Comment l’Europe se rend détestable

La Commission Européenne veut promouvoir le Commissaire à l'économie numérique Günther Oettinger au portefeuille du budget. Pour ce faire, Martin Schulz veut même contourner le parlement.

Une nomination de Günther Oettinger au budget constitue une vraie angoisse pour tout Européen qui se respecte. Foto: Agena.p / Wikimedia Commons / CC0

(KL) – La grande politique européenne se demande toujours pourquoi les citoyens et citoyennes n’adhèrent plus à cette Europe institutionnalisée – pourtant, la réponse en est simple. Il y a trop de magouille, comme la nomination prévue de Günther Oettinger comme Commissaire du budget. Günther Oettinger, ce drôle de mélange entre incompétence avérée et insensibilité énorme, est au centre de plusieurs scandales actuellement et compte parmi ces responsables politiques qui feraient mieux de prendre leur retraite pour rendre service à l’Europe. Pour éviter qu’il soit blackboulé par le Parlement Européen, son président Martin Schulz entend contourner les règles qui veulent qu’un commissaire européen soit approuvé par le parlement. Ce sont des manœuvres pareilles qui font que les gens se détournent de plus en plus de cette Europe-là.

Il est prévu que Günther Oettinger devienne le successeur de la commissaire au budget Kristallina Georgieva au budget et, encore pire, il pourrait également hériter du siège de vice-président de la Commission Européenne actuellement occupé par la Bulgare qui elle, a accepté un poste à responsabilité à la Banque Mondiale. Il est incompréhensible qu’un homme politique comme Oettinger qui ne se distingue que par ses dérapages permanents, puisse bénéficier d’une telle promotion et ce, en contournant les règles et en interdisant aux élus européens de le rejeter. Le fait que ce soit un président du parlement allemand qui rend si ostentatoirement un service à un commissaire allemand, ne fait que renforcer les soupçons de ceux qui craignent une mainmise allemande sur les institutions européennes.

Oettinger, qui ne maîtrise que deux langues, le Souabe et, dans une moindre mesure, l’Allemand, est actuellement la risée de toute l’Allemagne. Après son dérapage lors d’un discours devant des entrepreneurs à Hambourg où il avait insulté les Chinois comme « roublards et bridés » (« Schlitzohren und Schlitzaugen »), Oettinger s’était excusé lors d’une conférence de presse en tentant de formuler ses excuses en langue anglaise – pour voir cette déclaration d’une minute, CLIQUEZ ICI – si vous avez envie de rire…

Mais ce commissaire, qui doit être le seul haut responsable européen à ne maîtriser aucune langue européenne, n’est pas à son premier dérapage. Personne en Allemagne n’a oublié son terrible discours dans la cathédrale de Freiburg lors des obsèques de l’ancien premier ministre du Bade-Wurtemberg Hans Filbinger. Dans son allocution, Oettinger avait qualifié cet ancien juge nazi qui avait encore prononcé des peines de mort pendant les jours qui suivaient la capitulation allemande en 1945, comme « résistant » – de nombreuses personnes avaient alors quitté la cathédrale.

Il serait trop fastidieux d’énumérer tous les scandales de Günther Oettinger – qui ne devrait pas occuper un poste à responsabilité. Dans une interview accordée aux collègues d’EurActiv, l’eurodéputée Ana Gomes l’a dit clairement – Oettinger n’est pas qualifié pour ce poste, mais on lui laisse tout passer, « parce qu’il est allemand ».

Martin Schulz serait bien conseillé de revoir sa position vis-à-vis d’un commissaire qui non seulement représente le « visage moche » de l’Allemagne, mais qui est dépourvu de toute compétence requise pour une telle position à l’échelle européenne. Contourner les règles pour empêcher le parlement de refuser la nomination d’Oettinger, est la pire des manœuvres que pourrait envisager Martin Schulz. Les sentiments « ceux là-haut font de toute manière ce qu’ils veulent » et « les Allemands veulent tout contrôler en Europe » se trouvent renforcés par cette drôle de promotion.

Il ne faut pas s’étonner si les Européens et Européennes n’ont plus de confiance en leurs institutions. Imposer par la force un personnage comme Oettinger, représentant d’une Europe incompétente qui ne fonctionne pas, est une gifle pour tout Européen convaincu. L’homme a été « garé » dans la Commission à un moment où plus personne ne voulait de lui dans la politique nationale.

Il faut arrêter d’abuser des institutions européennes comme « lieu de stationnement » pour des « has-beens politiques » qui ne font que creuser le clivage entre ces institutions et les citoyens européens. Déjà comme commissaire à l’économie numérique, Günther Oettinger était une erreur de casting grotesque, sa promotion au budget et la manière dont cette promotion est organisée, est un scandale. Il faudra maintenant que le Parlement Européen s’impose en insistant qu’Oettinger doit passer par la procédure normale – et qu’il soit rejeté par les élus. L’homme constitue une insulte pour tout Européen qui se respecte.

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