Covid-19 et champions à la grecque… ou pas ?

Peu touchée par la pandémie de Covid-19, la Grèce ouvrira ses frontières avec parcimonie et à bon escient...

Les difficultés d'accès au territoire grec risquent d'en laisser certains en attente. Foto: Norbert Nagel / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – Le 23 mai 2020, dans un spot de France Info annonçant « Covid-19, un excellent résultat en Grèce, mais des perspectives économiques et touristiques sombres », Alexia Kefalas disait que le gouvernement Mitsotakis ayant très rapidement pris les bonnes mesures, pour une population de 10,72 millions d’habitants, 2.874 cas de Covid-19 étaient alors confirmés et seulement 169 décès.

Pour les mauvaises langues ces décomptes sont à l’instar des comptes présentés par la Grèce, lors de son entrée dans la zone euro il y a vingt ans. Mais cette fois-ci, aucune agence de notation n’est impliquée dans le dossier ! Les mesures prises par le gouvernement conservateur de Kyriákos Mitsotákis (ND) le 12 Mars 2020, dès le premier décès causé par le virus, étaient radicales : fermeture des écoles, universités, crèches, des cinémas, théâtres et lieux de divertissement, puis les jours suivants, des musées et sites archéologiques, des bars, des restaurants, des hôtels et des commerces.

Cette opération de confinement n’a fonctionné que grâce à la prise de conscience de l’ensemble de la société et de la classe politique, qu’un système de santé appauvri tant par des coupes budgétaires successives que par le départ de médecins à l’étranger, ne pourrait encaisser le choc d’un afflux de malades. Depuis 2010, près de 20.000 médecins ont été contraints de s’expatrier, poussés par les politiques d’austérité imposées au pays.

Les Grecs se sont donc auto-confinés pour éviter d’avoir à surcharger les hôpitaux. Les salaires des actifs étant réduits de moitié par les plans de prétendu sauvetage de la Grèce, la préservation des liens familiaux a facilité la solidarité intergénérationnelle, s’appuyant en partie sur les pensions des aînés. Une nouvelle démonstration de l’infinie supériorité de l’humanité sur les logiques comptables de la troïka CE-BCE-FMI.

Pour le gouvernement conservateur Mitsotákis, l’heure est maintenant à la relance du tourisme, activité essentielle représentant 21% du PIB du pays, contre 8,5% pour la France et 14,3% pour l’Espagne. Le plan de déconfinement prévoit sept étapes sur la période allant du 4 Mai au 1er Juillet, la saison touristique débutant le 15 Juin. Selon Harry Theocharis (ND), le Ministre du Tourisme, les frontières s’ouvriront d’abord à une vingtaine de pays ayant un bon profil épidémiologique. La liste sera communiquée le 1er Juin, la quatorzaine restant jusque là applicable à tout étranger arrivant sur le sol grec.

Cette restriction de l’accès à la Grèce des ressortissants issus de pays au bon profil épidémiologique, bien que fondée sur des critères sanitaires pose tout de même question. Ainsi, il y aurait de bons et de mauvais pays, à l’instar de la discrimination dont la Grèce est l’objet de la part des ultralibéraux qui la classent parmi les PIIGS ! Les mesures prises par le gouvernement grec pour sécuriser le tourisme demeurent remarquables, et leur liste est bien trop longue pour en faire état ici. Cependant, la possible exigence d’un passeport sanitaire conditionnant l’entrée dans le pays, fait tout de même un peu penser à un contrôle des services vétérinaires…

Dans le même esprit et lors d’un prochain article, Eurojournalist(e) examinera la situation d’arrivants sur le sol grec dont le but n’est pas de faire du tourisme : les réfugiés…

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