Comme si l’Europe avait voulu le Brexit…

Avant le référendum sur le Brexit et avant les élections anticipées qui ont lieu aujourd'hui en Grande Bretagne, l'Europe aurait du se manifester au Royaume-Uni.

En Grande Bretagne, ils sont nombreux à se battre pour le maintien dans l'UE. Mais l'UE ne les a pas soutenus... Foto: Ilovetheeu / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Se lamenter est toujours plus facile que d’agir – comme l’illustre le Brexit, la sortie de la Grande Bretagne de l’Union Européenne. Bien sûr, il y avait le référendum du 23 juin 2016, mais il y avait aussi une campagne avant ce vote, il y avait une longue période avant les élections législatives anticipées et pendant tout ce temps, les puissants de l’Europe se sont contentés de regarder les Britanniques se préparer au départ. Mais pourquoi est-ce que l’Union Européenne n’a pas profité pour lancer une méga-offensive de charme sur l’île britannique ?

Est-ce que l’Union Européenne s’est vraiment battue pour le maintien de la Grande Bretagne dans l’UE ? Est-ce que les institutions européennes ont massivement soutenu les nombreuses associations et initiatives pro-européennes représentant plus de 48% des citoyens et citoyennes britanniques qui souhaitaient que le Royaume Uni reste dans l’UE ? Est-ce que les Juncker, Tusk, Merkel & Cie. se sont rendus personnellement en Grande Bretagne pour promouvoir cette « union des valeurs » dont tout le monde parle, mais qui semble n’exister que sur le papier ? Bien sûr, la réponse à toutes ces questions est « non ». Mais pourquoi ?

Le calcul concernant le Brexit est relativement simple. Avantages = 0, inconvénients = innombrables. Personne ne bénéficiera du Brexit, à l’exception de l’égo d’une poignée de crânes rasés britanniques qui se saouleront pendant quelques semaines de leur sentiment de supériorité, avant de devoir comprendre qu’ils aient catapulté leur pays dans la deuxième zone. Ni la Grande Bretagne, ni l’Europe profiteront du Brexit et quelque part, tout le monde en est conscient.

Même Theresa « Maggie 2.0 » May n’était plus sûre de son coup, organisant par conséquent ces élections anticipées pour s’assurer du soutien du peuple britannique pour cette décision de quitter l’Europe. Et même dans cette situation, l’Europe n’a pas eu l’idée de faire passer un message clair aux Britanniques, pour qu’ils chassent Theresa May et pour que le nouveau parlement britannique puisse revenir sur cette décision d’une bêtise historique que représente le Brexit.

Il est évident que le statut de la Grande Bretagne dans l’UE ne pouvait pas durer – mais considérant que le lendemain du référendum sur le Brexit, l’Europe entière avait parlé d’un « nouveau projet européen », force est de constater que personne, mais vraiment personne, ne s’est mis au travail.

La question du Brexit avait partagé les Britanniques – presque la moitié des électeurs et électrices était en faveur du maintien dans l’UE, une courte majorité s’était laissée berner par les mensonges des Farage, Johnson & Cie. en votant pour le Brexit. Donc, la décision en faveur du Brexit était tout sauf unanime. Il aurait été la responsabilité  des institutions européennes de tout mettre en oeuvre pour éviter une scission européenne, de s’engager dans l’élaboration d’une « nouvelle Europe », de dire aux Britanniques qu’on voudrait qu’ils restent avec nous. Mais l’Europe a préféré se taire, organiser de manière technocratique les négociations sur la sortie et de vociférer sur le « perfide Albion ». Lamentable.

Aujourd’hui, les Britanniques sont appellés aux urnes et comme lors du référendum sur le Brexit, on s’attend à un résultat serré. Si Theresa May et le Brexit devaient obtenir encore une fois une courte majorité, l’Union Européenne portera sa part de responsabilité dans cette évolution. Car si l’Europe n’arrive pas à se faire aimer et à montrer à ses citoyens qu’elle les aime, elle perdra rapidement sa raison d’être. Il est temps que les dinosaurs ayant conduit l’Europe dans sa crise actuelle, partent en retraite et cessent de pourrir cette Europe qui, pendant plus de 70 ans, était le garant de la « pax europeana ».

Vivement les élections européennes de 2019 – l’occasion pour chasser toute une génération de responsables européens qui ont lamentablement failli à leur mission qui consistait à construire une Europe sociale, humaniste et efficace. Est-ce que le crépuscule des dieux européen a déjà commencé ?

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