Comment combattre le terrorisme « domestique » ?

Les attentats terroristes n'arrêtent pas. Toutefois, leur mode opératoire a changé. Face à ce « terrorisme domestique », il faut agir maintenant.

Depuis le 11/9/2001, le terrorisme a changé de mode opératoire. Il faut donc aussi changer la lutte anti-terroriste. Foto: Urban-commonswiki / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Le terrorisme a changé de physionomie ces dernières années. Ce ne sont plus les grandes attaques terroristes qui font trembler le monde, mais une série d’attaques perpétrées de manière presque amateur, commises généralement par des terroristes individuels, originaires des pays européens, radicalisés sur notre sol. Pour combattre efficacement cette forme de terrorisme, il faut s’attaquer à la radicalisation elle-même.

L’attentat au couteau à Paris compte parmi ces actes terroristes « domestiques », perpétrés par une personne qui a été radicalisée chez nous, par des structures dont l’objectif est justement à créer ces « bombes à retardement » dont les actes sont aussi imprévisibles que difficiles à empêcher. Pour venir à bout de ce phénomène, il faut donc combattre la radicalisation ; et cela suppose une étroite coopération entre les communautés et fédérations musulmanes et les autorités.

Les mosquées d’Europe occidentale où prêchent les imams radicaux sont pour la plupart connues. Il incombe désormais aux communautés et fédérations musulmanes d’intervenir, d’identifier les imams radicaux et de les traduire aux autorités – le silence bienveillant des communautés où on tolère la radicalisation d’autrui, vaut complicité avec tout ce qu’il en découle.

Ceux qui prêchent la haine et la radicalisation n’ont pas de place chez nous. Ce sont eux qui préparent le terrain pour des actes comme celui de Paris et les nombreuses autres attaques qui surviennent un peu partout en Europe avec une régularité inquiétante. Ceux qui les couvrent, qui leur permettent de faire ce travail de radicalisation, sont tout aussi coupables – ils soutiennent la gestation de monstres tueurs et ne peuvent pas s’en laver les mains en regrettant entre les dents les attaques perpétrées.

Nos sociétés sont en droit de demander aux communautés et fédérations musulmanes une toute autre façon de gérer les éléments radicaux en leurs rangs. Il en serait de même si les attentats étaient perpétrés par des extrémistes chrétiens, bouddhistes ou hindous. Seulement, ce type de terrorisme se revendique « islamiste », et c’est donc aux musulmans de contribuer à mettre hors d’état de nuire les promoteurs du terrorisme.

La radicalisation se passe dans les mosquées concernées sous les yeux de tout le monde: si on comprend la difficulté de ces communautés de livrer un ou plusieurs de leurs imams aux autorités, c’est pourtant ni plus ni moins que leur devoir. Le prix de la vie dans nos pays est de respecter nos lois et constitutions. Si ces derniers temps, on lit souvent que la seule loi que doit respecter un musulman, c’est la loi du Coran, nous ne pouvons plus tolérer que nos lois ne soient pas respectées. Ceux qui se fichent de nos lois (par exemple celle qui interdit de tuer autrui), ceux qui prêchent la radicalisation, la haine et le terrorisme, peuvent vivre – ailleurs.

Après d’innombrables attaques « domestiques » perpétrées ces dernières années en Europe (et ailleurs), nous devons combattre ce phénomène autrement que par des lois liberticides qui elles, n’empêchent rien du tout. Il faudra donc combattre ce phénomène là où il se crée, dans les mosquées, au niveau des imams radicaux. Nous sommes en droit de demander la coopération des communautés et des fédérations musulmanes qui devraient être les premières à avoir intérêt à ce que cette radicalisation cesse.

Dans un monde qui se polarise de plus en plus, il faut prendre position. Dans le cas présent, il faut prendre position pour ou contre la radicalisation qui mène au terrorisme. On ne peut plus relativiser, on ne peut plus laisser faire. Depuis quelques années, de milliers de jeunes Européens ont été radicalisés, sont partis à la guerre de l’IS, ont été formés pour commettre des attaques en Europe. Ceux qui laissent faire, ceux qui ferment les yeux devant les actions de radicalisation dans leur communauté, en deviennent ainsi des complices. C’est le moment où tout le monde doit se positionner – pour ou contre une vie chez nous.

Si la liberté de croyance est quelque chose d’important qui convient d’être protégée, elle a ses limites là où elle conduit à des actes terroristes. Désormais, on doit considérer cette question de manière plus stricte – soit, les communautés musulmanes identifient les éléments radicaux, soit les autorités doivent fermer les structures où cette radicalisation a lieu. Inciter des personnes à commettre des actes terroristes n’est pas couvert par la liberté de croyance ou d’expression. Il faut maintenant demander avec insistance au monde musulman en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et ailleurs de se positionner clairement. Et ceux qui refusent de combattre ensemble la radicalisation et le terrorisme doivent être combattus eux-mêmes. Ce combat doit être mené maintenant, idéalement avant qu’il soit impossible de construire des ponts au-dessus du fossé qui sépare les différentes communautés. Il en va de la sécurité et du vivre-ensemble dans nos pays.

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