Covid-19 et nourritures lusitaniennes

Au Portugal, un pourcentage conséquent de la population a changé ses habitudes alimentaires durant le confinement, mais...

La librairie "Ler Devagar", en plein cœur du LX Factory, the place to be à Lisbonne. Foto: Shadowgate / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Une étude de la Direction Générale de la Santé, menée du 9 avril au 4 mai auprès d’un échantillon de 5.874 personnes de plus de 16 ans, rapportée par l’agence de presse portugaise Lusa, révèle que 45% des personnes interrogées reconnaissent avoir changé leurs habitudes alimentaires durant la période de confinement. Or, 50% des sondé(e)s ont réduit leur activité physique, et 42% reconnaissent avoir modifié leurs habitudes alimentaires « para pior » (pour le pire).

Mais cette étude révèle d’autres choses bien intéressantes, notamment que le fait de manger davantage à la maison a conduit 56,9% des personnes interrogées à cuisiner plus souvent, 40,7% à réduire leur consommation de plats préparés et 43,8% de plats à emporter. Parallèlement, si la réduction de l’activité physique se combine négativement avec un accroissement du temps passé devant divers écrans, il s’avère également que 31% des personnes interrogées disent avoir consacré leur temps libre à la lecture de livres. Tout n’est donc pas perdu, car cuisiner et lire s’associent admirablement en un vivifiant cocktail que ne dédaignerait pas Mats Meeussen.

Réputé entre autres pour sa cuisine, le Portugal a sa « Diva da Gastronomia Portuguesa » : Maria de Lourdes Modesto (née en 1930 à Beja) qui, à la façon de Curnonsky, a mis 20 années à compiler 800 recettes, choisies parmi les milliers que lui ont adressés les téléspectateurs de la Rádio e Televisão de Portugal (RTP) où elle a débuté sa carrière en 1958. Son « Cozinha Tradicional Portuguesa », livre le plus vendu au Portugal, a toutes les qualités d’un véritable ouvrage de référence.

Côté littérature contemporaine, avec les oeuvres de Fernando Pessoa, José Saramago et António Damásio, il y a vraiment de quoi  se nourrir l’esprit très sainement et durant de longues heures. Plus généralement, le Portugal est aussi un pays où la lecture tient encore une place importante dans la société. L’écrivain et résistant chilien Luis Sepúlveda, récemment disparu, était qualifié d’ami du Portugal par le président Marcelo Rebelo de Sousa.

Les salons du livre et autres manifestations ne manquent pas, notamment la « Fera du Livro » de Lisbonne qui, devant initialement se tenir en ce moment, est reportée au mois de septembre pour cause de pandémie. Toujours dans la capitale, au sein du quartier d’Alcántara, la librairie « Livraria Ler Devagar » fondée en 1999 et installée dans une ancienne imprimerie, est vraiment incontournable.

Lire et cuisiner (ler e cozer), cuisine et lecture (cozinha e leitura), si durant le confinement, du reste moins sévère au Portugal qu’en Espagne, nombre de Portugai(se)s ont pris du poids, certain(e)s se sont personnellement enrichis, sans déposséder qui que ce soit de quoi que ce soit.

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