Coronavirus : et en Europe Centrale ?

Attendre et légiférer. Prévenir et soigner ?

Bientôt à nouveau en Pologne : Nie ma ! Foto: Mtaylor848/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/4.0Int

(Marc Chaudeur) – Au fait, comment se comporte notre grimaçant virus aux dents crochues dans les pays d’Europe Centrale ? On en entend encore assez peu parler là-bas – dans un mélange d’indifférence coupable de la part des pays occidentaux (ce qui est habituel), un mezza-voce un peu gêné de la part des autorités politiques, quelques rodomontades orbanistiques aussi… et une inquiétude non dissimulée.

Dans les pays de ce qu’on a coutume de nommer le Groupe de Visegrád, à savoir la République tchèque,la Hongrie, la Slovaquie et la Pologne, on a recensé peu de cas pour l’instant ; mais on s’attend à ce que leur nombre augmente rapidement. Ce qui n’est d’ailleurs pas sûr dans ces pays relativement fermés où le danger réside essentiellement dans les arrivées de personnes étrangères ou les retours des enfants prodigues ou autres voyageurs issus de ces pays.

L’excellent Courrier d’Europe Centrale glane ainsi, dans les principaux médias de ces quatre pays, les cas recensés et les réactions des autorités.Il en arrive ainsi à une esquisse de bilan non catastrophique en soi. Tout dépendra de l’efficacité des réactions sanitaires et médicales concrètes, dans des pays qui bénéficient parfois de médecins très bons lorsqu’ils ne sont pas victimes, dans leur activité, d’un libéralisme ravageur ou d’un autoritarisme ultra-directif.

En Slovaquie, selon le Slovak Spectator, le premier cas, dépisté vendredi dernier, est un homme de 52 ans dont le fils s’était rendu à Venise, mais ne présentant aucun symptôme de cette maladie.

En République tchèque, on recense pour l’instant 12 cas dont on nous dit qu’ils ont été contractés à l’étranger et dont l’un, revenant d’Italie, est un médecin qui exerce dans la capitale, Prague.

En Hongrie, 4 personnes ont été dépistées jeudi dernier, le 6 mars : un ressortissant britannique, 2 étudiants iraniens et l’amie de l’un d’eux. Le lendemain vendredi, une cellule de crise s’est réunie. Selon MTVA,l’organisme national de diffusion (comparable à l’ORTF française des années 1970), Viktor Orbán, le fameux Premier ministre, a lancé à cette occasion un appel à la coopération de tous les Hongrois dans la lutte contre le virus. Il a proclamé que le gouvernement se concentrerait sur la protection des vies humaines, sans limitations financières pour ce combat.

Pour ce qui est de la Pologne, l’un des deux journaux principaux du pays, la Gazeta Wyborcza, nous apprend que le premier cas recensé et mentionné par le ministre de la Santé est un homme de Zielona Góra, en Silésie, dans l’Ouest du pays. Cet homme revenait d’un Carnaval allemand.

Intéressant pour ce qui concerne les mois et sans doute les années à venir : le gouvernement PiS (national-conservateur) a rapidement mis en place un dispositif législatif pour permettre de lutter plus efficacement contre le virus. Un procédé assez caractéristique de ce parti au pouvoir dans son mélange d’autoritarisme aux limites extrêmes de la démocratie et de souci d’efficacité.

Dès lundi dernier le 2 mars en effet, le chambre basse du Parlement (ce qu’a coutume de nommer la Diète, en polonais Sejm ; la « chambre haute » désigne le Sénat) a voté presque à l’unanimité une loi qui précise en quoi consisteront les droits des employés et des fonctionnaires et les prérogatives de leurs employeurs. Cette loi pourra obliger les entreprises et administrations à permettre à leurs employés le travail à domicile. Les enseignants continueront alors à toucher leur plein salaire, et les parents pourront bénéficier d’une allocation de garde de deux semaines lorsque, le cas échéant, ils garderont leurs enfants chez eux pendant ces 14 jours. La loi donnera aussi le droit au gouvernement de circonscrire les zones à risques et les zones d’exclusion, ainsi que ceux qui concernent l’aménagement du territoire.

Une telle loi était-elle nécessaire ? On connaît les appétits du PiS en matière de grignotage des droits et de contrôle des libertés civiques, notamment dans le domaine de la Justice et des médias. Et on peut s’en inquiéter. Mais évidemment, le Parlement étant majoritairement PiS (235 députés sur 460), les députés du parti au pouvoir ne s’en inquiètent pas…

En revanche, selon la Gazeta Wyborcza, la défenseure des droits (« ombudsman » dans l’acception polonaise de ce terme, un peu différente de ce qu’on entend par là en d’autres pays européens), elle, s’en préoccupe ; Madame Ewa Łętowksa en effet a fait remarquer que de telles dispositions quant aux droits des personnes, des employés et des fonctionnaires étaient déjà délimités dans la Constitution polonaise.

Pourquoi dans ce cas, aller encore plus loin, si ce n’est pour profiter de la situation et acquérir plus d’emprise encore sur les citoyens ?

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