Et en plus, il faut gérer les extrémistes xénophobes…

Lors d’une soirée d’information concernant l’accueil de réfugiés à Freiburg, une poignée d’extrémistes proches de l’AfD ont tenté de faire sauter la réunion. Ils ont échoués.

Ulrich von Kirchbach gère sereinement 8000 réfugiés à Freiburg. Plus les extrémistes xénophobes. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – On aurait envie de dire que la gestion des réfugiés à Freiburg est exemplaire. Si elle est excellente, elle n’est pas exemplaire dans la mesure où de nombreuses villes et communes en Allemagne gèrent très bien l’accueil des réfugiés et les programmes d’intégration. Freiburg compte parmi les villes qui se sont organisées pour accueillir presque 4000 réfugiés intra-muros et 4000 dans les communes de la périphérie. 8000 réfugiés pour une ville qui compte 220 000 habitants. Et ça fonctionne. Ce qui n’empêche pas une extrême-droite xénophobe de tenter d’empoisonner cette ambiance de bienvenue, comme mercredi lors d’une réunion d’information des citoyens où une vingtaine de xénophobes ont failli s’imposer en criant fort. Mais ceux qui crient fort, n’ont que rarement raison, surtout s’ils n’ont rien d’autre à proposer un discours de haine, des insultes personnelles et une vision étriquée du monde.

Ulrich von Kirchbach, le maire adjoint aux affaires sociales, culturelles et à l’intégration, est connu pour son calme en toute circonstance. Mais mercredi soir, dans le quartier Landwasser à Freiburg, où il voulait expliquer les plans de la ville d’installer un centre d’accueil pour réfugiés sur un terrain appartenant à la ville, Ulrich von Kirchbach s’énervait. Et pour cause. 180 personnes étaient venues pour s’informer et pour débattre les plans de la ville d’installer un centre d’accueil pour réfugiés dans le quartier et cette vingtaine de xénophobes ne cessaient pas de se manifester bruyamment, en qualifiant à répétition le maire de « menteur », de monopoliser la parole en racontant qu’ils prévoient porter plainte contre tout le monde pour « haute trahison », la chancelière, le ministre-président du Land, le maire…

Un peu, ça va. Mais plus, c’est trop. Dans ce quartier populaire, l’AfD avait remporté 22% des votes lors des dernières élections régionales au mois de Mars et les activistes de l‘extrême-droite pensaient certainement que le public était acquis à leur cause et qu’ils pouvaient, par conséquence, profiter de cette plate-forme pour leur propagande xénophobe. Mais non. Ulrich von Kirchbach intervenait avec force, remettant les extrémistes à leur place, pour regagner peu à peu la concentration du public qui, finalement, trouvait des mots justes vis-à-vis des paroles haineuses. « J’ai honte de devoir entendre ces paroles dans mon quartier », disait une dame et les applaudissements montraient que la salle partageait majoritairement ce sentiment.

« Je crois que cette action était organisée », disait Ulrich von Kirchbach hier lors d’un entretien avec Eurojournalist(e), « ils avaient distribué des tracts avant le début de la réunion et il est vrai que parmi les nombreuses réunions publiques concernant l’accueil des réfugiés, celle-ci était la plus désagréable. »

Mais il convient de relever que les citoyennes et citoyens du quartier de Landwasser ont donné la réponse qui s’imposait. A la fin, ce sont les voix de la raison qui se sont imposées dans cette joute verbale et c’est ce qui faut faire. Laisser prêcher les xénophobes leurs paroles de haine, pour ensuite se serrer les coudes et leur dire que ce discours ne convient pas.

Toutefois, il convient également de relever que les méthodes de cette extrême-droite ressemblent de plus en plus à une autre période de l’histoire allemande du siècle dernier. Lorsque la violence, d’abord verbale, ensuite physique s’installe dans la société, tous les alarmes devraient s’allumer. Dans une démocratie, la violence n’a pas sa place dans les échanges politiques, il faut la bannir solidairement au lieu de détourner le regard, au lieu de baisser la tête.

La façon dont s’est terminée la soirée donne de l’espoir. L’ambiance dans la salle se calmait et les extrémistes n’avaient pas réussi à semer leur discours parmi une population qui a fait bloc contre le comportement agressif de la part des xénophobes. La solidarité des gens solidaires est encore plus forte que la haine et le rejet de l’Autre. Et pour que ça reste ainsi, il est important de dire « non », haut et fort, à chaque fois que le discours des extrémistes devient insultant et insupportable. Bravo aux habitants de Landwasser !

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