Comme dans la cour de récréation…

La Russie et l'Occident se comportent actuellement comme des gamins dans une cours de récréation. Pourvu que les chamailleries ne se terminent pas en larmes...

Deux qui se chamaillent comme des gamins dans une cour de récréation... Foto: kremlin.ru / Wikimedia Commons / CC-BY 4.0

(KL) – Depuis des semaines, les USA, la Russie et parfois même l’un ou l’autre politique européen essayent de maintenir un dialogue entre les « superpuissances » qui n’en est pas un. Les deux côtés se menacent mutuellement, et ne loupent pas une occasion pour lancer des provocations aussi inutiles que dangereux. La dernière en date, le refus américain d’accorder un visa à Nicolai Tchoub, un cosmonaute russe qui devait se rendre à Houston, Texas, pour s’y préparer à une mission spatiale avec des collègues américains en 2023.

Cette nouvelle provocation s’inscrit dans l’ambiance actuelle où les puissances impliquées roulent les mécaniques, s’annoncent mutuellement des sanctions et se comportent comme si elles préparaient un conflit important. Ce refus de visa pour un cosmonaute retient toutefois l’attention, car jusqu’ici, les différends entre les USA et la Russie n’avaient pas affecté la coopération scientifique entre les deux pays et là, les Américains ouvrent maladroitement un nouveau chapitre qui ne fera que peser sur ces relations déjà assez tendues comme ça.

A cela il faut ajouter les tensions toujours aussi importantes en Europe Centrale où l’Ukraine n’est pas le seul pays à craindre une intervention russe. Les appels à l’aide ukrainiens reçoivent un écho assez mitigé.

Une fois de plus, l’Europe n’est pas à la hauteur de la situation et montre pourquoi elle ne compte pas vraiment sur l’échiquier politique mondial. Pendant que la Grande Bretagne se déclare prête à fournir des armes à l’Ukraine, l’Allemagne, elle, refuse en indiquant préférer la voie diplomatique. D’accord, la Grande Bretagne ne fait plus partie de l’Union Européenne, mais elle est et restera un pays européen. Et les pays européens n’arrivent pas à dégager des positions communes face à tous les conflits et crises dans le monde.

Celui qui profite de ce manque de cohérence entre les pays européens, les Etats-Unis et d’autres pays du bloc occidental, n’est autre que Vladimir Poutine. Le président russe poursuit tranquillement son projet de la mise en œuvre d’une « URSS 2.0 » et puisque le monde occidental est incapable de développer des stratégies communes, Poutine peut continuer son travail.

Quand est-ce que l’Union Européenne sera en mesure d’élaborer une politique commune ? A quoi sert notre « ministre des affaires étrangères » européen, l’Espagnol Josep Borrell ? Comme sa prédécesseur, l’Italienne Fédérica Mogherini, il n’a aucune « position européenne » à défendre, car il n’y en a pas. Par conséquent, l’Europe doit se limiter à un rôle de spectateur dans quasiment tous les dossiers d’actualité et même si les responsables des pays européens se joignent aux menaces américaines en direction de Moscou, personne en Russie ne les prend au sérieux.

Si la diplomatie européenne et américaine se distingue par un haut degré d’amateurisme, la Russie dispose en Sergueï Lavrov d’un diplomate rôdé à toutes les joutes qui sur le front diplomatique, tire toutes les ficelles.

« Si tu attaques l’Ukraine, tu vas voir ce que tu vas voir », tel est le discours occidental vis-à-vis de Poutine. « Vous avancez vos pions de l’OTAN en direction de nos frontières, vous allez voir ce que vous allez voir », est la réponse de la Russie. Comme dans une cour de récréation. Il faudra faire très attention que ces chamailleries verbales ne se transforment pas prochainement en actes irréparables. Ce ne serait peut-être pas un mauvais moment pour que l’Union Européenne commence à se comporter comme une Union Européenne et non pas comme une administration qui ne fait pas beaucoup plus que de s’auto-administrer.

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