Conjoncture : Merkel, Macron et… Hermann Hesse !

Comme le gouvernement précédent, celui d'Emmanuel Macron sera jugé sur les chiffres du chômage...

Travailler ! Pour ceux qui cherchent un travail, le chômage est une horreur... Foto: Matias Garabedian, Montreal, Canada / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Par Alain Howiller) – En recevant Emmanuel Macron avec une cordialité inhabituelle, Angela Merkel a eu la courtoisie d’évoquer (rapidement, il est vrai et pour cause : en dessous d’un taux de 6%, il n’a jamais été aussi bas !) le chômage en Allemagne. Il n’en va pas de même en France et le président français n’a pas fait mystère du poids que représente un « chômage de masse » qui nourrit la colère et le vote en faveur de l’extrême-droite. Combattre ce chômage sera pour Emmanuel Macron, comme pour son prédécesseur qui lui, avait perdu la bataille, un engagement sans faille alors que les derniers chiffres du marché du travail reprennent une antienne trop connue : la situation de l’économie s’améliore, mais le chômage (en Mars) a, une fois de plus, rebondi, bien que 50.000 emplois aient été créés dans le pays au premier trimestre de cette année et que le nombre des défaillances d’entreprises continue à régresser (-6% en 2016) !

Pourtant, les signes de redressement ne manquent pas : l’industrie -qui est à la source de l’essentiel du chômage au contraire des services et de l’intérim- se redresse, améliore ses marges, réinvestit, la production s’est redressée aussi bien en Mars qu’en Avril. Le redressement devait se poursuivre en Mai d’après les chefs d’entreprise interrogés par la Banque de France. Autres traits positifs : le commerce extérieur, traditionnel point faible de l’économie, s’est redressé, lui aussi. Le moral des ménages s’est amélioré. La croissance devrait être légèrement supérieur aux prévisions (+0,5% au 2ème trimestre, soit un rythme annuel de +1,3 à +1,5%) et la progression du PIB (poussif au premier trimestre avec +0,3%) devrait rejoindre +0,5% au deuxième trimestre.

Quand Merkel cite un… poète ! – « Ainsi la France devrait retrouver un rythme de croissance comparable à celui de ses voisins, après trois années de croissance plus faible que celle de la zone euro », estiment les experts de l’INSEE tandis que Pierre Moscovici souligne, en sa qualité de commissaire européen aux affaires économiques : « L’économie française est en meilleure forme aujourd’hui qu’il y a cinq ans » (sous entendu, au moment de la prise de fonction présidentielle de François Hollande !)

De quoi appuyer la citation d’Angela Merkel s’adressant à Emmanuel Macron. « Dans chaque début, il y a de la magie » (« In jedem Anfang wohnt ein Zauber inne ») rappelait-elle en citant Hermann Hesse, le romancier-essayiste et poète de Calw. Elle ajoutait « Mais, il faut que la magie… se concrétise à travers l’action ! » De l’action, il en faudra pour dépasser le problème numéro un qu’est le chômage. Le taux de chômage avait rebondi en Mars (+1,3%), alors qu’il se situait à 10% en 2016 (9,5% est la moyenne dans les pays de la zone euro). En l’état actuel des prévisions, il devrait s’établir autour de 9,5% pour l’année.

En Alsace, la hausse était de 0,5% dans le Bas-Rhin par rapport à février, alors qu’il diminuait légèrement (-0,1%) dans le Haut-Rhin. Dans le Grand Est, la situation est globalement plus délicate puisque le taux de chômage y a progressé de +1,5% par rapport à février, malgré une baisse de -0,4% sur un an.

Quand la Banque de France prévoit !… – Dans sa dernière note de conjoncture, la Direction Régionale de la Banque de France, après avoir relevé que, d’après les chefs d’entreprise, la production industrielle avait connu une progression en Mars pour retomber en Avril, souligne : « La production devrait se redresser à court terme, sans impact significatif sur l’évolution de l’emploi industriel ! » La note relève encore, à propos du secteur industriel : « Les livraisons diminuent et la progression de la demande s’interrompt tant en France qu’à l’export. Les carnets se maintiennent néanmoins à un niveau jugé convenable, légèrement au dessus de la moyenne. Les prix des matières premières restent sous tension ». Et à propos des secteurs autres qu’industriels, la note souligne : « L’activité et la demande fléchissent dans les services en Avril. De meilleures perspectives sont attendues, au cours des prochaines semaines, dans la plupart des autres secteurs. ».

Dans le secteur industriel du Grand Est (19,2% des effectifs), seul l’agroalimentaire est en croissance : globalement, la demande est moins dynamique en avril, mais les carnets du secteur industriel sont encore préservés et si la production est quasi égale en avril, on assiste à un repli des livraisons. Stabilité de la production et des livraisons en avril dans le secteur « fabrication de denrées alimentaires et de boissons » (12% des effectifs) : la demande est peu active (sauf dans la viande) et rien ne prévoit une inversion de tendance à court terme.

Secteur par secteur, le poids de l’avenir ! – Dans le secteur « équipements électriques, électroniques, informatiques et autres machines » (17,3% des effectifs régionaux), les carnets restent correctement garnis et un redressement de la production est attendu au cours des prochaines semaines. Dans l’industrie automobile (12,4% des effectifs), on a assisté à un fléchissement de la production dans le Grand Est, essentiellement pour des raisons techniques : les carnets restent normaux malgré un fléchissement de l’export, la production devrait rebondir dans les prochaines semaines, estiment les professionnels de la branche qui constatent que les stocks sont bas et que les perspectives futures sont favorables.

Dans le secteur de ce qu’on appelle les « autres produits industriels » (58,3% des effectifs de la chimie au textile, des produits pharmaceutiques aux produits en caoutchouc, du plastique aux produits métalliques et à la métallurgie, du bois au cuir, du papier à l’habillement, de l’imprimerie au autres industries manufacturières), une production en légere recul, des carnets jugés convenables, des stocks conformes aux besoins, laissent espérer des perspectives bien orientées.

Dans le bâtiment et les travaux publics (7,6% des effectifs), l’activité s’améliore avec une légère augmentation des effectifs et des prévisions bien orientées. Dans les services marchands (transports, hébergement-restauration etc. (16,8% des effectifs), l’information-communication continue de recruter, les perspectives dans les autres secteurs s’inscrivant favorablement pour les semaines à venir.

L’activité est contrastée sur le plan régional, alors qu’elle s’inscrit assez nettement en progrès sur le plan national : le Grand Est attend toujours que la création d’emplois -réelle, mais insuffisante- permette de lutter efficacement contre le chômage. La nouvelle équipe au pouvoir doit réussir là où les anciens ont échoué ! L’avenir est à ce prix !

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