Covid : chacun pour soi…

Chaque pays « tricote » ses mesures sanitaires (ou leur abolition) et l’absence de toute harmonisation de ces mesures, rend un vrai combat contre la pandémie presque impossible.

Même après presque deux ans, les états européens refusent de combattre la pandémie ensemble - à se prendre la tête. Foto: Sakhaa24 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Il n’y a pas deux pays en Europe qui combattent la pandémie avec les mêmes mesures. Pourtant, il s’agit de la même pandémie, du même virus, de la même menace, mais l’efficacité de ce combat est anéantie par l’absence de toute concertation. Au bout de bientôt deux ans de pandémie, les décideurs politiques n’ont toujours pas compris qu’on ne peut pas combattre une pandémie (par définition mondiale) avec des mesures ou mesurettes locales.

Ces prochains jours, les Pays-Bas et la Norvège abolissent les mesures sanitaires, comme le port du masque, en les remplaçant par un « pass sanitaire », comme si un bout de papier ou un morceau de logiciel pourrait endiguer la propagation d’un virus qui s’attaque autant aux personnes vaccinées que non vaccinées. Dans d’autres pays, on penche vers un « allègement local » du dit « pass sanitaire », dans d’autres pays, on continue à appliquer les règles en vigueur depuis de longs mois.

Pourtant, depuis le temps, tout le monde devrait avoir compris qu’on ne peut pas combattre un phénomène mondial par des mesures locales qui, dans le meilleur des cas, ne pourront donner qu’une prise de vue instantanée, avant que la situation se dégrade à nouveau. Est-ce que l’ambition politique invalide le travail des scientifiques ? Chaque chef de gouvernement veut se présenter comme celui qui a battu le virus, chaque gouvernement veut prouver qu’il gère mieux la pandémie que les autres et cela – ne peut pas fonctionner.

Même après deux ans, l’Europe est la grande absente dans le combat contre la pandémie. Pourquoi est-ce qu’il n’y a pas d’harmonisation des mesures sanitaire à travers toute l’Europe ? Pourquoi on refuse la concertation sur ce qu’il convient de faire ? Pourquoi on n’agit pas ensemble ? Bien sûr, la réponse est toujours la même et cette réponse est totalement inadaptée lorsqu’il s’agit de combattre une pandémie : « La santé relève de la compétence des états-membre ». Actuellement, la santé publique relève davantage de l’incompétence des états-membre et cela empêche de vrais progrès dans cette lutte contre un ennemi commun, le virus et ses variants.

Il est vrai que selon les traités, la santé et sa gestion incombe à chaque état-membre. Mais cette règle, feuille de figuier de Bruxelles, a été établi à un moment où personne ne pensait qu’on pourrait se retrouver dans une situation comme cette pandémie. Ne pas agir ensemble contre un tel ennemi parce qu’un jour, des fonctionnaires ont pondu des textes qui ne prévoyaient pas une telle situation ? Cette attitude revient à un dépôt de bilan de l’Union Européenne.

Dans une Europe de la mobilité, l’idée qu’une amélioration ponctuelle dans un pays puisse signifier la sortie de la pandémie, est presque ridicule. Pour qu’une amélioration locale puisse être pérennisée, il faudrait fermer hermétiquement et sans exception la région en question, plus personne ne sort, plus personne n’entre, ni des travailleurs, ni des livreurs, ni la circulation routière, ferroviaire etc. Ce qui, dans la pratique, est tout bonnement exclu.

Mais à quoi servent ces mesures, par exemple dans les régions frontalières, lorsqu’il suffit de faire quelques kilomètres pour les contourner (tout en assurant par ce biais, la diffusion et la mobilité du virus) ? Pourquoi est-ce qu’il est impossible depuis deux ans, de harmoniser au moins les mesures dans les régions frontalières ? Pourquoi les services de santé n’expliquent pas la nature d’une pandémie aux décideurs politiques ?

L’absence d’une harmonisation des mesures au niveau européen, est le garant de la pérennisation du virus. A un moment où les virologues estiment qu’une immunisation collective relève de l’impossible, à un moment où l’efficacité des vaccins contre les nouveaux variants est limitée, il serait d’autant plus important que tous les pays européens appliquent les mêmes mesures. Mais si dans un pays, on abolit le port du masque, tout en le maintenant ailleurs, il est évident que le virus continuera à circuler avec les gens qui se rendent d’un pays à un autre.

Deux ans, sans que l’Union Européenne n’ait réussi à opérer une quelconque harmonisation des mesures. Si on voulait garder ce virus ad eternam, on ne pourrait pas faire mieux.

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