Comment ne pas les entendre ?

De millions de jeunes et de moins jeunes dans le monde entier ont manifesté vendredi pour la protection du climat. Les politiques ont intérêt à les écouter.

La capacité de mobilisation de #fridaysforfuture" devrait donner à réfléchir aux "vieux crocodiles"... Foto: Rufus46 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Des manifestations dans plus de 2600 villes de 150 pays. En Allemagne, plus de 1,4 millions de manifestants dans plus de 500 villes. A Freiburg, ville pourtant réputée pour ses grandes manifestations d’étudiants, on a enregistré la plus grande manifestation dans l’histoire de la ville avec 25 000 manifestants. Le monde entier lance cet appel aux responsables politiques – « Faites enfin quelque chose ! ». Pendant ce temps, la politique se dépêche de formuler de nouvelles stratégies, de nouvelles lettres d’intention, de nouvelles valeurs limites que personne ne respectera.

Le mouvement #fridaysforfuture, crée pour donner une structure aux manifestations d’élèves lancées par la jeune Suédoise Greta Thunberg, a montré beaucoup de choses vendredi. D’une part, ce mouvement de la jeunesse mondiale a démontré sa capacité de mobilisation, et cette capacité est impressionnante. Ensuite, il a apporté la preuve qu’il ne lâchera rien. Avec une telle dynamique, avec le soutien de la quasi-totalité du monde scientifique, il impose un changement d’attitude. Et last, but not least, il a montré que l’ère des « vieux crocodiles de la politique » est révolue. Car d’ici peu d’années, ces jeunes politiquement engagés iront voter aux urnes. Et ils ne voteront pour aucun des partis aujourd’hui au pouvoir et directement responsables de la destruction progressive de notre planète.

Visiblement, le monde politique et les partis traditionnels ne voient rien arriver. Lorsque la jeunesse du monde commence à prendre les choses en main, là où les générations précédentes campent sur leur discours « qu’il faut sauver des emplois, même si cela tue l’environnement », il y a du changement dans l’air. Ces jeunes qui aujourd’hui, ont 13, 14 ou 15 ans, sont les électeurs de demain, participeront à la désignation des gouvernements futurs. Pour qui voteront-t-ils ? Pour les partis qui aujourd’hui, se moquent d’eux en leur conseillant de laisser ces questions « aux experts », donc à ceux qui saignent notre planète à blanc pour assurer des profits démesurés à ceux qui détiennent déjà presque toute la richesse du monde ? Non, ce mouvement d’une intelligence immense risque même de créer des structures politiques propres qui se ficheront des frontières nationales : la jeunesse du monde se mobilise pour un avenir global.

Des élèves capables d’organiser une telle manifestation à l’échelle planétaire, cela devrait donner à réfléchir aux vieux partis qui, eux, sont incapables de mobiliser autre chose que des forces de l’ordre pour tenter d’étouffer toute critique à leur façon de faire. Mais depuis vendredi, on sait que cela ne pourra pas durer ; il faut maintenant se préparer à une relève, et cette relève arrivera vigoureusement.

Ce ne seront plus des « mesurettes » comme celles décidées vendredi par le gouvernement allemand, des petites mesures qui ne changeront rien au fond du problème. Déjà en annonçant ces mesures (pénalisation financière pour les émetteurs de CO2 à un niveau modeste, une sortie du charbon légèrement accélérée, avec des compensations pour les grands utilisateurs de la voiture, légère augmentation du prix des billets d’avion avec une légère baisse du prix des billets du train), le ministre de l’économie Peter Altmeier s’est excusé du manque d’ambition de ce programme : « Il fallait bien commencer quelque part ». Mais les #fridaysforfuture n’accepteront plus des « mesures alibi », ils veulent un changement profond de la façon dont est géré ce monde. Et ils y arriveront.

Aucun mouvement issu de la société civile n’a jamais réussi à mobiliser un tel nombre de personnes, le même jour, à l’échelle planétaire. Mais là, il y a une génération nouvelle qui se rend compte qu’en se fédérant, elle peut arriver à changer le cours des choses. Cette génération sait que des sommets et conférences qui décident d’objectifs à l’horizon 2050 ne sauveront plus le monde. Ils réclament, à juste titre, des changements aujourd’hui et maintenant. Il reste trois, quatre ans au monde politique pour changer totalement d’attitude. Après, ce sera cette génération qui arrive massivement aux urnes, et elle n’hésitera pas à chasser ceux qui continuent à vouloir nous faire croire qu’il est important de détruire cette planète pour que le 1% des plus riches du monde puisse encore s’engraisser un peu plus.

A un moment où le monde des adultes est devenu fou, propulsant des clowns et des criminels aux manettes du pouvoir politique, avec un consentement surprenant de la part des peuples qu’ils malmènent, c’est la jeunesse qui initie un changement de fond. Même si « les vieux » continuent à se moquer de Greta Thunberg, même si « les vieux » réfléchissent toujours comment punir les jeunes qui manifestent les vendredis, même si les vieux voudraient plutôt qu’on les laisse tranquilles pendant que la planète se dirige vers le point de non-retour. Les responsables de cette destruction de la planète seront déjà morts lorsque les catastrophes arriveront. Mais pas ces jeunes qui visiblement, n’ont pas envie de laisser faire ces « vieux » irresponsables et totalement engloutis dans un système où la croissance et la plus-value pour les actionnaires sont les religions principales.

Le vendredi 20 Septembre 2019 est une date à marquer en rouge sur les calendriers. C’est le jour où aura commencé le crépuscule des dieux de l’Ancien Monde qui a beau s’agripper à son pouvoir, à ses idéologies vétustes et à la violence. Face à la dynamique et la solidarité de la jeunesse du monde, ils ne pourront rien. Des temps meilleurs sont à venir.

1 Kommentar zu Comment ne pas les entendre ?

  1. Peut-être faudrait-il ne pas oublier que chacun a sa part de responsabilité dans le dérèglement climatique qui s’annonce, vraiment chacun, jeune ou vieux sur tous les continents. Le problème n’est pas seulement politique, il est surtout comportemental. Honnêtement, sommes-nous vraiment prêts à renoncer spontanément à la voiture, aux SUV qui font un tabac, aux voyages lointains (un Français qui se rend à New-York en avion émet autant de CO2 qu’un Africain pendant une année…), aux croisières, aux vacances de préférence plusieurs fois par an, aux voyages scolaires qui parfois amènent nos enfants à l’autre bout du monde, à la viande dans son assiette et j’en passe… Dresser la jeunesse face à une classe politique «moribonde» est une chose, faire chacun son examen de conscience avant d’agir, pas seulement en Europe mais aussi en Asie ou en Amérique, en est une autre.

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