Concernant Fessenheim, le transfrontalier n’existe pas

Jeudi, il y avait un nuage de fumée au-dessus de la centrale nucléaire de Fessenheim. Malgré une intervention musclée des services de secours, EdF estime «qu'il n'y avait rien».

Fessenheim vu depuis l'Allemagne. Un problème qui ne concerne que la France ? Foto: Andreas Schwarzkopf / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – En 2017, la centrale nucléaire de Fessenheim tournera depuis 40 ans. Si personne n’utilise un réfrigérateur ou une télévision ayant un tel âge, pour une centrale nucléaire, pas de problème. Même si cette centrale vétuste va d’incident en incident. Le fait que toute la région du Rhin Supérieur souhaite la fermeture de cette vieille centrale qui, en cas d’accident majeur, rendrait la vie impossible autant en Pays de Bade et le nord-ouest de la Suisse qu’en Alsace, ne semble pas intéresser le gouvernement français qui lui, avait promis la fermeture de Fessenheim lors de son élection en 2012.

De la fumée qui sortait jeudi au niveau d’une turbine dans la salle des machines, avait déclenché l’intervention des sapeurs-pompiers de Fessenheim, Mulhouse, Colmar, Ottmarsheim et Neuf-Brisach – ce qui fait beaucoup de secours pour un incident qui, selon EdF, n’en était pas un. Pour l’exploitant de Fessenheim, il s’agissait d’un incident totalement anodin.

Autre son de cloche chez le BUND, ONG de protection de l’environnement allemande qui s’engage au sein de la fédération tri-nationale TRAS qui œuvre depuis des années en faveur de la fermeture de Fessenheim. Le BUND déplore un nombre important d’incidents qui indiquerait «une mauvaise culture de sécurité» de la centrale et «une mauvaise culture de sécurité représente toujours un danger pour l’homme».

«De quoi je me mêle ?», peut-on entendre du côté de Fessenheim. La politique énergétique est une affaire nationale et en France, le dogme d’état est le nucléaire qui profite un maximum à EdF (qui n’assumera sans doute pas le coût du stockage définitif des déchets nucléaires qu’il faudra stocker de manière sûre pendant environ 25.000 ans). Seulement voilà, en vue de la situation géographique de Fessenheim, la question de cette centrale nucléaire ne concerne pas que la France. Visible depuis la montagne fribourgeoise, un accident majeur de cette centrale aurait des conséquences dramatiques non seulement pour les villes et villages alsaciennes, mais également en Allemagne et en Suisse.

Il est totalement incompréhensible que le gouvernement socialiste n’ait pas tenu sa promesse de fermer au moins Fessenheim pendant ce quinquennat – malgré la nomination de trois «commissaires à la fermeture de Fessenheim», rien n’a été fait en vue d’une fermeture. Pourtant, depuis des années, les responsables de la ville de Strasbourg, le maire Roland Ries en première ligne, proposent la transformation de Fessenheim en «centre de formation pour le démantelement de centrales nucléaires», une activité qui connaîtra un certain essor ces prochaines années. Mais cette proposition n’est même pas discutée.

En vue des nombreux incidents à Fessenheim, il faudra probablement attendre un accident comme à Tchernobyl ou Fukushima avant que cette centrale soit fermée. Seulement, à ce moment-là, le Rhin Supérieur sera déjà une «zone morte» pour les siécles à venir.

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