COVID-19 : un état des recherches en Allemagne

Un (mauvais ?) exemple en Rhénanie du Nord-Westphalie

Heinsberg : Matthieu veille sur la ville. Foto: Alupus/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/3.0Unp

(Marc Chaudeur) – Heinsberg est le lieu par excellence de l’irruption du méchant virus : dès le mois de février, après un carnaval local bien frotti-frotta, les cas de contamination se sont multipliés à une vitesse vertigineuse, et la ville est celle qui a compté le plus de décès. Actuellement, et pour cette raison, Heinsberg sert d’éprouvette pour la compréhension des données du COVID-19. Elle en est aussi une dans le sens économique et politique, et elle fait éclater au grand jour les contradictions de la société libérale. Et ses effets désastreux sur la santé publique.

Le ministre-président du Land, Armin Laschet, a assuré que peu après Pâques, les mesures de contention du virus se relâcheront. Mais est-ce bien crédible – et souhaitable ? Pas sûr.

Les virologues, depuis plusieurs semaines, poursuivent leurs recherches sur des parties choisies de la population de Heinsberg. Ils testent le sang de ces Heinsbergeois sur des anticorps et examinent les autres aspects de l’étiologie de la maladie. Pour l’instant, on a affaire à des résultats partiels. Ceux-ci montrent que maintenant, la mortalité dûe au virus dans la ville est 5 fois moindre que pour l’ensemble de l’Allemagne, que 15 % des personnes testées fabriquent des anticorps contre le virus, et que l’épidémie s’éteindra d’elle-même quand environ 60% de la population aura été immunisée.

Les résultats de ces tests soulèvent cependant des problèmes : des problèmes à la fois scientifiques et politiques. Les deux domaines s’imbriquant étroitement, comme on sait…

La première question, c’est celle de la fiabilité des tests de traçage des anticorps. Le fabricant en est une entreprise privée de Lübeck, Euroimmun, présente sur le marché médical. Et il n’existe pas de contrôle indépendant, public, de la fiabilité de ce produit ! Comment juger alors de la validité des tests effectués ?! Et malheureusement, il semble que des falsifications se sont produites. L’un des aspects du problèmes état qu’il n’est pas certain que le test reconnaisse exclusivement les anticorps qui combattent le COVID-19 ou simultanément d’autres coronavirus (le COVID-19 n’étant qu’un coronavirus parmi d’autres) beaucoup moins redoutables.

Fâcheux, n’est-ce pas ! Et en cas d’échec, l’économie libérale, qui tient tant à assurer à de telles entreprises leur part de marché bien davantage que la santé pour des millions de personnes, portera une lourde responsabilité. Qui sera celle du Land et celle de l’Etat fédéral.

La deuxième question, c’est : qui finance le battage médiatique considérable et la société de public relations qui l’épaule vigoureusement, et pourquoi cette absence de transparence qu’on ne peut que constater ? Dix collaborateurs de la Storymachine, une société de public relations que mène entre autres un ancien rédac’chef de la Bild Zeitung (!) , informent le public sur les travaux des scientifiques à Heinsberg, et cela sous l’intitulé «  Protocole de Heinsberg ». Qui finance cette opération ?

L’entreprise de PR affirme que ni l’Etat fédéral, ni l’Université de Bonn n’y sont financièrement partie prenante. Le SPD, qui a posé la question, a obtenu pour réponse que le Land NRW avait octroyé 65 000 euros pour les tests et la rétribution d’étudiants auxiliaires. Mais… pour ce qui est de l’information bien lustrée et filtrée que nous livre Storymachine ? Mystère !

Qu’en pense Armin Laschet, ministre président CDU du Land et peut-être bientôt candidat au poste de chancelier fédéral ? Pourquoi ne pas pousser l’interrogation plus loin ? C’est ce que fera l’opposition, du moins nous l’espérons, pour le bien et la santé des citoyens. D’autant plus que es recherches et la minière dont elles sont menées serviront d’exemples pour toute l’Europe, voire pour le monde entier.

 

 

2 Kommentare zu COVID-19 : un état des recherches en Allemagne

  1. Un laboratoire allemand qui developpe un potentiel vaccin contre le coronavirus serait courtise par les Etats-Unis avec d’importantes ressources financieres, pour s en arroger l exclusivite. L Allemagne riposte.

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