Covid-19 et atteintes cognitives

Des études établissent un lien, pour certains individus, entre l’infection par le SARS-CoV-2 et des atteintes cognitives observables encore un an après la survenue de la maladie.

Un test positif, peut cacher un futur déficit cognitif... Foto: Alan Tennysson / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – De récentes publications médicales anglaises mettent à nouveau en évidence le lien entre Covid-19 et atteintes cognitives. L’une a été réalisée avec 351 patients d’une moyenne d’âge de 54 ans, l’autre s’est focalisée sur 34 volontaires âgées de 18 à 30 ans, soit d’un côté les seniors et de l’autre, les jeunes. Des résultats allant dans le sens d’observations, faites très tôt par les soignants, tant à l’hôpital que dans les structures médico-sociales.

Chez les seniors étudiés, les déficits cognitifs mesurés à une année de distance de l’infection par le SARS-CoV-2, signent un vieillissement de leur encéphale prématuré de vingt ans. Ce qui ne veut pas dire que tous les quinquagénaires et plus, ayant eu la Covid-19, se sont d’office pris vingt ans (fermes) de sénescence cérébrale. Certes non ! La plasticité du système nerveux central, dont les neurosciences sont loin d’avoir exploré toutes les ressources, le rend apte à encaisser des chocs grâce à une résilience que l’on imaginait pas dans les années soixante-dix. Les capacités de récupération mises en évidence chez 106 des 351 seniors observés, vont évidemment dans ce sens, mais il n’en demeure pas moins que par exemple, la réduction du volume de matière grise au niveau du cortex cingulaire, a des conséquences sur la cognition, l’attention et les émotions.

Pour les jeunes, l’étude comparative de tests cognitifs d’individus infectés à ceux de non-infectés, pointe chez les premiers une diminution de la précision de la mémoire ainsi que de la fonction exécutive. Plus clairement, ils mémorisent moins bien et ont des difficultés à résoudre des problèmes, car maîtrisant moins leurs émotions et leurs pensées. Là aussi, il faut raison garder, car les scientifiques ne parlent pas (encore) de processus dégénératifs, comme on le voit dans les pathologies démentielles. Mais des hypothèses telles qu’entre autres, la destruction ou le blocage de micro-vaisseaux, ainsi que l’installation d’un processus auto-immun, questionnent tout de même quant à une possible pérennisation ou même aggravation des troubles.

D’autres études scientifiques, documentant les conséquences d’une infection au SARS-CoV-2 sur le système nerveux central, ne manquent pas. Ainsi n’est-il pas aujourd’hui, scientifiquement parlant, question de banaliser cette pathologie et de s’en croire à l’abri car multi-vacciné, ou alors protégé par l’adhésion à une quelconque doctrine naturopathique. Le SARS-CoV-2 va encore donner du fil à retordre aux chercheurs, et certains malades ainsi que des ex-malades de la Covid-19, vont malheureusement avoir de mauvaises surprises.

Si on écoute les complotistes antivax, il aurait fallu ne vacciner personne, car cette vaccination était un génocide à retardement savamment programmé. Mais lorsqu’au plus fort de la pandémie, on observait ce qui se passait dans les régions du monde où les structures de soins faisaient défaut et les gouvernements ne prenaient pas la menace au sérieux, on ne pouvait tout de même pas conclure que les morgues débordaient suite à des règlements de comptes des mafias locales ou à des intoxications alimentaires qui tournaient mal.

Les effets secondaires des vaccins sont aussi en cours d’étude, et il n’est pas non plus question d’affirmer béatement que ces vaccinations étaient anodines, mais pour rester dans le cadre d’une démarche scientifique, il importe de toujours revenir à la balance bénéfice-risque. Or, au niveau du grand public, dans le débat actuel quand débat il y a, les morts de la Covid-19 sont priés de continuer à se taire et leur nombre subit le même sort que celui de manifestants comptés par le Ministère de l’Intérieur.

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