Covid long : ça urge !

La recherche a énormément progressé dans les domaines de la vaccination et des thérapies pour les formes aiguës du Covid-19. Il devient alors urgent de s’attaquer à la prise en charge des formes longues.

L’Hôpital Universitaire Germans Trias i Pujol à Badalona, en Catalogne. Foto: Matodaju / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Faisant, il y a un an, la une de l’actualité pour ses formes aigües très graves, et parfois même foudroyantes, le Covid-19, aujourd’hui mieux connu et donc mieux soigné, interpelle par sa forme dite longue. Ou plus exactement ses formes longues, tant les déclinaisons de cette chronicisation de la pathologie sont-elles variables et méconnues. Ainsi en France, n’entre-t’il pas encore dans la catégorie des affections de longue durée (ALD), prises en charge à 100% par la Sécurité Sociale.

Mais en mars dernier, les autorités sanitaires françaises ont fait un premier pas, en reconnaissant le Covid-long comme une pathologie à part entière. Ceci notamment grâce à l’intervention d’acteurs du monde associatif, tel #ApresJ20 – Association Covid Long France, mais aussi aux remontées du terrain venant des professionnels en première ligne.

Sans avoir forcément développé une forme grave de la maladie, ces patients voient s’installer dans la durée des symptômes handicapants, tels que fatigue persistante, troubles cognitifs, céphalées, douleur et oppression thoracique, tachycardie, dyspnée, toux, des troubles de l’odorat et du goût. Ce à quoi s’ajoutent fréquemment des douleurs diffuses, des troubles digestifs et cutanés.

Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), plus de 50% des personnes ayant développé le Covid-19, présentent encore au moins un de ses symptômes initiaux 4 semaines après le début de la maladie, et plus de 10% à 6 mois de distance. D’après une étude de la revue médicale britannique The Lancet, 76% des patients touchés par le Covid-19 ont au moins un symptôme qui persiste 6 mois après le début de la maladie.

Il apparaît ainsi comme une évidence que cette pathologie infectieuse virale très contagieuse a un côté bombe à retardement pour ceux qui la développent. Donnée dont la recherche médicale et les politiques de santé publique doivent absolument tenir compte, tant au niveau national qu’européen et même mondial. Autant est-il important d’affiner les protocoles thérapeutiques et de développer la vaccination, autant est-il nécessaire de ne pas laisser au bord du chemin, les personnes souffrant de formes longues de la maladie.

En Espagne, pays où les chercheurs documentent depuis 2020, les effets prolongés de la maladie, certaines initiatives sont du plus grand intérêt. A Badalona, au Nord de la Catalogne, une unité de soins a été crée dans le service de pédiatrie de l’Hôpital Universitaire Germans Trias i Pujol. Elle accueille les jeunes atteints de Covid long. Selon María Méndez Hernández, la responsable de l’unité pédiatrique des pathologies infectieuses interviewée par Euronews, les répercussions neuropsychologiques de la maladie sont particulièrement préoccupantes.

Lorsque des jeunes ont des difficultés à suivre les cours, peinent à se concentrer, parfois même ne peuvent plus retourner en classe, cela n’est pas de bon augure pour leur avenir. A Barcelone, Antonia Enseñat Cantallops, cheffe du service de neuropsychologie de l’Institut Guttmann, veut rester confiante et pense que les jeunes finiront par se rétablir, mais beaucoup de questions restent aujourd’hui sans réponses.

En Février, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a organisé un premier séminaire virtuel consacré au covid long, afin de définir précisément la maladie, lui donner formellement un nom et harmoniser les méthodes d’étude. Les données ne manquent pas, mais il faut maintenant les assembler de manière cohérente. Dans un entretien réalisé par l’Agence France Presse (AFP), la docteure Janet Diaz, en charge du dossier à l’OMS, incite les patients à ne pas perdre espoir. Les symptômes peuvent persister durant une longue période, mais leur issue est la guérison.

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