Comment construire l’égalité hommes-femmes ?

Deuxième volet de la mini-série de Christine Faivre. Pour arriver à une vraie égalité femmes-hommes, il faudra responsabiliser tout le monde… 2/3

Pour arriver à une vraie égalité, il convient de sortir des rôles traditionnels... Foto: Gonioul / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Par Christine Faivre) – Mais comment se passe la distribution des rôles dans la famille ? Pourquoi les femmes consacrent plus de temps et s’investissent plus dans leur famille que l’homme ? Pourquoi les femmes travaillent plus souvent à mi-temps pour s’occuper des enfants et des tâches ménagères ? (La prestation partagée d’éducation de l’enfant est assumée à 96% par des femmes et seulement par 4% d’hommes.) Pourquoi prennent-elles le risque d’avoir des revenus plus faibles, un travail moins intéressant, une retraite incomplète ? Il faut bien une raison, une motivation forte?

Cette raison est que tout simplement les femmes assument plus leur rôle de parents et préservent le droit des enfants, le bien-être surtout des tout-petits et ceci sans protection sociale, sans contre-partie. Les femmes ont-elles raison d’agir ainsi ? Que disent les spécialistes, quels sont les besoins des enfants en matière d’éducation ?

Et si les femmes seules et contre tous (les lois, les hommes, les ultra-féministes) avaient raison ? Si les femmes palliaient au manquement des lois, prenaient en charge sans rien dire ce que toute la société devrait porter ? Si les femmes se révélaient plus fortes qu’on l’imagine ?

Pour certains spécialistes, la collectivité (les crèches) est un milieu inapproprié au développement d’un bébé. Miriam Rasse, psychologue en crèches et directrice de l’Association Pikler-Loczy France explique : « la collectivité n’est pas un besoin pour un petit mais un choix ou une nécessité pour les parents. Un nourrisson n’a pas la maturité psychique suffisante pour vivre hors de son milieu familial. Sa principale tâche est de construire son individualité et non pas de faire attention à l’autre. Il est important de rappeler, qu’à la naissance, l’enfant n’a pas conscience qu’il est une autre personne. Il se confond avec sa mère, son entourage ou son environnement. Vers 8 mois, il commence à comprendre que sa mère et lui ne forment pas un tout, d’où la peur de la séparation ».

La psychanalyste Sylviane Giampino, spécialiste de la petite enfance estime également que la collectivité n’est pas réellement adaptée aux bébés. Selon elle, les tout-petits devraient rester au sein de l’environnement parental au moins durant leurs six premiers mois. Après le congé de maternité, le papa devrait prendre la relève. Il faudrait mettre en place un tuilage entre les parents afin de préparer l’enfant, entre ses 4 et 6 mois, à l’entrée dans un mode de garde. » … « Il faudrait lui laisser le temps de construire une relation significative avec sa mère et son père. Car plus l’enfant est jeune, plus le lien qu’il a construit avec ces derniers est fragile », précise la psychanalyste. Ses conclusions sur le mode de garde « jusqu’à l’âge de 3 ans, la collectivité n’est pas préférable. Avant cet âge, l’enfant n’est pas disposé à passer une journée entière avec d’autres enfants. En fait, ce n’est que lorsqu’ il dit ‘je’, c’est-à-dire vers 2 1/2 ans, qu’il aura vraiment conscience de lui-même ». En termes de développement de sa personne, l’entrée en collectivité ne devrait s’effectuer que lorsque l’enfant a atteint le stade de développement où il a les capacités d’évoquer ses parents en leur absence. Avant c’est placer l’enfant en situation de stress.

Où est le respect du développement de l’enfant dans notre société ? – Les politiques familiales donnent aux familles des aides pour la garde des enfants de moins de 3 ans, mais en fait, ce qu’il faudrait d’après les spécialistes, c’est donner la possibilité aux tout-petits (au moins durant les 6 premiers mois) d’être gardés au sein de leur famille afin de respecter leurs besoins physiologiques en matière d’attachement et de sécurité affective.

Il convient de trouver un moyen de concilier pour tous et toutes, droits, devoirs éducatifs, respect du bien-être et de la santé psychologique de l’enfant avec l’activité salariale. Hommes et femmes doivent avoir les mêmes droits d’épanouissement ; il ne s’agit pas de déplacer le problème en faisant supporter les mêmes sacrifices à la moitié des hommes et se dire on a gagné la bataille il y a égalité parce que 50% d’hommes et 50% de femmes prennent en charge100% des tâches ménagères et l’éducation.

Partager les tâches, cesser de faire peser sur les femmes uniquement, tout le poids de l’éducation de la société, des tâches ménagères, du rôle de personne aidante (auprès des parents et même beaux-parents âgés ou malades) indispensables dont tout le monde profite. Il faut un équilibre au sein des couples. Un travail d’éducation de la jeunesse, aussi bien des garçons que des filles, est nécessaire pour faire évoluer les mentalités.

2 Kommentare zu Comment construire l’égalité hommes-femmes ?

  1. Martine HIEBEL // 10. Mai 2018 um 5:54 // Antworten

    Merci, Christine, pour votre engagement : oui, l’harmonie est à chercher d’une manière active et créative dans les domaines concrets de la famille-cellule comme de la famille européenne, dont nous fêtons ensemble ce mois-ci la naissance ! A bientôt donc de vous lire et de vous parler.

  2. Merci Martine pour ce mot “harmonie” qui est la perfection.
    Au plaisir de nous revoir
    Christine

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