Cool – la FIFA lave plus blanc que blanc
L’organisation mondiale du football, puissance financière et politique, introduit un nouveau système juridique : l’auto-lavage. A appliquer aussi dans d’autres circonstances ?
(KL) – Ce que la «commission d’étique» de la FIFA a proposé la semaine dernière est l’illustration parfaite des maux dont souffre le monde. La corruption, le pouvoir du grand capital et l’impunité des criminels en costume-cravate. Un joli exemple pour tout le monde.
«D’accord», dit le rapport qui, bien entendu, n’a pas été publié dans son intégralité et qui ne le sera probablement jamais, «il y a eu des irrégularités dans l’attribution des deux prochaines coupes du monde au Qatar et à la Russie. Même des infractions juridiques. Sans parler des violations de l’éthique. Mais», conclut cette commission d’éthique, «transgresser la loi, violer l’éthique, ce n’est pas grave. On continue comme avant.» Circulez, il n’y a rien à voir.
Donc, maintenant on le sait. L’omnipuissant comité exécutif avec son omnipuissant président Joseph Blatter, a été corrompu, payé pour attribuer l’organisation de ces deux grandes manifestations à deux états qui se fichent des droits de l’homme. Au Qatar, ce tournoi devrait se jouer à des températures qui en principe, interdisent toute activité sportive et en Russie, la FIFA soutient un dictateur qui menace actuellement la paix en Europe et qui veut organiser cette coupe du monde comme plate-forme pour une nouvelle démonstration de son pouvoir. Comme les JO de Sotchi, comme récemment une course de la Formule 1.
Personne n’était dupe. Plusieurs membres de ce comité exécutif avaient déjà été confondus, huit membres ont du quitter cet organe décisionnel du football mondial ces derniers temps. Puisque l’attribution de ces deux manifestations à ces deux pays ne faisait aucun sens, puisque de nombreux fonctionnaires du football mondial se retrouvent du coup «ambassadeurs» du géant énergétique russe «Gazprom», on avait déjà compris qu’il y avait anguille sous roche. Idem pour le Qatar. Quelle idée de faire jouer les Messi, Ronaldo, Neymar et Thomas Müller en été à 50 degrés à l’ombre – là aussi, ça sentait fort la corruption. Mais le plus surprenant, c’est que la FIFA ait le sang-froid de s’auto-examiner, de s’auto-inculper et de s’auto-disculper. «Si irrégularités juridique et éthiques il y avait, il n’y a aucune raison de poursuivre la procédure, aucune raison pour revenir sur les décisions prises», voilà ce que conclut le rapport qui a immédiatement été contesté par Michael J. Garcia qui avait dirigé cette enquête interne. «Les conclusions de notre enquête n’ont pas été présentées correctement», déplore le chef des enquêteurs. Mais ça veut dire quoi, au juste ?!
La FIFA avoue ouvertement son dysfonctionnement moral, légal et éthique et s’attribue elle-même un non-lieu. Fin de l’histoire. Le message que les organisations mondiales du sport envoient à la jeunesse du monde est clair : tout est permis, à condition de faire partie des puissants du monde. Si tout le monde avait déjà le sentiment que les choses sont ainsi, le côté décomplexé des acteurs laisse perplexe.
Cela pourrait changer notre perception du monde juridique. A l’avenir, on laissera les inculpés décider eux-mêmes décider s’ils considèrent que leurs délits ou crimes devraient être punis. On imagine déjà un voleur avouer aux magistrats ses méfaits : «OK, j’ai volé, j’ai ainsi transgressé autant la loi que nos règles éthiques, mais franchement, inutile de s’exciter. On arrête la procédure. Bonne journée.» Il y a quelque chose de pourri dans le monde de la FIFA…
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