Comme si la Covid-19 n’existait pas…
Alors que la Covid-19 touche quotidiennement de nouvelles victimes, des individus continuent à en nier la gravité, et parfois même l’existence.
(Jean-Marc Claus) – Au regard de l’énergie folle qu’ils dépensent à s’échiner pour occuper le terrain sur les réseaux sociaux, et parfois même la place publique, il est aujourd’hui bien difficile de ne pas croiser l’un ou l’autre de ces corona-négationistes acharnés, « querdenker » patentés ou lanceurs d’alerte auto-proclamés. Depuis peu, nombre d’entre eux se victimisent en affirmant sans sourciller, vivre sous une terrible dictature sanitaire.
Une dictature tellement terrible qu’aucun n’est, jusqu’à preuve du contraire, raflé au petit matin, mis au secret et torturé, puis traduit devant un tribunal sans visages prononçant des jugements sans appel. S’ils avaient connu le Chili de Pinochet ou l’Espagne de Franco, ces « courageux résistants » pourraient parler de dictature par expérience. Mais comme beaucoup vivent en 2021 au « pays du coup d’état permanent », cet abus de langage leur serait presque pardonnable.
Pardonnable, si leurs forfanteries et rodomontades, les limitaient à se mettre eux seuls en danger, mais ce n’est pas le cas. Tant qu’ils ne sont pas durement touchés par ce mal dont ils nient l’existence, ou pour le moins minimisent la gravité, ils persévèrent dans leur discours paranoïaque à thématique persécutive et mégalomaniaque. Certains font néanmoins les frais de leur entêtement, comme ce leader des manifestations de « Querdenker » qui en décembre dernier, s’est retrouvé intubé pour cause de Covid-19.
L’inconscience de ces individus coûte cher à la protection sociale dont ils jouissent, dans nos pays dits développés. Mais la solidarité à laquelle les valeurs de notre civilisation nous enjoignent, ne peut s’en exonérer sans perdre toute dignité. Cependant, leur comportement et leur activisme, mettant en danger l’intégrité physique et même la vie de tiers, ne serait-il pas plus juste qu’ils en soient reconnus pénalement responsables, et tenus d’en assumer personnellement les conséquences ?
Il suffit de regarder Outre-Atlantique, plus spécifiquement en Amérique du Sud et juste au Brésil, pour comprendre combien cette maladie est mortelle à grande échelle lorsque les populations n’ont pas accès aux soins, que les mesures prophylactiques sont difficiles à assurer, et quand rien n’est mis en place pour subvenir aux besoins élémentaires de ceux que la pandémie prive de travail.
Qu’en Europe, tel ou tel gouvernement s’y prenne mal pour juguler la pandémie, qu’il profite de la situation pour réduire les libertés individuelles, que les boursicoteurs se frottent les mains à l’idée de prochains substantiels bénéfices issus de l’industrie pharmaceutique, là n’est pas la question première. Sans pour autant nier la réalité de tout cela, il conviendrait de revenir à la question initiale nous ramenant à la réalité de cette maladie, et à ses conséquences pour les personnes qu’elle frappe.
Toutes les vies comptent et surtout, il ne sauve rien celui qui ne sauve pas tout. Alors, quand à ces corona-négationistes acharnés, « querdenker » patentés ou lanceurs d’alerte auto-proclamés, s’associent des professionnels de la santé, il y a tout lieu de se questionner sur les fondements éthiques et les capacités de discernement de ces derniers.
Dans l’arc politique, si l’extrême-gauche n’est pas totalement imperméable au corona-négationnisme et au corona-scepticisme, il est par contre avéré que cette tendance fait extraordinairement recette à l’extrême-droite. Or, l’Histoire a démontré à maintes reprises comment, une fois arrivé au pouvoir, ce mouvement politique considère les libertés individuelles et surtout, combien il sait se montrer inhumain.
Partant de là, peut-on se prétendre humaniste, par conviction personnelle et dans son exercice professionnel, tout en adhérant à des théories conspirationnistes qui font le lit de l’inhumanité ? Ne s’agit-il pas, en l’espèce, non d’un périlleux exercice de grand écart, mais carrément d’un suicide intellectuel par auto-écartèlement ?
Plus largement, l’Histoire a également démontré, que ce n’est pas en soutenant directement ou indirectement la montée de l’extrême-droite, que l’on s’oppose efficacement au capitalisme. Le néolibéralisme et le néonationalisme sont les deux faces d’une même pièce, car le capitalisme n’ayant aucun sens moral, il peut en même temps défendre la mondialisation et promouvoir le protectionnisme.
Dans un cas comme dans l’autre, il y a toujours de l’argent à gagner sur le dos des masses laborieuses. Masses laborieuses dont font partie la plupart des corona-négationistes acharnés, « querdenker » patentés ou lanceurs d’alerte auto-proclamés…
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