COP28 – Les Habits neufs de l’Empereur…

Ouf, on a sauvé la face ! Après les prolongations de la COP28 à Dubaï, les puissants du monde se réjouissent des « avancées historiques ». Pourtant, le monde a loupé les objectifs de cette conférence.

Super. Maintenant, tout le monde rentre à la maison et on continue comme avant jusqu'à la COP29 en Azerbaïdjan. Foto: Samjith Palakkool/UNCTAD / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – « On a réalisé une avancée vers un monde sans énergies fossiles », se réjouit Président Macron et on se demande en quoi consisterait cette avancée. Le document final de cette conférence pharaonique ayant drainé 91.000 participants dans le désert, ne parle pas de la « sortie des énergies fossiles », mais de « l’éloignement des énergies fossiles », ce qui n’est pas la même chose. Mais il était important de ne pas brusquer le président de cette COP, le Sultan Al Jaber qui lui, dirige l’entreprise pétrolière ADNOC (Abu Dhabi National Oil Company), un géant énergétique qui réalise un chiffre d’affaires dépassant les 60 milliards de dollars. Et personne ne veut se fâcher avec le Sultan, puisque les états occidentaux veulent encore acheter beaucoup de pétrole à Monsieur Al Jaber. Tu parles d’une sortie des énergies fossiles…

Evidemment, les puissants du monde qui s’étaient rendus à Dubai ces deux dernières semaines, ne pouvaient et ne voulaient pas avouer l’échec de cette conférence. Donc, on se limite une nouvelle fois à définir des objectifs dont on sait que les grands pollueurs ne s’y conforment pas. C’est joli que de lire que le monde veut tripler ses capacités en énergies renouvelables d’ici l’an 2030 et qu’on veut aussi doubler l’efficience énergétique d’ici là. Mais force est de constater que même les objectifs des COPs précédentes ne sont pas atteints, que les plus grands pollueurs n’entendent pas du tout stopper leur pollution et que les marchands des énergies fossiles continuent à faire d’excellentes affaires.

Sultan Al Jaber a parlé lors de la cérémonie de clôture d’un « pacte historique ». Ce sont les mêmes éléments de langage que l’on entend après chaque COP et dans le fond, il s’agit de « Fake News », repris immédiatement par ceux qui ont participé à ce nouvel échec.

Ceux qui sont déjà aujourd’hui le plus affectés par les changements climatiques, n’avaient pas droit à la parole en ce qui concerne cette déclaration finale de la COP28. Ainsi, une représentante de Samoa, île particulièrement menacée par la disparition à cause de la montée du niveau de la mer, s’est montrée surprise que ce document avait été adopté sans autre concertation au début de la cérémonie. « Le changement d’orientation n’a pas été atteint », a-t-elle dit, « mais je ne peux pas rentrer sur nos îles en portant le message que nous avons été escroqué par ce processus ». Mais qui s’intéresse au destin de Samoa ou des Îles Marshall ? Là, il s’agit d’assurer le chiffre d’affaires de l’entreprise pétrolière dirigée par le Sultan Al Jabar qui s’élève donc à plus de 60 milliards de dollar par an. Face à de telles sommes, on sacrifie le climat et les îles avec.

La COP28 a été, sans surprise, un cuisant échec pour le climat. Si aujourd’hui, les leaders mondiaux applaudissent des résultats qui n’en sont pas, cela fait penser au conte de Hans Christian Andersen « Les nouveaux Habits de l’Empereur ». On applaudit un document nu et dépourvu de tout espoir que le climat puisse encore être sauvé. Et pendant que les responsables s’auto-applaudissent, le sud de la France est à nouveau sous l’eau, l’Espagne enregistre des températures allant jusqu’à 30 degrés à la mi-décembre et tout va bien dans le meilleurs des mondes. Rendez-vous est pris pour la COP29 en Azerbaïdjan, autre pays producteur d’énergies fossiles qui, comme le Dubaï, fera certainement tout pour un « éloignement » des énergies fossiles. Et ils pensent réellement que le monde ne se rend pas compte de leur cynisme extrême ?

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