Conscience vs. ambition personnelle
Le parlement britannique a pris une décision historique que le Royaume Uni regrettera à tout jamais – lorsque le « Brexit », voté par les élus britanniques, sera consommé, le Royaume Uni ne sera plus – uni.

(KL) – Dommage que les élus britanniques n’aient pas eu le courage de sauver la cohésion du Royaume Uni. En votant un texte autorisant Theresa May à déclencher l’article 50 des Traités Européens et de lancer ainsi, la sortie de la Grande Bretagne de l’Union Européenne, les élus ont certes respecté le vote du référendum du 23 juin dernier (qui ne les engageait pas), mais ils ont pris une décision qui peut mettre fin à une cohésion de ce Royaume Uni qui touchera à sa fin dès lors que l’Ecosse se décidera de rejoindre l’UE et que la question de l’Irlande reviendra sur l’agenda. Sans parler des conséquences désastreuses pour l’économie britannique, mais aussi européenne.
Ils étaient nombreux, les députés britanniques à voter en faveur du « Brexit » à Westminster en déclarant qu’ils étaient personnellement opposés à la sortie de la Grande Bretagne de l’Union Européenne. Mais comment est-ce possible qu’un député vote pour un texte dont il sait qu’il est nocif pour son pays ? Est-ce que les députés ne sont pas élus pour agir dans le meilleur intérêt du pays ? Le problème du « Brexit », c’est la tension entre un vote qui a été réalisé sur la base d’une campagne mensongère et populiste et l’ambition personnelle des députés qui eux, veulent être réélus et qui craignent donc de se positionner contre le vote dans leur circonscription.
Si théoriquement, il reste encore un tout dernier espoir, celui que le « House of Lords », qui doit également approuver ce texte, le rejette. Mais tout semble indiquer que les Lords ne se positionneront pas contre les députés. Etonnant que la Reine Elisabeth II. n’utilise pas son autorité pour stopper une décision qui brisera le Royaume Uni, là où Saxons, Vikings, Normans et Nazis ont échoués.
Les conséquences économiques, tout le monde finira par les gérer. Bien entendu, le « Brexit » occasionnera un ralentissement de la croissance dans l’ensemble des états-membre de l’UE, mais plus tôt ou plus tard, ce ralentissement (qui se traduira par une perte d’emploi et de dynamique conjoncturelle) sera maîtrisé. Mais les conséquences politiques sont inquiétantes.
L’Histoire européenne ne s’arrêtera pas avec le « Brexit » et même si d’autres états devraient suivre l’exemple britannique, l’Europe continuera à exister dans d’autres formes. Toutefois, au lieu de se limiter à être réactifs sur des événements comme le « Brexit », il aurait été plus judicieux de proposer un nouveau projet européen avant que le « Brexit » ne se produit. Voilà le grand manquement des responsables européens en place – c’est leur incapacité de sortir de cette Europe intergouvernementale, leur refus de développer une Europe fédérale, qui est à la base de tout ce mécontentement avec une Europe institutionnalisée.
C’est maintenant (et il est déjà tard) qu’il faut relancer le processus de l’élaboration d’un nouveau projet européen qui lui, concernera sans doute un nombre réduit de pays. Et du coup, les élections européennes en 2019 prennent de plus en plus d’importance – à condition que les 500 millions d’Européens et Européennes soient courageux en votant enfin pour de nouvelles têtes européennes et non pas pour ceux qui ont déjà ruiné une partie du rêve européen. Des gens comme Nigel Farage, Theresa May ou Boris Johnson auront à répondre de leur acte devant l’Histoire. Bye, Bye, Grande Bretagne, elle ne sera plus grande et en ce qui concerne la Bretagne, il y en a déjà une. En France. Très belle.
Kommentar hinterlassen