Conflit en Ukraine : On pense de plus en plus à 1938

Les mouvements militaires russes ne cessent de se multiplier ces jours-ci. Vladimir Poutine, fort de ses succès en politique étrangère, se prépare à l‘étape suivante.

Voilà à quoi ressemble le "cessez-le-feu" à Donetsk - l'Ukraine est en guerre. Foto: Nabak / Wikimedia Commons / Youtube-CC-BY

(KL) – Personne n‘arrêtera Vladimir Poutine. L‘OECD et l‘OTAN font état de mouvements massifs de troupes russes qui pénètreraient sur le territoire ukrainien, le cessez-le-feu n‘y existe plus que sur le papier, on aperçoit des bâtiments russes au large de l‘Australie, des avions russes qui survolent des états occidentaux – on ne pourra pas dire que la Russie se fasse discrète ces temps-ci.

Si Vladimir Poutine roule actuellement des mécaniques, il sait qu‘il peut le faire. La Russie joue les premiers rôles autant dans la nouvelle organisation BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) que dans l‘organisation APEC (espace asiatique – pacifique) où même Barack Obama se comporte très calmement, sachant qu‘il y parle aux futurs monopolistes de bon nombre de ressources indispensables – en premier lieu l‘énergie.

En vue des enjeux, l‘Ukraine et ses territoires occupés sont relégués au deuxième plan. Ce dont Vladimir Poutine est parfaitement conscient. Ses démonstrations de force militaire ne constituent que le prélude à l‘étape suivante qui consistera à sceller le sort de la «Nouvelle Russie», comprendre les territoires de Donetsk et de Luhansk, transformé avec l‘aide russe en «Républiques Populaires». Genre Crimée. Qui elle, est définitivement perdue.

En 1938, ce n‘était pas différent. Le monde a laissé faire Hitler, en espérant que celui-ci allait se contenter de l‘annexion de l‘Autriche et de la Tchécoslovaquie. En lui trouvant même des excuses du genre «c‘est normal, l‘Autriche fait partie du monde germanique, de toute manière». Ce laissez-faire a conduit le monde à sa perte. 20 millions de morts étaient le résultat d‘une politique qui, dans les faits, ne faisait qu‘encourager le dictateur. Et aujourd‘hui ? Aujourd‘hui, l‘histoire fait ce qu‘elle fait toujours – elle se répète.

Sans prôner une nouvelle guerre froide, il faut dire qu‘on ne peut pas détourner le regard de la situation en Ukraine. Les mouvements russes, qui ont déjà conduit à l‘annexion de la Crimée que plus personne ne conteste, constituent une menace non seulement pour l‘Ukraine, mais également pour les pays limitrophes. Car l‘objectif de Poutine, qu‘il n‘a d‘ailleurs jamais démenti, c‘est la reconstitution de l‘URSS, seulement sous l‘appellation «Russie».

L‘Europe se doit de réagir – ne serait-ce qu‘en maintenant les sanctions en place, en les intensifiant en cas de nouvelle agression. Et il faut cesser de chercher des justifications à Poutine pour cette politique agressive. Le monde l‘a déjà fait une fois, sans se rendre compte que le laissez-faire allait encourager un autre dictateur à intensifier son œuvre mortelle. L‘Europe doit être vigilant et solidaire avec l‘Ukraine. Qui elle, ferait mieux d‘éjecter des néo-fascistes de positions importantes à Kiev – la présence d‘ultra-nationalistes dans des positions importantes est aussi embêtante que les agissements de la Russie. L‘Europe n‘a pas le choix – elle doit trouver une position claire par rapport à ce qui se passe en Ukraine. Verser des larmes de crocodile lorsqu‘il est trop tard, cela ne suffira pas.

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