d’établir ce «califat» comme un véritable état. Car Daesh, ce n’est pas un état, mais une organisation criminelle et terroriste qui utilise un prétexte religieux pour mener le combat le plus criminel depuis la IIe Guerre Mondiale. En leur coupant les vivres, on les prive déjà d’une partie de leur possibilité de fonctionnement.

D’autre part, et cela concerne l’ensemble des nations industrialisées, en premier lieu l’Allemagne et la France, il faut immédiatement stopper les livraisons d’armes dans cette région. Les «partenaires respectables» qui sont l’Arabie-Saoudite, le Koweït ou d’autres états dans la région, ne sont pas aussi respectables que ça. On sait que les armes que nous leur fournissons (l’Allemagne étant le 3e exportateur d’armes, la France le 4e au niveau mondial), arrivent plus tôt ou plus tard aussi entre les mains de ces criminels. Seul un moratoire immédiat entre toutes les nations décidées de combattre le Daesh de stopper toute vente d’armes dans cette région et/ou à des états qui entretiennent des relations commerciales avec ces pays, pourra au moins rendre l’approvisionnement en armes plus difficile au Daesh.

Ajoutez à cela une «cyberguerre» comme celle lancée par des activistes «d’Anonymus», la mise à disposition de fonds et de ressources non pas aux services secrets qui eux, ont une nouvelle fois fait preuve de leur obsolescence et inefficacité, mais aux groupes de jeunes talents informatiques capables non seulement d’écouter autrui, mais de détruire les structures de communication des terroristes, et on dispose déjà d’un premier paquet de mesures.

Mais les réalités sont différentes. Pour sauver nos emplois dans l’industrie d’armement, pour protéger les intérêts des Dassault, Rheinmetall, Heckler & Koch et tous les autres, nous continuons à fermer les yeux devant le fait que nous-même fournissons les équipements nécessaires à ce conflit qui maintenant, est définitivement arrivé chez nous. Sacrifions des emplois dans cette industrie de la mort, imposons aux banques le gel de tous les fonds sur lesquels flotte le doute du financement du terrorisme, décidons de lourdes peines pour tous ceux qui commettent des infractions à ces règles !

Envoyer des troupes terrestres en Syrie, ne servira à rien. On a vu le succès des opérations américaines, russes, européennes en Afghanistan, en Irak, en Syrie et ailleurs dans la région – il s’agirait d’une «guerre classique» que nous ne pourrons pas gagner. Il faut donc songer à un autre type de combat où les interventions militaires ne pourraient constituer qu’un élément parmi d’autres pour venir à bout de ces terroristes.

Mais pour cela, il faut arrêter l’hypocrisie. Qui veut combattre le Daesh ne peut pas continuer à livrer des armes dans cette région avec un regard innocent, souvent en déjouant les règles en fournissant des équipements en pièces détachés qui peuvent facilement être assemblées sur place.

Nous savons aujourd’hui que les réactions américaines suite aux attentats sur le World Trade Center en 2001 n’ont pas du tout contribué à pacifier le monde, à anéantir le terrorisme islamiste, à calmer la situation dans la région. Il serait, par conséquent, judicieux de ne pas commettre les mêmes erreurs une deuxième fois. Combattre la violence uniquement par la violence, cela augmente certes la réputation des maréchaux, mais n’aboutit à rien, sauf à intensifier la spirale de la violence.

Combattons le Daesh, mais sans hypocrisie, en les frappant là où ça leur fait vraiment mal. Les bombardements actuels ne peuvent guère plus qu’envoyer un signal au Daesh que désormais, ce sera du sérieux. Mais ce sérieux, il faudra le lancer dès maintenant. A tous les niveaux.

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